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Critiques de Marcos Prior (10)
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Phagocytose

Fabriqué en Chine, pensé en Europe.

Ce slogan est le fil conducteur de ce roman graphique hétéroclite tant dans les récits proposés que dans les dessins, d’où sans doute une explication pour le titre qui reprend le concept de se regrouper pour ingérer des parcelles d’histoires étrangères. ; vous aurez compris que les différents scénarii n’ont ni quête ni tête.
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The Grand Abyss Hotel

Ce tome contient une histoire complète, initialement parue en Espagne en 2017. La présente édition correspond à la traduction en anglais, publiée aux États-Unis, la première fois en 2019. Il s'agit d'une bande dessinée en couleurs, en format à l'italienne. Elle a été écrite par Marcos Prior, dessinée, encrée et mise en couleurs par David Rubín. L'ouvrage s'ouvre avec une citation de Manuel Saristán qui explicite le titre du récit : Adorno, comme en théorie les pessimistes de gauche, vit dans le grand hôtel Abysse. C’est-à-dire un abysse qui est en fait un hôtel de luxe dans lequel chacun peut tout avoir, servi avec luxe.



Prologue : chambre 307. Un homme costaud est en train de faire des pompes devant un poste de télévision en écoutant différentes émissions. Les écrans de plusieurs chaînes avec leurs présentateurs, journalistes, animateurs s'entremêlent, pendant qu'un bandeau de texte défile sous eux. Ils évoquent par bribes entrecroisées des mesures d'austérité comme diminuer les frais de santé, des coupes dans le budget de l'éducation, la nécessité d'être créatif pour faire plus avec moins, l'augmentation du coût de l'électricité, l'image de la ville que donne la grève des éboueurs, la réforme du droit de grève, le risque de faillite du système de retraite, la mise en service d'une nouvelle monnaie Bittercoin qui rendra les paradis fiscaux obsolètes, pendant que les bandeaux évoquent des divertissements de masse. Le grand costaud est passé à soulever des haltères pendant que les interventions continuent sans interruption. La nécessité de prendre une assurance retraite supplémentaire. La demande du pape Anaceltus II que les assurances maladies ne remboursent plus les frais d'avortement. Les projets de privatisation de production et de distribution d'eau continuent. La croissance se stabilise à 0%. Les entreprises ne font pas de bénéfice, mais engrangent d'excellents résultats en bittercoin. Le groupe des entrepreneurs sans complexe se félicite de leur réussite. Le sentiment d'hostilité vis-à-vis des migrants va croissant. Restructurations. Licenciements. Croissance modérée des salaires.



Chapitre un : l'animateur. Au beau milieu de la mégapole, autour du parlement, la foule de manifestants s'est massée. Tout autour du bâtiment, la police a installé un cordon de sécurité avec des agents en tenue anti-émeute, et des tireurs d'élite sur le toit. Le peuple est en colère contre le gouvernement qu'il traite de Mafiocratie, indiquant qu'il meurt du fait du chômage et des salaires insuffisants. Le grand costaud a mis un masque de catcheur rouge. Il fend la foule des manifestants en hurlant, et saute par-dessus les barrières de sécurité. Il s'élance vers les policiers. Ceux-ci lâchent les chiens qui bondissent sur lui. Il les arrête en les prenant à la gorge, et il reprend son avancée. Il est frappé par les matraques, il répond avec de grands coups de pied. Il reçoit un coup de matraque en pleine mâchoire, et il perd plusieurs dents. Il se jette ensuite sur les robots. Il est finalement maîtrisé et roué de coups. Puis il est jeté dans un fourgon. La foule a tout vu et elle se calme consternée. Le grand costaud s'est calmé lui aussi et il sourit. Il appuie sur une commande manuelle, et une énorme explosion se produit, occasionnant des dégâts de grande ampleur. Il en profite pour prendre la fuite.



