Découverte de cet auteur de théâtre contemporain en assistant à la représentation de "La République du Bonheur" : le choc fut aussi puissant qu'à celle de Bernard-Marie Koltès.
Notre société vue par Martin Crimp, ça décape et ...c'est gouleyant !
"Le reste vous le connaissez par le cinéma" est une pièce qui a en commun avec "La République du Bonheur" l'explosion de la famille. Et côté famille recomposée au devenir style "super nova" les Labdacides, reste une des meilleures démonstrations.
L'action se situe à Thèbes, à "l'intérieur d'une grande maison délabrée" le palais de Jocaste ; Etéocle règne et refuse de laisser son frère Polynice prendre le relais du pouvoir, comme il avait été convenu.
Martin Crimp nous plonge en ce jour où tout se dénoue. Une réflexion, bien sûr sur le pouvoir, ses répercussions et sur les suites quasiment inéluctables des décisions prises.
Le "personnage" le plus dérangeant est, de mon point de vue, "les filles". Elles posent des questions naïves, commentent les actions, jouent parfois au "fan club" d'un des protagonistes et sont l'image de notre société bombardée d'informations hétéroclites ingérables, reflet déformé (?) renvoyé au spectateur qui de ce fait se sent embrigadé dans cette guerre qui se terminera par le duel des puissants.
Impossible de résister à cette langue, précise et poétique, où le sarcasme est teinté de tendresse.
Démocratie, tyrannie, les deux faces d'un Janus qui mène encore notre monde ?
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Ce n’est souvent pas facile de lire du théâtre mais, parfois, c’est totalement jubilatoire. C’est le cas avec cette réinterprétation que Martin Crimp propose des Phéniciennes d’Euripide. L’ironie, les anachronismes, la verdeur du langage plongent la pièce dans le XXIème siècle. Le tragique est ramené aux faits bruts, dépassionnés, mais la tragédie agit comme un rouleau compresseur autour du rôle mystérieux des Filles qui semblent tirer les fils d’une histoire écrite d’avance.
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Désolé mais ce recueil théâtral, qui parle de schizophrénie, ne se résume pas. Les mots que j'utiliserai ne seront jamais à la hauteur de ce qu'à écrit Martin Grimp.
Je préfère donc m'abstenir et je vous engage à lire ou a voir sur scène cet excellent travail de plume.
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Je sors de ce que j'appelle une lecture augmentée. Hier soir (18 janv) j'ai assisté (en compagnie de Martin Grimp au T2G de Genevilliers) à cette pièce mise en scène par Daniel Jeanneteau, qui avait déjà mis en scène, avec talent , "La ménagerie de verre.
La lecture de cette pièce n'est pas donnée à tout le monde. Je ne dis pas cela de façon péjorative mais lucide. La lecture est plutôt difficile tout en étant passionnante.
Elle se déroule à Thèbes chez Jocaste, la soeur de Créon puis de son propre fils Oedipe.
Etéocle refuse de laisser le pouvoir à son frère Polynice comme c'était convenue. La solution finale les voit se battre à mort. Les deux y laisseront leur vie. Antigone leur sœur refuse d'obéïr à l'odre de Créon d'offrir des obsèques dignes à Étéocle et laisser pourrir le corps de Polynice.
Mais cela est l'histoire même de la pièce de Sophocle "Antigone"
En effet, cette pièce, est une réécriture par Martin Grimp de celle d'Euripide "Les Phénicienne". Ces Phéniciennes sont représentées par un chœur qui sont le Sphinx, ingénieux, insolent qui ne cessent de poser des questions et convoquent les grands mythes
Pour aimer ce théâtre il est nécessaire d'être non seulement aguerri à ce mélange du monde actuel et de cette époque mythique mais aussi attentif aux parallèles qui sont un pont entre ces deux époques.
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