Citations de Mary Lynn Bracht (113)
Ses jambes volent comme si elles savaient que Morimoto ne tardera pas à comprendre. Elles ne s'arrêteront pas avant qu'Hana puisse voir le rivage où sa soeur l'attendait autrefois, ancrant sa vie à la sienne.
Hana pourrait sans peine lui triturer le cœur comme si une perle était cachée à l'intérieur. Cette simple pensée lui donne des frissons dans le dos, fait danser sur ses vertèbres les doigts de la vengeance. Est-ce donc cela que l'on appelle le courage ?
Sa soeur était trop jeune pour plonger avec elle lorsqu’elles partaient si loin. Parfois, en refaisant surface, Hana la trouvait en train de courir après les mouettes en agitant furieusement des bâtons. On aurait dit un papillon qui dansait sur l’horizon.
Les mots sont un pouvoir,lui avait un jour dit son père après lui avoir récité l'un de ses poèmes au message politique.Plus tu en connaîtras,plus tu auras de pouvoir.C'est pour cette raison que les Japonais ont banni notre langue natale.Ils limitent notre pouvoir en limitant nos mots.
_Mieux vaut jouer les faibles et se laisser faire,remarque la fille appelée Hinata.
"Tu es la petite sœur la plus aimée de toute l'île de Jeju.Tu sais, je crois que personne au monde ne t'aimera aussi fort que ta grande sœur.
Les mots sont un pouvoir, lui avait dit un jour son père. Plus tu en connaîtras, plus tu auras de pouvoir. C'est pour cette raison que les Japonais ont banni notre langue natale. Ils limitent notre pouvoir en limitant nos mots.
Hana a l'impression de n'être qu'un plat sur un menu, que l'on convoite, choisit, puis consomme. (P107)
Le gris est la couleur de ce qui est malade et le blanc est la couleur de ce qui n'est pas naturel, des fantômes. Un poulpe est rouge normalement, rouge-marron ou parfois orange vif. La créature qui te hante est peut-être un spectre, un fantôme du passé.
Habiter à quelques pas de la plage, même si ce n'est que dans une petite cabane, comporte quand même ses avantages. Ses enfants sont maintenant grands et vivent à Séoul ; Emi a seulement besoin d'un espace pour dormir et préparer ses repas. Une simple cabane suffit amplement.
Dans sa jeunesse, elle aussi aurait hésité à quitter son lit chaud pour aller plonger dans les eaux glacées, mais, au fil des années, elle s'était endurcie.
Hana sait que protéger sa sœur signifie la tenir à l'écart des soldats japonais. Les mots de sa mère sont gravés dans son esprit : Ne les laisse jamais vous voir ! Et plus important que tout, ne te fais jamais prendre toute seule avec l'un d'entre eux ! Les avertissements de sa mère sont chargés d'une peur inquiétante et, à seize ans maintenant, Hana s'estime chanceuse que rien ne lui soit jamais arrivé.
Hana a seize ans et ne connaît rien d'autre qu'une vie sous l'occupation. Le Japon a annexé la Corée en 1910, et Hana parle couramment le japonais, a appris à l'école l'histoire et la culture japonaises et n'a pas le droit de parler, de lire ou d'écrire dans sa langue maternelle, le coréen. Elle est dans son propre pays une citoyenne de seconde zone à qui ne sont laissés que des droits de seconde zone, mais cela n'entache en rien sa fierté d'être coréenne. Hana et sa mère sont des haenyeo, des femmes de la mer, des femmes qui travaillent pour leur propre compte. Leur communauté, issue d'un petit village côtier du sud de l'île de Jeju, plonge dans une crique invisible depuis la route principale menant à la ville.