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3.95/5 (sur 20 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , 1996
Biographie :

Né à Paris en 1996, Martin Lichtenberg a suivi des études de cinéma, avant d’écrire ce premier roman. Il partage aujourd’hui sa vie entre la littérature, son travail de régisseur sur des tournages et son goût du voyage.

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Martin Lichtenberg vous présente son ouvrage "La Roche" aux éditions Héloïse d'Ormesson. Rentrée littéraire janvier 2024. Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3003214/martin-lichtenberg-la-roche Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Regardez les choses en face, la Roche est une épave à la dérive qui n'a d'autre destination que son propre naufrage. Je ne pense pas avoir besoin de vous en persuader. Si nous procédions aux changements que vous évoquez, elle replongerait dans le chaos. Le système a le mérite de la maintenir à flot tout en permettant à une partie de sa population d'entretenir de l'espoir. p. 375
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(Les premières pages du livre)
Nous avons glissé. Nous avons glissé soudainement de l’autre côté de la rive et nous n’avons jamais pu revenir. Je crois que ça n’a pas duré plus de quelques instants car j’ai à peine eu le temps d’ouvrir les yeux que nous y étions déjà.
À ce moment précis, j’ai eu l’impression de voir ce que j’attendais depuis tellement longtemps. Comme un aboutissement, une épiphanie ou un rêve. Je l’ai vu et j’ai d’abord pensé à l’étrangeté des choses que nous quittions et à celle encore plus grande vers laquelle nous nous dirigions. Toutes ces choses que je n’aurais finalement jamais vraiment comprises.
La Roche est apparue tout entière, comme une toile pleine de détails qui se dessinait dans ma tête, avec ses canaux labyrinthiques, ses bâtiments sauvages, ses allées noires, ses eaux, ses habitants et tant d’autres choses encore. Puis j’ai pensé à l’Océan, je l’ai vu, je l’ai senti, j’ai eu le sentiment d’en faire le tour et j’ai levé les yeux au Ciel. Il nous observait avec ce regard impassible dont il ne veut jamais se défaire. J’ai murmuré quelques mots dans sa direction et tout a disparu : la Roche, l’Océan et le Ciel. C’était comme si je disparaissais moi-même.
Comment nous sommes-nous retrouvés là ? À quel moment avons-nous laissé nos corps s’extraire de la piste ? J’ai repensé à tout, j’ai décortiqué, gratté, fouillé comme une souris affamée mais je n’ai rien trouvé. Je ne sais pas. Je n’ai aucune idée de ce qui a généré tout ça et je ne veux plus y penser car ce qui nous attend est sûrement plus fort que tout.
Nous avons glissé et j’ai vu mon monde se hisser un instant dans les airs. Pendant ce court moment, il n’a plus coulé, il n’a plus flotté non plus, il s’est contenté de s’élever hors de l’Océan et s’est tenu ainsi, en lévitation dans l’atmosphère des lieux, comme s’il était porté par sa légèreté heureuse. J’ai souri et une larme de joie a dévalé ma joue, petite bille de lumière.
J’avais tellement rêvé ce moment. Je l’avais fabriqué, imaginé, dessiné, modelé, sculpté et tout ce que je pouvais faire pour le représenter. Jamais en revanche je n’avais pensé qu’il arriverait de cette façon, alors que je m’en éloignais avec une boule au ventre plus grosse et brillante que les étoiles au Ciel.
Et alors que nous avançons tous les deux, bercés par la mélodie qui me pénètre et m’envahit comme une ensorceleuse, je ferme les yeux et je fais taire mes pensées. Nous avançons, ou nous reculons peut-être, je ne sais pas et je ris, car les bulles bleutées de mes souvenirs les plus heureux m’envahissent, me chatouillent et ne me quitteront plus jamais.
Extrait et fin des Gravures de la Roche par Loo S’èn

1
Pendu au bout d’un fil, un photophore en aluminium diffuse une faible lumière dans l’atelier. La petite flamme vacille légèrement et brille par intermittence sur les amas de breloques qui encombrent l’espace exigu. Des bocaux et divers récipients saturent les planches des étagères improvisées le long des murs tandis que des filets, tendus entre les hauteurs de ces dernières, permettent le stockage d’autres matériaux, de tissus et de bibelots.
