Citations de Martine-Gabrielle Konorski (18)
AU VERSANT DE LA PIERRE-ÉCRITOIRE…
Au versant
de la pierre-écritoire
nos os
se sont cognés
Le chemin de la soif
abolit
les sourires
des enfants exilés.
Pourtant
la pluie me guide
On marche à contre-sens
contre tout
contre rien
pour déterrer
le vide.
À mon père
Dans le dévissement du monde
La paroi du refuge
s’effondrait lentement
Les piliers centenaires
supportaient le chaos
En laser argenté
un souffle lumineux
déchirait notre toit
aux tuiles essentielles
Au fond de la chambre
nous dansions sans pleurer.
/ Traduction de Anna Tauzzi
Journée d'inespérance
entaillée des réveils
aux aiguilles de soleil
Le voyage sera long
sous les cris de l'empreinte
portée par le limon
Conduire la caravane
dans le son
d'un cantique
Parcourir le silence
des distances effacées.
Poèmes inédits
La cassure du silence
La cassure du silence
et les pieds dans le vide
Une marche dans la nuit
des jours
Le noir des chants
muets
Dans l’ombre mêlée
des pas et des portes
l’accélération d’une ronde
vers le soleil
Entrée dans la danse.
Effleurement…
Effleurement
des heures
par ta main
sur la vitre
Commencement
d’un aujourd’hui.
VERTICALE
Ainsi tu m’apparais
dans le drap blanc
dessiné sur ta peau
Sous le soleil
ta bouche de grenade
écarquille mes yeux
Ta main cueille la terre
au creux de l’arbre
aux pierres
Ici il est écrit
Possible peut-être.
Poèmes inédits
Bleu franc
Bleu franc
à travers la vitre
Ébullition d’un réveil
en saccades
Un jour d’affres
au tracé monotone
Mais la joie
de garder ton sommeil
au cœur de mes tempêtes
Plus désespérément que jamais.
Poèmes inédits
Tenir les jours
Tenir les jours
à ciel ouvert
Jusqu’au reflet
du Noir
Jusqu’à la lueur
impalpable
de l’aube
Jusqu’au bleu
qui invente
les matins
des grands voyages.
Départ annoncé.
Ce matin
ciel de grand chagrin
Les mondes séparés
déchirure de beauté
à l’oblique
sous l’éboulis des pierres
Une lumière qui raye
en suspens
sur tes jours
Portées de désespoir
tes paroles s’effacent
ton visage s’endort
La cendre pour demain.
UN POINT OUVERT
extrait 3
Même
les vitres opaques
ne peuvent te cacher
Pas de bruit pas de vent
une seule lumière
seule lueur
La sirène jette un cri
bruit de bottes plus de refuge
dans l’escalier
on siffle
Dégringolent les familles
pas de brèche plus de souffles
restent les hurlements
Quelques perles éparses
un mouchoir bleu brodé
la chaussure d’un bébé
Une étoile sur le palier.
UN POINT OUVERT
Extrait 2
Pourtant
quelque chose
s’est écrit
au fond de ton sourire
quelque chose
de blanc
qui se dépose
derrière l’eau
des cils
quelque chose qui
ne peut s’endormir
Coulée de ciel.
UN POINT OUVERT
Extrait 1
Ni la pluie ni le soleil
brodés
sur ce tissu
ne rencontrent
un rayon accroché
à tes yeux
Le calme s’est enfui
c’est la guerre
sur ton front
Le souvenir des rails
des bombes
des fumées
Tu serres sur
ta poitrine
une étoile déchirée
Disparaître
sans ombre
Sans trace.
LES MOTS COGNENT…
Extrait 2
Retrouver Bethani
Une
course au goût de sel
Sur les rives éloignées des dunes
trébucher seulement
Sous le cri des chameaux
le poids des corps
se dépose
flaques d’ombres
brisées à chaque
pas
Les larmes sont de joie
en lames à nos chevilles.
…
LES MOTS COGNENT…
Extrait 3
Nommer Bethani
dans le chant
Écho d’un son
qui s’égare
Point de fuite
disparu
dans les traces
ensablées
Errance
Des milliers de visages
consolés
par les feux
du désert
Avançons
les joues blanchies
de lune.
LES MOTS COGNENT…
Extrait 1
Les mots cognent
la tête
déchirent les rêves
d’un refuge
Les murs restent si hauts
Là-bas
Toujours s’éloigne
Bethani BETH ANI
Le vent souffle
Inlassable
sur ces lettres de feu
Cet été sera-t-il
le dernier
sans revoir la maison ?
…
Pourquoi
Pourquoi ne faut-il pas
que l’on se dise Tu
Pourquoi ne faut-il pas
sangloter sous l’orage,
en se tenant les mains
s’allonger sur l’asphalte
et crier à tue-tête
pour faire venir la paix
Pourquoi vivre tout bas.
On ne voit rien
On ne voit rien
de plus poignant
que ces paroles légères
posées à plat
sur un papier
criblé de tâches
On ne voit rien
de plus brûlant
que la mort
qui détruit l’instant
Il n’y a que le vent
pour nous donner un peu de place
Lorsqu’autour de nous
tout se glace
On ne voit rien.
En ouvrant la fenêtre
Jamais le songe n’embellira
Les paysages sombres
et leurs souffles glacés
Pas même une lumière suspendue
au clocher
ne deviendra la braise
d’une ligne céleste
Rien n’ouvrira l’espace
Restera le secret
d’une matinée sans bruit.