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EAN : 9782374750736
46 pages
Editions Rhubarbe (30/11/2022)
4/5   3 notes
Résumé :
"Tant de chemins que je ne connaissais plus.
Un jour j’en ai pris un, et mon pays a disparu."

Depuis un pont, une jeune fille, presque une enfant encore, regarde l’eau qui charrie tant de morts, incertaine passerelle entre un pays ravagé par la guerre et une ville qu’elle ne comprend pas et où on ne comprend pas les mots de ses terreurs.
Elle parle pourtant, raconte sa mère, son enfance, les hommes qui sont venus, la longue errance sur l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le bleu peut-être une couleur douce et rassurante comme celle de l'azur ou de la mer, mais aussi la couleur des douleurs, des bleus à l'âme.
« L'air qui bleuit comme s'il pourrissait. »
Au bord du fleuve, une jeune femme se souvient des siens, de son enfance. Elle se souvient des morts et c'est une souffrance.
« le chagrin a pris ma peau »
Le temps s'écoule avec l'eau du fleuve qui « continue d'ignorer [son] nom ». La mort est très présente, « ce n'est pas la pluie mais la terre qui dégoute ses morts » à se demander si la narratrice est bien vivante. Mais elle l'affirme « je ne suis pas morte puisque mes yeux voient ».
Difficile de raconter sa propre souffrance « …mes mots ont la langue coupée. »
La mère et l'amour qu'elle offrait reviennent comme un refrain dans le chant des souvenirs et celui de sa fille la dérobe à l'oubli.
« Je me souviens du chant de ma mère qui comptait les étoiles au-dessus de ma tête. »
On ne peut être que troublé et subjugué par le portrait lumineux de la mère qui « avait des mains bleues à brasser le ciel » et une vision allégorique du monde, la mère qui aime sa fille et refuse qu'elle soit excisée avec « l'épine qui coud le corps des femmes. »
Derrière le portrait de la mère sourdent les échos d'une enfance heureuse. Mais la violence surgit, celle du viol, de la mort et de l'exil. En filigrane se lit le drame de toute femme « que vaut la vie d'une fille ? »
Le malheur s'abat « Jour noir, nuit blanche, les murs sont tombés sur nos têtes. Nos têtes ont perdu leurs yeux. »
La mère disparue, ce sont les origines même de l'existence qui disparaissent.
« Ma mère est morte. Je suis orpheline de sa vie, orpheline du regard de nos bêtes, orpheline de la terre sous mes doigts, des noms qu'elle donnait à tout ce que je voyais. »
Dans l'ombre de la mère, ce sont les femmes, toutes les femmes qui sont évoquées
« Femmes, je me souviens de vous, de vos mains habiles à semer, ramasser, couper, trancher. Vos bouches inventaient des mots ronds comme des fruits. »

Dans une langue pétrie de poésie et d'allégories, Marilyse Leroux nous confie le monologue d'une femme meurtrie mais vivante et, dans son sillage, c'est un hymne à toutes ces femmes humbles qui enfantent, nourrissent, protègent et transmettent un savoir ancestral.
Malgré les épreuves, la vie finit par triompher.
Ce long et magnifique poème est un chant émouvant, sombre et semé d'espoir.





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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Des grues bétonnent le ciel, la vie broyée dans des cailloux. Rien n'effraie les tourterelles.
Il reste une bague d'eau au doigt du pont. Dans les clapotis de l'ombre je reconnais leur visage, non pas la mer, non pas la fin, mais les lèvres qui me parlaient.
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Je me souviens de mon arbre…



Je me souviens de mon arbre fort et fier de
respirer avec moi. Je n’ai pas appris sa patience.
Il me faudrait davantage de bleu dans la
bouche. Davantage de chants dans l’oreille,
davantage de lait sur ma peau. Davantage de
peau sur mes os.

Plumes, vent, poussière, les arbres d’ici me
saluent dans leur langue. Leur liberté m’a appris
à respirer. Je reprends souffle dans la leur.

Le mien, ma mère l’avait planté le jour de son
dernier lait. J’ai chanté sans son ombre, grandi
dans ses feuilles. Si la vie est un arbre, sa
lumière sera mon talisman.
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L’exil est une terre sans pardon…



L’exil est une terre sans pardon. Aujourd’hui
encore, je compte mes doigts en me demandant
si leur nombre m’appartient.

Les feuilles se donnent à d’autres feuilles, les
fleurs à d’autres fleurs, les femmes à tout le
reste.

Qui prendra soin de nous, sinon nous- mêmes ?
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Rien ne sortait de ma bouche. J'ai pris mes doigts pour les compter, ce n'étaient pas les miens. La nuit avait mangé nos ombres.
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