S'il a déjà lu des bandes dessinées de David Rubín comme Ether de Matt Kindt, le lecteur se retrouve très surpris car il fait un usage libéral de l'infographie pour les couleurs. Cela donne un aspect un peu futuriste, très coloré, avec des effets spéciaux en particulier pour les flammes et pour les textures. Le résultat impressionne par la manière dont il permet de faire perdurer la sensation de feu durant la plus grande partie du récit, que ce soit du fait d'un incendie, ou de l'ambiance lumineuse. Cela rappelle tout du long la colère enflammée du grand costaud. Il faut un peu de temps au lecteur pour saisir la nature du prologue : des bribes de discours socio-économique et culturel qui ne se répondent pas forcément, avec ces écrans de télé et ces intervenants filmés de face en plan serré. Bien sûr, il reconnaît des éléments de discours récurrents auxquels il s'est habitué que ce soit l'austérité et les coupes dans le budget de l'état, ou la nécessité vitale de préserver la croissance et donc la santé des entreprises. Les visages ne sont pas très expressifs, des professionnels maîtrisant leur image, adoptant l'attitude attendue d'eux. En fonction de sa sensibilité, le lecteur y voit un état des lieux plus ou moins orienté, une représentation tronquée, avec une sélection partiale. S'il a une culture comics, cela peut lui rappeler à la fois les écrans de télé dans The Dark Knight Returns de Frank Miller, à la fois le mur d'écrans d'Adrien Veidt dans Watchmen d'Alan Moore et Dave Gibbons.



L'action commence donc dans le chapitre un avec ce coup d'éclat, cette action de résistance et même de révolte contre le pouvoir en place, lors d'une manifestation. La séquence s'ouvre avec 10 pages muettes extraordinaires. Pour commencer 3 pages avec trois cases de la largeur de la page qui est toujours en format paysage. L'artiste ne triche pas : il y a des informations visuelles dans toute la largeur de ces très longues cases, permettant au lecteur de mesurer l'étendue de la foule, la compacité du cordon formé par les forces de l'ordre, la répartition des tireurs d'élite sur le toit du parlement. Puis le nombre de cases augmente au fur et à mesure des pages pour montrer l'avancée en force du costaud dans les rangs de la police, avec des inserts pour montrer l'impact des coups, pour finir avec une composition en double page où l'explosion sur celle de droite fait voler les cases en arrière sur la page de gauche. Quelques pages plus loin, le lecteur arrive à une autre composition en double page, cette fois-ci devant être tournée d'un quart de tour pour tenir l'ouvrage en longueur et lire les tweets comme s'ils défilaient sur un écran. Puis les commentaires reprennent de plus belle, mais cette fois-ci plus uniquement confinés aux organes de communication institutionnels, avec les réactions sur les réseaux sociaux de tout à chacun.



Le début du chapitre deux prend le lecteur au dépourvu : deux pages composées chacun de deux rangées de 6 cases noires rectangulaires de la même taille. Puis l'artiste tire parti de la bordure des cases pour rendre compte de la sensation d'enfermement de J.L. Mancini, dans un appartement dont les fenêtres sont murées, et la porte condamnée. Il s'agit d'une expérience d'un genre un peu particulier pour qu'il essaye de vivre avec le minimum vieillesse, lui qui est le président du comité d'experts chargés de préparer un rapport sur la capacité à maintenir les pensions de retraite. Un incendie de grande ampleur se propage tout du long du chapitre trois et l'artiste adapte à nouveau son découpage de page pour mieux rendre compte du déplacement rapide des véhicules d'intervention des pompiers, des flammèches présentes dans l'air, de l'affrontement entre les services de secours (sic) avec des cases de travers. Bien évidemment, les pompiers disposent d'outils numériques leur permettant d'examiner les victimes et les habitants encore enfermés dans leurs appartements, et le dessinateur superpose des grilles d'analyse et des mires sur les visages, en utilisant l'outil numérique de façon aussi logique qu'appropriée. Le scénariste joue avec l'idée que les pompiers ont accès aux informations personnelles des personnes à sauver de l'incendie, ce qui leur permet d'être plus rationnels et plus efficaces d'un point de vue médical (en fonction de leur dossier), mais aussi de pouvoir établir un ordre de priorité sur d'autres critères, comme par exemple l'utilité présumée de la personne pour la société. Rubín conçoit encore d'autres mises en page pour le dernier chapitre, afin de coller au plus près à sa nature.



