Citations de Maxime Landry (51)
J'aimerais tant revenir un instant pour que vous repreniez goût à la vie vous aussi. Je ne savais pas qu'en arrêtant de respirer j'allais vous couper le souffle.
De toute façon, ici, à Sainte-Madeleine-des-Monts, tout le monde se connaît, car il y a autant d'habitants que de lampadaires, et ce n'est pas très éclairé comme village.
On m'a souvent répété de prendre le temps de respirer et de profiter de ma famille ou encore que notre vie nous était prêtée. Comme un cadeau que l'on devait rendre après l'avoir déballé. De ne pas trop en abuser au risque de la perdre un jour. Moi, la mienne, je n'ai jamais su quoi en faire, alors je l'ai rendue. De la même façon que l'on rapporte un livre à la bibliothèque après l'avoir vaguement feuilleté pour en lire les grandes lignes, ou comme un film que l'on retourne au club vidéo à cause du manque de temps et d'intérêt qui fait qu'on na pas été capable de poursuivre le visionnement jusqu'à la fin. J'ai préféré vivre ma vie sur avance rapide, sautant toutes les scènes qui ne me plaisaient pas au lieu de prendre mon temps et de les savourer avec un bon maïs soufflé.
Je n'aurais pas pu amasser de quoi payer mes obsèques, si ça trouve. De toute façon, une vieille boîte de carton serait à la hauteur de mon estime de moi en ce moment.
Depuis ma naissance, je me suis adapté aux couleurs des autres. Comme un caméléon. J’ai dû me fondre dans le décor des différentes maisons dans lesquelles j’ai vécu, jusqu’à ce que vous veniez me chercher. J’ai eu des chambres de toutes les couleurs et tapissées de toutes sortes de choses.
Ce qui me fascinait, c’était la possibilité d’arrêter le temps et d’immortaliser des bouts d’une vie sur pellicule. En découvrant mon intérêt pour le comptoir de photographie, Maryse et Pierre m’ont offert mon premier appareil. Cette passion ne m’a jamais quitté, mais elle a évolué. Je suis passé du Kodak à l’effigie des Tortues Ninja au Canon professionnel que j’ai reçu pour mes dix-huit ans. J’ai des centaines d’albums photos de moments que j’ai capturés à travers ma lentille, comme pour fixer les instants de bien-être. Ceux que je capte quand plus rien ne me dérange.
Il prenait son pied avec la femme du cordonnier, qui ne le lâchait jamais d'une semelle.
Tout est interrelié. Il n’y a pas de hasard, il n’y a que le destin. Il n’y a pas d’épreuves trop lourdes à surmonter, il n’y a que des détours à prendre pour arriver là où l’on doit se trouver, au moment où il faut y être. Même si j’ai eu, moi aussi, de la difficulté à accepter le fait qu’il m’a caché la vérité pendant si longtemps, je peux maintenant affirmer que rien ni personne ne m’empêchera de profiter au maximum de celui que j’ai tant cherché…
J’ai lu beaucoup de livres dans ma vie. Je travaille ici depuis longtemps. Je peux dire que je connais le contenu de cette bibliothèque par cœur. Mais je n’avais jamais lu quelque chose d’aussi puissant et d’aussi vulnérable à la fois. Et je ne dis pas ça parce que c’est mon père. Il vient nous présenter une histoire dont je connais chaque mot, Père cherche fils, si affinités… Je vous demande d’accueillir chaleureusement Pierre Martel!
Je ne suis pas parfait, je ne le serai jamais. Je ne te demande pas de m’appeler papa, puisqu’un bon père n’aurait pas fait vivre tout cela à son enfant. Ce que j’espère, c’est que tu sauras me pardonner et passer pardessus toute cette histoire qui est la nôtre. Quand tu auras à ton tour ton poupon dans les bras, j’espère que tu auras une petite pensée pour moi.