Dans le seul coin que les amoncellements ont épargné, un homme est assis sur un tabouret. Son visage concentré reluit à la lumière de la bougie. Face à lui, deux larges planches de bois parfaitement calées entre les parois opposées constituent l’établi sur lequel il s’affaire en silence. Ses longs doigts s’agitent devant lui comme des tentacules, passant d’un court scalpel à une trentaine d’ampoules vides et sans culot qui traînent sur le plan de travail.
Tout se fige et ses mains se taisent : le son de plusieurs pas résonne dans la pièce, au moins quatre personnes. Ils viennent de l’extérieur, juste au-dessus de l’atelier. L’artisan ferme les yeux et ne respire plus, il sait ce que peuvent receler les rues à la nuit tombée. Mais les bruits s’estompent et disparaissent aussi vite qu’ils sont venus. Il demeure quelques secondes immobile, puis saisit avec empressement un large bocal sur l’étagère, le pose devant lui et en ôte le couvercle. Un flot de lumière verdâtre jaillit du récipient et illumine son visage qui n’a rien perdu de son application. Il en sort une luciole qui se dandine faiblement au bout d’une pince en diffusant un halo vert citron. L’homme lève l’insecte au-dessus de son visage et le contemple avec fascination. L’étincelle verte pâlit et clignote lentement. Il l’insinue dans l’ouverture d’une ampoule et l’y dépose avec précaution.
Dans la sphère, la lumière se ranime et transperce abondamment la fine paroi transparente qui se met à briller. L’homme répète le procédé pour chaque ampoule et les scelle une par une en en soufflant le verre. Après une heure de travail soigneux, une petite armée de lampions sphériques scintille sur la table de bois. Dans ces derniers, sous la cadence du mouvement des lucioles, la lumière verte ondule gracieusement.
L’artisan se retourne, contourne de larges feuilles de papier enroulées et s’empare d’un tas de cordelettes grossièrement lovées. Il en déroule une, longue et fine, et la fait glisser dans l’anneau de métal des trente lampions. Une guirlande de mille feux verdoyants. Il la fourre dans un sac en tissu noir, le passe sur son épaule et éteint la bougie du photophore dont la flamme se volatilise aussitôt.
Une obscurité totale a envahi l’atelier. L’homme se dirige vers le fond et gravit un court escalier de bois jusqu’à une minuscule porte qui donne sur un étroit couloir plus sombre encore. Il referme la porte minuscule derrière lui et s’avance vers l’autre extrémité. Là, il déplace une plaque de fonte noircie par des dépôts de suie et quitte la galerie. Quand il remet la plaque en place, la pièce secrète s’efface dans le fond d’une imposante cheminée de pierre.
L’homme a pénétré dans une pièce plus grande, plus haute sous plafond et bien dégagée au-delà de l’étrange structure de bois qui larde une partie de l’espace. D’épaisses poutres, parfois longues de plusieurs mètres, s’étendent d’un mur à l’autre, se rejoignent entre elles, s’enchevêtrent et contraignent l’artisan à se courber, sauter et enjamber pour atteindre la grande porte opposée à la cheminée. Il l’ouvre et sort.
À peine deux pas sur les planches d’un ponton et il s’arrête net. Devant lui s’étend une nappe d’eau à perte de vue. Un océan lugubre dans la nuit tant calme. On pourrait croire qu’il est mort, que son cœur a cessé de battre et que sa surface s’en trouve incapable du moindre mouvement.
L’homme contemple l’horizon puis lève ses yeux vers le Ciel immense. De ces Ciels qui pourraient engloutir des univers entiers et dont la grandeur envoûte l’esprit. Mais il n’a pas le luxe de rester davantage, la fatigue le lance et il a encore à faire ; il décroche son regard et s’avance sur le ponton qui longe la maison puis remonte une rampe en suivant le mur. Il laisse ainsi l’Océan derrière lui et débouche sur une allée bordée de bâtiments en ruines. Il s’enfonce dans la ville dans la discrétion la plus totale.