Tout doute est donc vite levé : les auteurs sont plutôt du côté du peuple, que du côté de la rentabilité économique. Le lecteur se souvient peut-être de la crise économique espagnole de 2010-2012, et il sait d'où vient la colère du grand costaud, et l'engagement de ce récit. Le prologue est d'une efficacité redoutable en accolant des bribes d'informations sous forme de phrases devenues récurrentes dans les journaux, des leitmotivs acceptés comme des vérités. Les rapprochements de plusieurs évidences en surface permettent de rappeler que le capitalisme ne connaît qu'un seul objectif, le profit, auquel toutes les ressources doivent être consacrées, les ressources humaines comme les autres, et systématiquement au prix le plus bas. Il est bien sûr difficile voire impossible de s'imaginer comment lutter contre une telle force systématique capable de tout dévorer sur son passage, de tout récupérer pour son profit. Pourtant ce récit n'est pas celui du désespoir, ni d'une lutte flamboyante mais futile. Marcos Prior déroule son récit sur les conséquences de l'attentat contre le parlement, en le nourrissant des commentaires attendus, mais aussi d'éléments aussi surprenants qu'un commentaire sur la perspective dans le tableau La lamentation sur le Christ mort d'Andrea Mantegna (1431-1506). Il ne fait ni dans le défaitisme, ni dans l'angélisme.



Cette bande dessinée se présente de manière originale : en format à l'italienne avec des pages qui font la part belle à l'infographie apparente par-dessus les contours délimités avec des traits encrés. La narration utilise également les outils de communication des réseaux sociaux et de la télévision omniprésente, comme l'ont fait d’autres avant, et avec un regard très conscient de la nature intrinsèquement manipulatrice de ces outils. Ainsi les auteurs évoquent avec sophistication la prise en otage des démocraties par le capitalisme qui n'a que faire des individus, en rappelant que les décisions favorisant le profit ne se prennent pas toutes seules par magie, et qu'il existe des individus qui doivent être tenus pour responsable, et qui peuvent être mis en accusation.
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Potlatch

J’avoue avoir été attiré par le dessin ainsi qu’une mise en scène assez inventive. Cependant, au final, je me suis complètement perdu, au point de ne pas avoir compris l’histoire de ce jeune détective privé catalan souffrant d’hypermnésie.



Il est question d’un piège lors d’une émission de télé-réalité où il va tomber amoureux. Il engage alors un de ses confrères pour espionner sa dulcinée afin de mieux la séduire.



Les auteurs vont faire dans la bd concept à outrance. Tout sera décortiqué dans les moindres détails, rendant cette lecture assez pénible. Tout est fragmenté à la manière d’un puzzle qu’il sera difficile de reconstituer. J’ai lâché prise.



On retiendra surtout une grande beauté graphique de cet ouvrage qui ne m’a pas convaincu sur le fond.
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Phagocytose

Voici encore une une bd qui critique très amèrement notre société de consommation. Il convient d'être un adepte de ce cher Karl Marx qui campe son personnage dans cette œuvre à l'assaut des Marx Donald du monde entier.



Certes, cette critique qui tape sur le culte de l'argent peut faire des adeptes parmi un certain public altermondialiste. En ce qui me concerne, le style graphique m'a paru assez rebutant malgré quelques effets de style recherché façon pub américaine.



C'est au final une parodie un peu absurde parmi tant d'autres où les X-Men deviennent les X-Perts du libéralisme à outrance. J'ai eu beaucoup de mal à cette lecture que je n'ai pas trouvé très drôle même si certaines idées ou métaphores peuvent paraître assez pertinentes. Je suis resté à la fin quand même assez perplexe sur cette démonstration.
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Potlatch

C’est un titre bien original qui vient de paraître du côté des Editions Ca et Là. Potlatch de Marcos Prior et Danide, c’est l’histoire de Maximo Pérez, un détective privé barcelonais atteint d’un mal peu connu et pourtant bel et bien existant, un dérivé rare de l’hypermnésie : l’hyperthymésie. Vous ne savez pas de quoi il s’agit exactement ? Vous vous demandez comment faire une bonne BD avec un tel sujet ? Lettres it be répond à (presque) toutes vos questions dans les lignes qui suivent.