Je regrette tellement ce que je t’ai fait ce jour-là, mon fils. Je regrette de n’avoir pas été assez fort pour te ramener avec moi et traverser cette épreuve qu’on venait de m’imposer, qu’on venait de nous imposer. À la place, je me suis mis à boire et boire encore en espérant que cette douleur s’en irait. Mais au réveil le lendemain matin, elle était bien présente. Ma famille ne me reconnaissait plus. Ils m’ont tous renié.
Jamais en dix-huit ans je n’aurais pu imaginer que mon père biologique était celui qui était venu me chercher à l’orphelinat le matin de mes sept ans. La réponse que je cherchais était tout près, mais me semblait si loin en même temps.
Personne ne se soucie de moi. Ils ne m’aiment pas. Je ne suis pas comme eux. Moi, je n’aime pas la vie. Il n’y a pas si longtemps, j’avais bien l’impression que je n’aurais plus à subir cette scène tous les jours puisque de nouveaux parents m’emmenaient loin d’ici, à Chicoutimi. J’aurais dû me montrer plus coopératif quand venait l’heure de me mettre au lit. Cela les aurait peut-être empêchés de me ramener aussi rapidement à l’entrepôt où l’on me restreint à me taper le chaos de cette heure obligatoire dans la salle de jeux du centre jeunesse.
Mes parents adoptifs n’ont rien pu m’apprendre sur elle. Ni sur mon père d’ailleurs. Ils ne connaissent pas son prénom. Tout ce qu’on a eu le droit de leur dire, apparemment, c’est ce que je viens de vous mentionner. Quand j’ai lu votre dernier roman pour la première fois, j’ai eu cette intuition très forte que vous étiez mon père. C’est inexplicable.
On m’a abandonné lorsque je suis venu au monde. Jusqu’à l’âge de sept ans, je n’ai eu aucun repère. Je vivais dans mes valises, à me promener à travers le Québec. Pas à la recherche d’une famille, mais plutôt à la recherche de deux personnes qui décideraient de me garder pour une période un peu plus longue que la précédente. Jusqu’au jour de mes sept ans, celui où Pierre et Maryse m’ont adopté. Pour moi, ça signifiait très peu à l’époque. Mais maintenant, je me rends compte qu’ils m’ont sauvé la vie. Ils m’ont permis d’avoir un domicile fixe et des points d’ancrage.
Tellement de souvenirs reviennent en moi! J’ai été cet enfant, moi aussi. Je fais signe à Jacques de m’attendre un instant. Avant qu’ils aient le temps d’atteindre l’escalier, je m’approche de la famille. En souriant aux parents, je mets un genou par terre et je tends la main à l’enfant pour le saluer.
Quel homme formidable! Malgré les hauts et les bas de nos onze années et demie de relation, il m’a permis de grandir et d’apprendre à me connaître, moi. D’apprendre à m’écouter et à suivre mon instinct.
Je meurs d’envie d’aller me blottir auprès d’elle, mais ce ne sera pas pour tout de suite. Beaucoup de travail m’attend. J’ai plein de photos à imprimer et tout autant de clichés à imiter. Je me rends sur la pointe des pieds jusque dans la chambre pour embrasser la belle sur le front. Elle ne bouge pas, signe qu’elle est bien endormie.
En silence, je le regarde s’en aller. Comme si je le perdais encore une fois. Comme s’il m’abandonnait encore, dix-huit ans plus tard. Je n’ai même pas eu le temps de lui dire qu’on se reverrait à la Grande Bibliothèque dimanche, avant qu’il retourne à Paris. Je n’abdiquerai pas aussi facilement. Je n’ai pas autant préparé cette rencontre pour obtenir comme seule réponse: «Merci d’avoir lu mes livres.»
Les meilleures décisions que tu prendras seront celles que ton cœur te dictera. Fais-toi confiance. Ce sont de gros changements qui surviennent dans ta vie. S’il y a quoi que ce soit, tu sais que tu pourras toujours compter sur moi. Je serai toujours là pour toi. En attendant, l’été sera là dans moins d’une semaine. Tâche de bien en profiter!