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Critiques de Marie Rose Moro (11)
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Avicenne l'andalouse

Dans ce bel essai hors normes, Avicenne n'est pas le philosophe persan du X-XIe s. mais l'hôpital universitaire de l'Assistance Publique de Paris, sis à Bobigny et inauguré en 1935 ; et « l'andalouse » n'est pas une danseuse de flamenco, mais un état d'esprit, que l'auteure associe à celui qu'elle imagine prédominant dans l'Andalousie arabe multiculturelle et pluri-confessionnelle, et qui anime la consultation de psychiatrie transculturelle dans le service de psychopathologie de l'enfant et de l'adolescent créée par Tobie Nathan au sein de cet établissement. Ceci est donc un essai d'ethnopsychiatrie et d'ethnopsychanalyse par l'une de ses praticiennes. Il se développe de manière très originale.

Une première partie s'intitule précisément « L'esprit d'Avicenne ». Après un rappel de l'histoire et des spécificités de l'hôpital, une première approche est abordée de la consultation transculturelle. Cependant, étant donné que le livre remonte à 2004, de longues pages sont ensuite consacrées à une actualité (de l'époque – mais seulement de l'époque ?) : la « question » du voile dans l'espace public français ; la loi relative est sévèrement critiquée, avec des arguments qui sont devenus depuis assez partagés par tous ceux qui s'y opposent. Cette partie se termine par une métaphore insolite du transculturalisme mis en parallèle avec la cuisine.

Suit un long récit autobiographique signé par le père de l'auteure et intitulé « Une vie de sacrifice et de peine, celle d'un homme d'honneur ». Isidoro Moro Gomez est un migrant que nous dirions aujourd'hui « économique » venu de Castille et installé dans les Ardennes, ayant exercé en France d'abord le métier de bûcheron. La singularité de ce récit est qu'il ne se limite pas à une biographie de la migration, mais il comporte la narration autant de l'avant que de l'après le voyage.

La troisième partie : « Ceux qui soignent : fragments de rencontres » regroupe dix présentations autobiographiques des thérapeutes de l'équipe, à commencer par l'auteure ; chacun, dans l'évocation de son parcours, suggère ce qui l'a conduit vers l'exercice de la psychothérapie transculturelle : pour la grande majorité, il s'agit d'une expérience migratoire personnelle ou familiale, mais l'auteure insiste bien que la migration n'est ni une condition nécessaire ni suffisante.

La quatrième partie : « Ceux qui consultent : fragments de rencontres » retrace, par l'auteure ou un co-thérapeute principal, le parcours thérapeutique de huit patients et de leur famille proche.

Suit une cinquième partie, plus courte mais très dense et sans doute la plus informative scientifiquement, intitulée : « Comment ? Le dispositif transculturel d'Avicenne ». Elle se compose de trois chapitres : « Un dispositif métissé et cosmopolite », « L'efficacité thérapeutique » et « Expérimenter la différence ». Même pour ceux qui connaissent par Tobie Nathan le fonctionnement de cette prise en charge, cet exposé apporte un aperçu général très clair et des notions ponctuelles d'un grand intérêt, par ex. par rapport à la fonction des langues et du traducteur dans la thérapie, ainsi que concernant le concept de « contre-transfert culturel », qui enrichit considérablement l'amplitude de la découverte fondamentale de la psychanalyse.

Les deux dernières parties, qui sont plutôt chacun un chapitre, sont plus fragmentaires : l'un s'intitule « Ailleurs », qui évoque très brièvement deux expériences que l'auteure a eu l'opportunité de conduire à l'étranger lors d'une brève rencontre ; l'autre s'intitule « De la clinique à la société », qui représente une sorte d'ouverture sociologique et philosophique de la pratique transculturelle à l'égard de la société tout entière, sous forme de « Un lien social à réinventer » et de « nouvelles formes de vivre ensemble » à « inventer » : des paroles ou un appel très évocateurs mais très peu développés ici, alors qu'ils le sont dans une abondante littérature spécialisée.

Dans ce développement très surprenant mais composé de parties toutes essentielles, toutes aussi précieuses l'une que l'autre, mon attention a toujours été affûtée, mes sens en éveil. Mais je déplore le nombre très important de dysorthographies et autres erreurs non corrigées. Je trouve simplement honteux qu'un ouvrage d'une si grande valeur ait été publié en l'état, sans prévoir le moindre budget pour un correcteur. (Je pense à l'étoile manquante dans ma notation et surtout à plusieurs proches à qui j'aurais aimé offrir ce livre pour Noël mais que ce défaut rebuterait).
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Grandir c'est croire

Quel est ce besoin de croire (à l'adolescence) « inhérent à la construction de la subjectivité » ? C'est un peu la réponse à cette question que le dialogue entre une pédopsychiatre, Marie-Rose Moro, et une psychanalyste, Julia Kristeva tente d'éclairer.