# La bande-annonce





Maximo Pérez, un jeune barcelonais, souffre d’hyperthymésie, forme très rare d’hypermnésie. Il se souvient de tous les événements qui ont ponctué sa vie, sans en oublier aucun détail et se remémore en permanence ces souvenirs, à son corps défendant... À l’occasion d’un traquenard organisé par un ancien ami, Maximo rencontre une jeune femme, Claudia, dont il tombe sous le charme. Maximo, qui travaille dans une agence de détectives privés, demande alors à l’un de ses collègues d’espionner Claudia afin de mieux la séduire. Il parvient à ses fins et au cours d’un repas, lui qui vit entouré de souvenirs et de collections en tous genres, est marqué par une déclaration de Claudia : "les choses que tu possèdes finissent par te posséder"...





À l’image du cerveau de Maximo, le récit multiplie les va-et-vient entre différentes périodes, sollicitant la sagacité du lecteur qui devra lui-même reconstruire l’intrigue dans l’ordre chronologique. Un ouvrage réalisé à quatre mains, où la bande dessinée devient un véritable jeu narratif et visuel.





# L'avis de Lettres it be





« […] la personne souffrant d'hyperthymésie se plaint de ne pouvoir oublier ses souvenirs. » Ce morceau de phrase volé du côté de chez Wikipédia suffit à prendre la mesure de l’intrigue de cette bande dessinée surprenante à bien des égards. Les deux hommes, Danide au dessin (Daniel Deamo de son véritable sobriquet) et Marcos Prior au scénario se sont donc amusés à s’immiscer dans le quotidien d’une personne qui, véritablement, se rappelle de tout, partout et tout le temps. Une personne qui se rappelle de trop, pourrait-on dire.





L’intrigue n’a rien d’extraordinaire, en vérité : notre homme, Maximo Pérez Gil, est terriblement amoureux. Tellement qu’il s’engage en tant que détective privé pour suivre les moindres faits et gestes de sa dulcinée. Sauf que tout cela serait parfaitement normal (ou pas), si notre « Max » n’était pas hypermnésique au possible. Une intrigue qui avance donc paisiblement jusqu’à la fin tant attendue quoique connue dès la ligne de départ : ce potlatch de la part de notre héros.





Petit définition : Le potlatch (chinook : donner) est un comportement culturel, souvent sous forme de cérémonie plus ou moins formelle, basé sur le don. Plus précisément, c'est un système de dons / contre-dons dans le cadre de partages symboliques. L'essence du geste étant non marchand par essence, il n'est pas convenable de l'appeler échange.





Le dessin plutôt lissé aux tons chauds reste assez quelconque. Mais de petites trouvailles visuelles et scénaristiques viennent largement égayer la lecture : ces logos de différentes marques qui se posent un peu partout, ces cases pleines de didascalies en tous genres pour venir compléter le récit et ce qui est présenté, cette chronologie complexe mais qui ne manque pas d’intérêt, les différentes alternances entre les personnages, les changements brusques de couleurs, ces documents qui s’intègrent ni vu ni connu au beau milieu des pages etc. Tout cela donne à l’ouvrage un ton léger et qui fait entrer le lecteur dans sa lecture du début jusqu’à la fin. Pari réussi.





Toute la chronique sur le blog de Lettres it be


Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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Phagocytose

Dans un style léché, jouant sur les fonds de couleurs, les trames, les imitations de vieux papier ou de page web, Phagocytose est un condensé d’humour absurde et ironique. Parfois très juste, souvent un peu facile, toujours très militant. Mais assurément atypique et opportun par les temps qui courent.
Lien : http://www.bodoi.info/phagoc..
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Grand hôtel abîme

Un message simpliste et assez limite, pour une BD qui semble survoler son sujet en empilant des poncifs de la dystopie et de la critique du monde contemporain.
Lien : http://www.bodoi.info/grand-..
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Grand hôtel abîme

Le concept de l'album est très intéressant et son traitement amène beaucoup de questions, de débats en devenir. Mais je trouve que ça manque quelque peu d'impact globalement, de cette cohérence d'ensemble qui pourrait définitivement transcender le propos.


Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Potlatch

Au puzzle narratif évoqué précédemment vient donc s’ajouter un puzzle visuel, les deux se confondant et se renforçant mutuellement au fil des pages.
Lien : http://www.actuabd.com/Potla..
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Potlatch

Avec son design influencé par un style américain des sixties et sa narration habile, Potlach commence par intriguer.
Lien : http://www.bodoi.info/potlat..
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