(...) ces médecins, le père et le fils, étaient partis en guerre, dans le journal ils écrivaient en croisade, contre l’alcoolisme ; on voyait régulièrement dans La Montagne des articles signés par eux qui parlaient de fléau, de ravages dans les campagnes, d’éradication, de cause sacrée (...) ; on racontait aussi qu’ils roulaient pour le cousin d’Aurillac et son service spécialisé qui ne risquait pas de manquer de clients, la Sécurité sociale avait bon dos, elle payait les traitements qui n’en finissaient pas, coûtaient bonbon et n’avaient pas l’air de servir à grand-chose à en juger par le nombre de poivrots du canton abonnés aux cures ; entre novembre et mars, ils allaient se faire désherber à Aurillac, on disait désherber et tout le monde comprenait, les gars passaient l’hiver au chaud à l’hôtel trois étoiles chez Grémanville, c’était le nom du cousin, ils ressortaient de là retapés récurés en grande forme et rattaquaient le canon aussi sec.