AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Markus Werner (3)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Langues de feu

Première phrase du livre : « Tout tourne. Et tout tourne autour de lui. C'est fou. »



Ce récit est en partie un genre de huis-clos inattendu ou je me suis faufilée discrète et attentive.



Huis-clos entre deux hommes que tout oppose. Leur vie. Leur manière de la comprendre, de la ressentir, de la gérer. Ils se rencontrent par hasard à la terrasse d'un hôtel de Montagnola en Suisse. Un verre d'alcool, puis deux et plus, ils vont s'explorer en même temps qu'ils se livrent. Ils se posent des questions en s'adressant à l'autre. La conversation légère au départ prend des accents plus virils, plus profonds avec parfois une ironie bien ciblée voir un humour sans retenue.



Thomas Clarin le narrateur est avocat spécialisé dans les affaires matrimoniales, célibataire de 35 ans, séducteur ayant un franc succès auprès des femmes, il semble satisfait, parle avec beaucoup d'aisance, normal il est avocat. Il n'hésite pas, le cas échéant à piquer la femme des autres et la vie coule à l'allure d'un cheval au galop !



Loos, un homme entre deux âges nous dit l'auteur, est professeur de langues mortes à l'université.

C'est avant tout un homme fidèle. Fidèle à sa femme qu'il vénère et qui est décédée, fidèle au passé plus constant , plus stable, plus rassurant. Un conservateur dirons-nous.



La conversation s'anime et les sujets sont denses. L'amour, les femmes, la vie, la fidélité conjugale, la lutte contre l'oubli, la culpabilité, la société et ses dérives…….Thomas Clarin le confirme lorsqu'il parle de Loos « il m'avait emmené si loin que pour un peu j'aurais trouvé ma personne et mon existence d'une banalité navrante. »



C'est un genre de tribunal qui s'installe en plein soleil un week-end de Pentecôte. Deux accusés ou deux experts psychiatriques, ou deux avocats ou deux témoins pourquoi pas! Bref un noeud au centre de la table qu'inconsciemment les deux hommes, beaux parleurs, essaient de défaire ou de serrer plus fort selon les moments ! Ils fouillent dans leurs vies respectives qui n'ont au demeurant rien à voir l'une avec l'autre ……..je dis bien au demeurant !



« Aucune histoire n'est terminée, ça n'est jamais fini : on prend simplement la décision de s'arrêter à un moment donné ».

C'est vrai. Loos quitte la scène d'une manière aussi brutale qu'énigmatique et inattendue. Thomas Clarin reste pantois.

Un coup de théâtre va tout bouleverser. Les dés sont repris, rejetés avec violence.



L'écriture est belle et tout-à-fait crédible. Ce livre a eu beaucoup de succès en Suisse et en Allemagne.



J'étais discrète à la table de Loos et de Thomas Clarin. Ils sont partis. Moi je reste. Pour une fois que je n'écris pas la centième ou la trois centième critique mais la première. Pour une fois que je n'ai pas trois trains de retard pour découvrir un bon bouquin, avec une intrigue, des états d'âme, des émotions je reste à cette table et tout comme le Bison je vais m'offrir une bonne bière…….



Tout tourne et tout tourne autour de moi….c'est fou !



Un grand merci à Martina Wachendorff d'Actes Sud qui m'a offert ce livre
Commenter  J’apprécie          6429
Zündel s'en va

Article d'Elisabeth Vust / 24 heures

Premier roman enfin traduit, Zündel s'en va donner le ton de l'oeuvre, d'une impertinence salutaire.



Elisabeth Vust



FLEURS POÉTIQUES « Tu verras, même sans raccourcis la vie est assez courte comme ça », réplique un marin à Zündel, triste héros qui songe à disparaître. Si personne ne détient de formules pour prolonger cette « courte » existence, certains lui donnent plus de profondeur, jouent des tours au temps, font des détours, parfois en aménageant des bulles de fiction dans le réel.



Markus Werner est de ceux-là, dont les Editions Zoé viennent de publier la traduction de son premier roman, édité en 1984 dans sa langue originale. L'Alémanique a d'emblée trouvé un lectorat avec Zündel s'en va, articulé autour de motifs devenus entre-temps récurrents dans son oeuvre en construction (six romans), tels que la déviation de la langue et des êtres, les (non-) relations homme-femme, père-fils, citoyenpatrie, homme-Dieu, et celles avec soi-même. Y sont également questionnées « la fragilité et la précarité de toutes choses terrestres ? donc aussi de l'amour », notions qui « pourraient bien être un thème central » de son travail, affirme l'intéressé dans la dernière livraison de la revue du Service de presse suisse Feux croisés. Quant à analyser le « motif du motif littéraire », l'interprète est libre de spéculer.



