― Merci beaucoup, le salué-je. Pour tout ! Vous n’étiez pas obligé de me couvrir auprès de mon amie. Surtout après la façon dont je vous avais harcelé pour obtenir cet appel.
― C’est tout naturel. Il va de soi que vous n’auriez pas eu besoin de me persécuter, si votre requête avait été plus claire dans un endroit pareil...
Il esquisse un sourire et me désigne quelque chose derrière moi. A priori, un portemanteau en forme de… pénis ?
Quelle horreur !
Lorsque ce truc immonde se met à bouger, je me fais assourdir par mon propre hurlement et viens me cramponner à Gaziel. Cet idiot pleure de rire plutôt que d’être scandalisé par la présence de ce misérable truc ambulant.
Le sexe ne m'a jamais dégoûtée. Au mieux, il m'inspire de la curiosité. Au pire de l'indifférence.
Je n'éprouve pas plus de désir pour Sam que pour un autre. Et pourtant, il a ce je-ne-sais-quoi qui ne me rend pas insensible.
Et dire que les programmateurs ont osé nous infliger les courbatures, les points de côté, la sueur, la soif, la migraine et les ampoules... Quand on sortira de ce pétrin, je jure de traquer tous ces tortionnaires pour leur faire bouffer les touches de leur foutu clavier - celui à partir duquel ils ont codé toutes ces conneries -, une par une, par tous les orifices. J'insiste sur le dernier point.
Mon expression l'incite à se fourrer son chantage à la mords-moi-le nœud dans une zone de son anatomie encore inexplorée.
– Mon pauvre petit, je crains qu’enfiler une bague au doigt de ma fille ne signifie pas qu’elle acceptera de se faire enfiler, poursuit ma mère sans le moindre détour. Droit de cuissage ou non. Mon propre mariage en est la preuve. Je l’aimais assez pour rester. C’est tout ce que je vous souhaite.
Je vais aller à l’essentiel, Mily.
Elles ont assuré leurs arrières en t’effaçant la mémoire. J’écris ce livre pour rétablir les choses. Parce que c’est important. Et parce que je ne laisserai pas l’amnésie sévir une deuxième fois chez toi.
Chez moi.
Chez nous.
Je ne sais pas ce qui me retient de prendre le kiwi qu'elle a sans doute estimé trop mûr à son goût (oui, elle l'a tâté dans tous les sens pour finalement le laisser), pour le lui balancer en pleine tête. Le fait que je ne sache pas viser, sûrement.
― Merde ! Désolé, peste-t-il contre lui-même. Il s’empare de Polochon pour cacher le mat sous la grand-voile, à toute vitesse.
― Ça vaut combien d’infractions, ça ? fais-je mine d’être scandalisée. Le fait de rougir et glousser à la fois me rend peu crédible.
― Aucune. Ce n’est pas quelque chose que je peux contrôler.
― Tu sais ce que je n’arrive pas non plus à contrôler, quand je vois ça ? Je le provoque en caressant mon doudou de façon très suggestive. Il suffoque et déglutit avec difficulté.
― Ce n’est pas Polochon qui m’intéresse, susurré-je. Mais...
Je vire ma peluche et murmure :
― Popolochon.
― Bon, après, temporise-t-elle, je ne suis pas non plus frigide.
Le sexe ne me révulse pas. Il m’indiffère.
Si les poupées gonflables pouvaient exprimer des pensées, elles auraient les miennes.
J’ai omis de préciser que ma femme travaille pour une enseigne très reconnue dans le vaste domaine de la mode. Sa fonction : « acheteuse ». Sa passion : acheter. Son plus gros problème : ses achats.