Pour comprendre le phénomène adolescent, pour comprendre toute sa complexité, tout ce qu'il produit d' « idéalité », de « radicalité », de « destructivité », et de « créativité », il faut d'abord tenir compte de la société dans laquelle évoluent les adolescents. Pour la psychanalyste, Julia Kristeva, « force est de reconnaître que ce besoin anthropologique universel n'intéresse guère notre société techniciste et gestionnaire qui prétend attribuer à chacun un rôle social dans la production économique et dans la reproduction en éjectant au « bord de la route » ceux qui ne s'adaptent pas, ne « matchent » plus. »

De l'autre côté, Marie Rose Moro précise que la condition adolescente ne peut pas être intelligible si nous ne tenons pas compte du "fait que notre société [est] laïque, rationnelle, matérialiste, (…) » Cela, bien entendu, « ne peut pas empêcher le besoin de croire des adolescents, mais elle peut l'exacerber. Dans la mesure où notre société - c'est bien plus fort en France qu'en Espagne, en Italie, ou en Angleterre - ne valorise pas le fait religieux et présente la laïcité comme une valeur de progrès, une avancée par-delà la religion, les adolescents qui aspirent à quelque chose de l'ordre de la spiritualité peuvent se sentir non reconnus dans leur aspiration et avoir besoin de conquérir et d'afficher avec force cette part de spiritualité qui vibre en eux. »



Ainsi, les pouvoirs publics pourront déployer tous les dispositifs possibles d'aide et de soutien, mais aussi de contrôle et de répression sur ce public vulnérable, ils n'ont toujours pas compris que les comportements à l'adolescence, notamment la part de radicalité (qui se transforme parfois en engagement radical, voire violent et destructeur), sont liés à une société qui les nie dans ce qui leur est essentiel: l'irrépressible volonté de grandir et de participer à un destin commun.

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Osons être parents !

Merci à Babelio et aux éditions Bayard de m'avoir envoyé ce livre. J'adore les opérations Masse critique de Babelio. Cela me permet de me pencher sur des livres inhabituels pour moi.

J'ai choisi ce livre en prévision du futur passage de ma fille (12 ans) dans le monde des adultes. Elle me pose déjà des questions sur la fameuse crise d'adolescence !! Alors je m'y prépare. Et je dois dire que ce livre à appaiser mes craintes. Il nous y est conseillé de rester parents tout d'abord sans forcément reproduire le schéma de nos parents, de ne pas avoir peur, de surtout rester cohérents dans nos attitudes. L'ado doit savoir qu'il peut compter sur nous. Une partie du livre est aussi consacré aux deuils que nous, parents, devons faire pour laisser partir nos chérubins. C'est plein de bon sens, mais cela fait du bien de se le rappeler.

De nombreux exemples jalonnent le discours de cette pédopsychiatre, qui me rassurent sur le fait que nos difficultés face aux attitudes de nos enfants doivent être partagées. Nous, parents, ne devons pas rester seuls face à notre désespoir de ne pas y arriver. C'est pourquoi, j'ai bien apprécié d'avoir les coordonnées des différentes associations qui peuvent nous aider, nous soutenir et nous conseiller dans les moments difficiles.

C'est un livre intéressant sur le sujet, facile à lire et finalement ni trop long, ni trop court. Que je garde précieusement afin de le relire dans quelques années et qui, je pense, m'aidera à garder la bonne distance avec mon ado !
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Parents en exil : Psychopathologie et migra..

Chaque culture a sa manière de materner, de prendre soin de l'enfant, de concevoir la parentalité et l'enfant. Quelles sont les difficultés propres à la migration ? (qui n'implique pas forcément un déracinement) ? Comment accompagner ces parents migrants et leurs enfants ? J'ai trouvé ce livre assez intéressant dans son approche où plusieurs soignants se regroupent avec chacun leur approche, leur propre culture d'origine (beaucoup ne sont pas d'origine française et parlent une ou plusieurs langues) pour aider les familles migrantes et faire le lien.
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Ados & suicide : En parler et se parler

Je suis déçue par ce livre. C'est bien comme introduction, pour commencer à réfléchir à la question du suicide chez les adolescents. Mais j'ai été très agacée par le manque de citation des sources "certains auteurs", "des études", "il a été montré que". Les auteurs sont peut-être parti du principe que leur nom suffisait en gage de confiance, je ne suis pas d'accord.

Certes, comme introduction cette lecture peut amener des pistes de réflexion. J'aurai alors aimé un peu plus de références dans la rubrique "pour aller plus loin". Des méthodes citées sans plus d'explication, "les groupes basés sur la DBT". Les citations de propos d'adolescents peuvent donner des éléments de compréhension aux adultes qui l'entourent, donc ça a son intérêt. J'aurai aimé plus de choses concrètes sur l'accompagnement de ces adolescents. Je vais aller regarder les sites internet cités dans la rubrique "pour aller plus loin", cela sera peut-être plus pertinent.
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Ados & suicide : En parler et se parler

Que l'on soit concerné de près ou de loin, je crois que ce livre a vraiment tout intérêt à être lu par les parents.