À courtes enjambées, il foule les pavés et balaye l’espace environnant de regards méfiants. Que peut-il craindre ici où le silence règne en maître incontesté ? Où la vie semble avoir oublié d’exister ? Les rues sont vides et sombres, les bâtiments ont l’air de vieilles friches abandonnées et pas une lumière ne brille aux rares fenêtres qui ne sont pas condamnées. Pourtant l’artisan progresse à tâtons et longe les murs comme s’il voulait s’y laisser absorber. Il repense aux bruits de pas dans l’atelier et craint de les entendre à nouveau approcher.
Un mouvement soudain, un chuintement ou un frottement ; quelque chose d’inhabituel. L’homme sursaute, fait volte-face, scrute les alentours – rien – puis lève la tête. Un oiseau volète là-haut, entre les bâtiments. Son plumage gris est encore plus terne que la nuit. L’homme se précipite dans l’alcôve d’une devanture défoncée et se plaque contre la meulière poussiéreuse d’un mur laissé là comme un vestige. À quelques mètres, de l’autre côté de la chaussée, le volatile s’est approché à tire-d’aile d’une large poutre qui dépasse du mur au niveau de l’entresol. Il s’y est posé et picore des graines habilement disposées. L’artisan sait ce qu’il a à faire : ne surtout pas bouger et respirer sans bruit. La pierre commence à pénétrer la peau de son dos mais il doit attendre que la voie se libère, que le son léger de ses pas soit à nouveau la seule et modeste entorse au mutisme des lieux.
Après une courte minute de festin, un vacarme grandiose retentit au niveau d’une poivrière de pierre, deux étages au-dessus de l’oiseau. Le calme est rompu. Un chariot, sur deux rails arrimés au bâtiment, se décroche du sommet de la façade et fond en piqué sur l’oiseau dans un barouf d’enfer, de cliquetis et d’entrechocs. Le volatile n’a pas le temps de prendre son envol que l’embarcation est sur lui. Un étrange énergumène surgit du chariot et tire une manivelle qui freine brusquement au niveau de la poutre. L’animal piaille bruyamment et donne un battement d’ailes désespéré mais la main boudinée du bonhomme l’attrape avant qu’il ait pu s’enfuir, lui brise la nuque et le fourre dans un panier d’osier. Un coup d’œil furtif autour de lui, un reniflement rauque, et le petit homme pompe une seconde manivelle qui hisse le chariot par saccades vers le sommet du bâtiment. Tandis qu’il quitte son embarcation et disparaît dans la poivrière, la tête du pigeon brinquebale sourdement dans le fond du panier.
L’artisan expire doucement et passe le sac de tissu le long de son torse. La masse noire couvre une large partie de son corps et fait fondre sa silhouette dans l’obscurité de la rue. Il n’est pas temps de bouger, pas encore. Quelques graines tombent de l’auvent et s’écrasent sur les pavés dans un bruit sec.

À l’angle de la rue, un groupe d’individus en uniformes noirs surgit. Ils s’arrêtent un moment et observent la façade. L’homme ne les connaît que trop bien : les avant-gardiens, unité de sécurité et de
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Parfois j’ai l’impression d’entendre le bruit du Ciel
qui me dit de le rejoindre.
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Tout à coup, une étoile se détache du groupe et chute lentement en zigzags, puis une autre, une troisième et une autre encore. Sous les yeux enivrés de Loo, toutes les étoiles bondissantes se décrochent du Ciel et tombent comme des gouttes de pluie enflammées. Quand les bras de Dael relâchent leur emprise, une cinquantaine de petits éclats ternis flottent à la surface de l’eau et plus rien ne brille dans le Ciel que les astres fixes et millénaires.
- C’était quoi ? souffle Loo encore envoûtée par le spectacle.
- Des papillons. Des papillons blancs venus s’éteindre ici, à la lueur de la Lune dans le plus bel endroit du monde. 
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