Une fleur t'appelle
dans le jardin de solitude
Tu te penches sur elle
et donnes tes yeux
à la couleur de l'instant
Tu la pares d'un nom
plus doux que la douceur
afin de préserver
cet espace entre vous
Tu te penches sur elle
elle avale ton ombre
et s'ouvre à ta pensée
(" Cinq roses pour ton jardin")
Tu entres
au coeur de l'espace
comme dans un nid
où tu poserais les ailes
Un duvet de rose
à tes pieds
pour te consoler
du poids de la terre
Et toujours
autour de toi
cette douceur de l'air
qui te dit
que toute chose
est habitable
ici-bas.
(" Le temps d'ici")
Une goutte est la mer
un éclat tout le soleil
Le jour est tout le jour
pour qui avance
le corps léger
Les pas renouent
les fils du paysage
en quête de pierres
et de lumières oubliées
Les prés se donnent
comme autrefois
le velours d’une robe
Du plus loin
ou du plus proche
l’œil remonte
à la source.
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Des grues bétonnent le ciel, la vie broyée dans des cailloux. Rien n'effraie les tourterelles.
Il reste une bague d'eau au doigt du pont. Dans les clapotis de l'ombre je reconnais leur visage, non pas la mer, non pas la fin, mais les lèvres qui me parlaient.
Je me suis couchée
dans ton ombre
pour savoir ce que c'est
être toi
Nos corps ensemble
formaient une haie
entre deux jardins
À gauche
l'écarté des collines
à droite l'arc des dunes
Notre désir
ne savait où aller
alors nous l'avons allégé
de tout ce qui fait la dune
de tout ce qui fait la colline.
( anthologie " Grâce ")
Sur la côte
les phares un à un s'allument
où tenir haut les défis de la nuit.
LUI
Autour de moi
j’entends craquer la coque
de grands navires
à les écouter
un tremblement inconnu
s’empare de mes mains
ma seule réponse :
un rempart d’écume.
*
Je me souviens
l’horizon enlaçait notre lit
d’un cercle blanc
Un voyage
la boucle de nos bras
Nous naviguions sans carte
entre les golfes
le vent épuisait notre souffle
À quoi servait
de compter les jours
sur les cordes de la voile ?
/…/
Les seuils ont viré bleu…
Les seuils ont viré bleu
sous la fumée des orages
La terre à bout de source
nous attend
nous tend ses lacets
Et partout sur les seuils
la sandale sèche du désir.
Tu me disais
jamais sans toi
et je le croyais
aujourd'hui
l'eau les pleurs se mélangent
et c'est la même peur
j'avance un pas
la mort me noie
plus de chemin
plus de visage
mais la nuit immense
où tu n'es pas
Avance amour
si tu me retrouves
ce ne sera pas le halo de la lune
ce ne sera pas l'éclat de la mer
mais ce qui brille de moi
à l'intérieur de toi
(" Revue 17 secondes")
Il pleure sur les campagnes
et les maisons oubliées
Où sont les fontaines à boire
entre les mains blanches?
Et les têtes renversées
sous l'échelle des vergers?
La fleur d'or ne tourne plus
au cou de l'enfance
Les prairies buissonnnent
un ciel fatigué
Il y a tant d'adieux sur les vitres
l'amour parle de si loin.
(" Le temps d'ici")