En effet, ce livre explique, de manière très accessibles, les mécanismes psychiques qui entrent en ligne de comptes dans les cas de suicides, tentatives de suicide et comportements suicidaires.

Un point est également fait sur les réseaux sociaux, les interactions sociales et l'environnement dans lequel évoluent les ados. Ce qui permet de bien situer les choses.

C'est un livre très court (122 pages) qui se révèle être une mine d'infos très bien documentée.
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Et si nous aimions nos ados ?

Pas un roman, pas un manuel moralisateur, mais un retour d'expérience et des conseils distillés avec prudence et empathie par une grande professionnelle. Un petit livre qui peut aider quand une situation de détresse surgit sans crier gare, et qui peut, qui sait, déclencher l'envie de demander de l'aide. A découvrir ou à faire connaître, lorsque le besoin ou le questionnement s'invitent à la "table" familiale.
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Osons être parents !

Documentaire reçu lors de la masse critique, je l'ai trouvé agréable à lire. Il est court et la typographie est aérée. L'auteure, pédopsychiatre et psychanalyste, guide les parents dans le difficile métier d’élever un adolescent. Elle souligne que l'adolescence de nos enfants ravive des émotions, des souvenirs, des rêves, consciemment ou non et que c'est une période existentielle intense pour les parents ! De nombreux divorces ont d'ailleurs lieu à cette période, quand nos adolescents s'éveillent à la sexualité et ravive celle de leurs parents.

L'adolescence est une période de deuil pour les parents : leur enfant ne fera jamais ingénieur ou danseuse étoile. C'est également la période où les adolescents sont particulièrement proches de leurs amis et moins de leurs parents. Les adultes doivent faire le deuil de la proximité et de l'intimité qu'ils avaient avec leurs enfants. L'auteure souligne aussi que c'est au moment où ils ont le plus besoin d'autorité qu'ils la conteste le plus. Aux parents de ne pas baisser les bras et de rester ferme sur leur valeur. En définitive, Marie Rose Moro donne des conseils sur la meilleure façon d'éduquer les adolescents et rassure les parents qui se sentent souvent isolés pour discuter de leurs difficultés.
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Osons être parents !

Très facile à lire même si c'est plutôt style pavé.

Les différents chapitres sont quand même différenciés.



C'est clair et précis et ça aide vraiment a déculpabiliser.

J'ai beaucoup aimé son approche simple et direct.



Le livre est vraiment fait pour les parents qui comme moi on tout donné pour leurs enfants pendant 10 ans et qui se trouve démunis quand les copains prennent "notre" place.

Dur dur !!

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Ados & suicide : En parler et se parler

Je ressors un peu sceptique de cette lecture pourtant intéressante. Elle permet effectivement d’avoir une vue d’ensemble de la problématique et surtout, et c’est un point que j apprécie, elle part de cas concrets et de témoignages de jeunes qui traversent ou ont traversé une période difficile. L’analyse de ses témoignages nous permet d’avoir différents points de vue et d’aborder différentes questions ou réactions à avoir quand on est confronté à ce problème. En tant que prof, ce livre apporte des perspectives intéressantes.

Le danger serait de rester enfermer dans ce cadre. Un cas n’est pas un autre et parfois, à commencé par le résumé, on a l’impression que les auteurs cherchent à faire coller chaque situation à un modèle prédéfinis. C’est le danger de ce genre de livre. Mais j’ai apprécié ma lecture
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Osons être parents !

L’adolescence est souvent synonyme de changements, de conflits, de remises en cause,… Etre parent d’adolescent demande une solidité intérieure et une autorité certaine.

Loin d’user d’un ton docte, pessimiste, voire moralisateur, Marie Rose Moro offre un vrai tête à tête entre elle et son lecteur. Le ton y est amical, on a l’impression de la voir, de l’entendre. On se surprend même à répondre à ses questions.

L’auteur nous aide à mieux comprendre cette étape redoutée et souligne, avec une grande justesse, qu’il s’agit également d’une période de transition pour les parents : « tout parent d’adolescent traverse lui aussi une période délicate ». Cette verbalisation de cet état que l’on ressent en tant que parent, mais que l’on ne sait exprimer, m’a profondément touchée.

Au fil des différents chapitres, Marie Rose Moro donne des outils pratiques et concrets qui permettent un constat : l’adolescence de nos enfants n’est pas une impasse !

Une lecture passionnante qui réussit à redonner aux parents d’adolescents l’énergie et la confiance en l’avenir.

Un livre à mettre en toutes les mains !

« A nous, parents, de continuer à faire de bons rêves.

rêvons pour nos enfants, croyons en eux, et en nous. »
Lien : http://www.espritlivres.kara..
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