ENVISAGER LA MORT permet d'entreprendre les transformations visant à l'améliorer. En enfermant les gens atteints de maladies cognitives, en les gardant couches et souf-frants, immobiles entre quatre murs in-quiets, n'ignorons-nous pas notre propre sort en tant que vivants? La maladie génère un profit pharmaceutique et la mort est retardée le plus longtemps possible, au détriment de celui ou de celle qui endure.
Nous gardons les malades dans cet état di-minué, dépendants et sans dignité, afin d'extirper d'eux tout ce qui en reste. Nous avons pourtant développé une technologie ainsi qu'une pharmacopée impression-nantes, accompli de prodigieuses avancées médicales, créé des médecines naturelles et expérimentales — et pourtant nous avons prospéré en sens inverse d'une acceptation de notre sort.
Choix louches
dans quel but je m'étends
avec un gars aux minuscules mains qui aime la musique celtique (?)
alors que chez moi
il y a des tonnes de livres sur les fantômes
que je n'ai pas encore lus
au bar
elle dit n'importe quoi
se raconte jusqu’à l'épuisement
sa salive devient miel perfide
elle est cette femme
au visage bleui
qui ne gagne jamais
trèfle cerise
sept
cloche
pique
à peine arrivée
elle n'a pas
le souffle pour cette deuxième chance
le quotidien la happe
l'écorche
la traîne poignardée sur cent mètres
non pour elle le contrat ferme
rien n'est possible
signé noirceur