Citations de Mary Lynn Bracht (111)
Cette honte est si profonde qu'elle fait désormais partie d'elle et ne pourra jamais s'effacer. Sa honte est son han. Honte d'avoir survécu à deux guerres alors que tant d'autres étaient morts et avaient souffert autour d'elle, honte de n'avoir jamais réclamé justice, honte de s'être accrochée à une vie qui n'avait pourtant aucun sens pour elle.
Il ressemblait à un oiseau qui se laisse porter avec grâce par la brise d'été, comme soulevé par les vagues, et qui caresse le bout des branches d'arbres lorsqu'il passe. Il ressemblait... à la liberté.
"Blanche comme le lait, pure comme le duvet d'une jeune oie. Au milieu des ténèbres, aucun trésor ne brille davantage."
Les mots sont un pouvoir, lui avait un jour dit son père après lui avoir récité l’un de ses poèmes au message politique.Plus tu en connaîtras, plus tu auras de pouvoir.C’est pour cette raison que les Japonais ont banni notre langue natale.Ils limitent notre pouvoir en limitant nos mots.
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"Tu es la petite sœur la plus aimée de toute l'île de Jeju. Tu sais, je crois que personne au monde ne t'aimera aussi fort que ta grande sœur."
Puis elle avait levé les yeux vers Hana en lui faisant signe d'approcher. Le silence était retombé dans la pièce tandis qu'Hana s'agenouillait à ses pieds.
"Hana, tu es sa protectrice désormais", lui avait-elle dit d'un ton sérieux.
Les yeux rivés sur ce minuscule bébé, Hana avait tendu une main pour caresser le duvet noir sur son crâne.
"Elle est si douce, avait-elle dit, émerveillée.
- Tu m'as entendue ? avait demandé sa mère d'un air grave. Tu es une grande sœur désormais et ce rôle implique des responsabilités, dont la première est de la protéger. Je ne serai pas toujours là ; nous avons de quoi manger grâce à la plongée et à la pêche que nous vendons au marché. À partir de maintenant, c'est à toi qu'il reviendra de veiller sur ta petite sœur lorsque je ne pourrai pas le faire. Est-ce que je peux compter sur toi ?"
Hana avait aussitôt retiré sa main. Puis elle s'était inclinée pour répondre avec respect :
"Oui, Maman, je la protégerai. Je te le promets.
- Quand on promet, on promet pour la vie, Hana. Ne l'oublie jamais.
- Je ne l'oublierai jamais, Maman.
Gentils ? Vous ne savez même pas ce que ce mot veut dire. Vous nous traitez comme des chiennes. Vous, les soldats, vous, les hommes, êtes les pires créatures que porte cette terre. Vous semez la haine, la douleur et la souffrance partout où vous passez. Je vous méprise, tous autant que vous êtes.
(...)
Je suis une haenyeo. Comme ma mère, comme sa mère avant elle, et comme ma sœur le sera un jour, ainsi que ses filles. Je n'ai jamais été rien d'autre qu'une fille de la mer. Ni vous ni aucun homme ne pourrez me l'enlever.
...une statue de la Paix en mémoire des souffrances endurées par celles que l'on appelait les femmes de réconfort. Ce monument est dédié à toutes les filles et les femmes victimes d'esclavage sexuel militaire, qui ont perdu leur enfance, perdu leur famille, perdu leur santé et leur dignité et, pour un grand nombre d'entre elles que nous ne connaitrons jamais, leur vie.
Les japonais croient que violer les femmes les rend plus forts avant de partir au combat; les aide à gagner la guerre. Ils se croient autorisés à libérer leur énergie et à recevoir du plaisir, même lorsqu'ils se trouvent si loin de chez eux, puisqu‘ils risquent leur vie pour l'empereur, au combat. Ils en sont tellement convaincus qu'ils enlèvent nos filles et les envoient aux quatre coins du monde; dans ce but là.
Les manifestations du Mercredi ont lieu chaque semaine depuis que la première "femme de réconfort" a parlé, il y a vingt ans. Voilà trois ans qu'Emi s'y rend tous les ans. Ces manifestations ont pour but de réclamer la justice et la reconnaissance par le gouvernement japonais de ce crime de guerre commis sur des milliers de femmes pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Que faut-il encore pour que la Corée obtienne ce pardon? Qu'elle pardonne elle-même, en premier?
SangSoo s'était vidée de son sang. Elle était trop petite, trop jeune pour être torturée de la sorte. Combien d'hommes avaient violé cette fillette?
"Je prends sa place. Je me porte volontaire", dit-elle en se levant et en regardant le soldat droit dans les yeux. toute la cabine reste en suspens;pendant un moment, on n'entend même plus une respiration. Comme si tout le monde attendait que le soleil se décroche du ciel pour fondre sur Hana et la réduire en cendres. Hana a osé tenir tête à un soldat japonais. Tout le monde sait que ne faut jamais faire ça.
Les Japonais croient que violer des femmes les rends plus forts avant de partir au combat; les aide à gagner la guerre. Ils se croient autorisés à libérer leur énergie et à recevoir du plaisir, même lorsqu'ils se trouvent si loin de chez eux, puisqu'ils risquent leur vie pour l'empereur, au combat.Ils en sont tellement convaincus qu'ils enlèvent nos filles et les envoient aux quatre coins du monde dans ce but-là.
Les mots sont un pouvoir, lui avait un jour dit son père après avoir lui avoir récité l'un de ses poèmes au message politique. Plus tu en connaîtras, plus tu auras de pouvoir. C'est pour cette raison que les Japonais ont banni notre langue natale. Ils limitent notre pouvoir en limitant nos mots.
Ma mère et moi sommes des haenyeo. Les hommes, nous ne leur devons rien. Seule la mer peut nous réclamer des dettes.
Les mots sont un pouvoir, lui avait dit son père après lui avoir récité l'un de ses poèmes au message politique. Plus tu en connaîtras, plus tu auras de pouvoir. C'est pour cette raison que les japonais ont banni notre langue natale. Ils limitent notre pouvoir en limitant nos mots.
Avec la tête claire, Hana a le pouvoir de se retrancher dans son imagination. A chaque soldat qui la visite, Hana se coupe de la réalité et s’imagine en train de plonger dans les profondeurs de l’océan, échappant à ce qui l’entoure. Elle apprend petit à petit à retenir sa respiration quand un soldat l’assaille, étreinte par une sensation semblable à celle qui précède le moment de remonter à la surface.
Ces souvenirs la rongent et la nourrissent en même temps. Ils emplissent le silence de sa minuscule prison, laissant sur elle des entailles comme la lame d'un couteau. (…) Un jour viendra où elle reverra les siens.
"Tu pars ? Tu pars ?
M'abandonnes-tu ?
Comment vivre sans toi ?
M'abandonnes-tu ?
Je voudrais m'accrocher à toi
Mais si je le fais, tu ne reviendras pas
Je dois te laisser partir mon amour !
Alors, pars et reviens-moi vite !"
Hana sussure cette chanson. Ces mots interdits semblent dégouliner de sa bouche. Hana a l'impression de commettre un acte de provocation en chantant dans sa langue natale.
Super roman, j'ai adoré, parle de la condition humaine et des douleurs féminines liées à la seconde guerre mondiale
« J’avais une belle vie. Vous me l’avez prise. Je ne l’oublierai jamais. »