Avant que le lecteur n'interprète, l'écrivain a chargé un de ses personnages, un pasteur, de rassembler, lier et commenter les témoignages ainsi que les notes laissés par Zündel, dont le nom désigne l'amadou, la mèche dans le sud de l'Allemagne.



C'est un événement a priori gérable, la perte d'une dent, qui précipite la chute de ce dernier dans cette histoire tragicomique. A-t-il aperçu quelque chose d'insupportable à travers ce trou inopiné ? En tout cas, sa vieille copine la honte profite de cette ouverture pour se glisser en lui et l'empêcher de prendre le bateau depuis l'Italie pour la Grèce. Voyager édenté dépasse les forces psychiques de cet enseignant trentenaire dont la mèche rebelle s'allume à la flamme de sa détresse et dont les propos se font incendiaires.



Retour précipité à Zurich pour Zündel qui sait de moins en moins quelle est sa place, allant jusqu'à sonner à sa propre porte, où sa compagne ne l'accueille pas les bras ouverts. Elle traverse une phase d'émancipation ; il entre dans une crise où la jalousie déforme encore un peu plus sa vision du monde, et où sa (fausse) certitude d'avoir perdu sa femme achève peut-être de consumer sa motivation à tenir son rôle de monsieur « très comme il faut » dans « l'effroyable netteté de la Suisse ». De là sa décision de se procurer un revolver. Quête qui achèvera de le rendre pitoyable, et pendant laquelle il se divertit en étudiant la détérioration de la collectivité.



Fleurs poétiques, jeux de mots et de sons, néologismes, pastiches, aphorismes inédits, images (dés) enchantées et loufoqueries fourmillent sur la route du trébuchant Zündel envahi par la nausée de vivre. Placée sous le signe de la liberté d'écriture et de cet irrésistible humour désespéré dont Markus Werner détient la recette, elle dirige un homme ayant cessé d'être apte vers une sortie de secours et nous mène à la rencontre d'un auteur à l'impertinence salutaire, qui crée de livre en livre des harmonies différentes à partir d'une gamme commune.
Commenter  J’apprécie          10
Les Belles Etrangères : 14 écrivains suisses

Quatorze nouvelles et des poèmes d’intérêt inégal. Il est beaucoup question de relations de famille, de couple, de disputes... L’ensemble donne aussi l’impression que les Suisses ont souvent le regard tourné vers la France et Paris, mais le livre étant édité et offert par le ministère français de la Culture ceci explique peut-être cela.



Giovanni Orelli dévoile ainsi, dans un récit truculent, la façon dont la France est perçue, un lieu de corruption des idées et pourtant attirant. Paris en particulier est vu comme une ville qui fait rêver et attire les talents même si « c’est de Paris qu’arrivaient certaines mauvaise manières et parfois pire. »

Les Suisses du XVIIIe avaient inventé « la réaction contre Paris, contre Versailles. Au raffinement de la cour et de la capitale nos sages à nous ont opposé la pure barbarie de l’homme des Alpes chez qui revivent les vertus antiques (…), mais une barbarie blanche comme la neige des Alpes, elle est simple et pure cette barbarie ».

On découvre au passage que les émigrés vivant dans le Tessin étaient des soutiens de Pétain.



Yves Laplace rend drôle une histoire pas drôle parce que l’humour y est inattendu.



Jürg Schubiger nous livre sept micronouvelles étonnantes, charmantes, à la fois drôles et fantastiques.

Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Markus Werner (29)Voir plus

Quiz Voir plus

Un quiz pour rire !

Un amiral britannique dit à Surcouf : "Vous, les Français, vous vous battez pour l'argent ; nous, les Anglais, nous battons pour l'honneur !" Que lui répondit Surcouf ?

'Fi donc !'
'Monsieur, chacun se bat pour ce qu'il n'a pas !'
'C'est vous qui le dite ! '

10 questions
1112 lecteurs ont répondu
Thèmes : humour , histoireCréer un quiz sur cet auteur

{* *}