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Citation de aleatoire


Aujourd'hui que rien ne m'intéresse plus, je garde le souvenir d'instants magiques, fugitifs, insaisissables dans l'instant où ils se déroulent et dont l'éternité ne se fixe que prise au piège de la mémoire...
... Un endroit à skier dont j'ai parfaitement tout oublié, sinon qu'il s'agissait du versant français des Alpes. A la descente d'une "navette", un matin très tôt... l'aube encore indécise striée par des rafales de talc... un hôtel en béton recouvert de bois, imitation chalet, avec un bar au centre duquel ronronnait un poêle en faïence... rien d'authentique, mais je me fous complètement de l'authenticité des choses... il faisait chaud dedans et froid dehors... j'étais dedans et j'étais bien... derrière le bar en rondins, style Winippeg-Ségalo, une cassette dévidait un adagio... probablement de Mozart... quand c'est très beau et qu'on est pas bien sûr, c'est presque toujours du Mozart... la neige et la musique avaient la même lenteur, la même légèreté... et puis un con de barman m'a demandé si je désirais du lait dans mon café et tout s'est arrêté !... La neige continuait de tomber, le piano de jouer, mais ce n'était plus que de la neige et du piano..

Au cours de mes rondes de nuit, je ressasse des machins comme ça, vrais ou faux, à faire paraître la route moins longue. Sans quoi je fatigue et désespère. Bien sûr, je pourrais aller voir un film ou me faire sucer, mais après faudrait tailler la route quand-même, ça n'avancerait pas à grand chose. Du temps que je buvais c'était bien pratique, la lanterne magique se mettait en marche toute seule. Pas besoin d'aller aux renseignements, les fantômes venaient à moi avec leurs visas. Maintenant j'ai besoin d'aide-mémoire. Un jour je ne me souviendrai peut-être plus de rien du tout.

"Un intellectuel assis va moins loin qu'un con qui marche", j'ai écrit ça dans le temps. J'arrive finalement devant chez moi. Je dis devant chez moi par habitude, je devrais dire devant l'immeuble, puisque je ne m'y suis jamais senti chez moi. Heureusement le parc Montsouris nettoie tout ça à grands coups de verdure. A tel point que, si ça continue, la lumière orangée du réverbère juste en face n'arrivera plus à percer le feuillage du grand catalpa qui, chaque printemps, gagne davantage sur la rue. Je l'ai vu planter, cet arbre. Il n'était guère plus gros que la bite à Bébert.
Je pisse à petites gouttes sous le catalpa, sans envie, histoire de gagner du temps.

Pour le reste,... je mange ma soupe... je m'habille... je me déshabille... je fais des trucs intéressants comme de me raser... de vider les cendriers... de regarder mes chaussures... voyez, des occupations...

Nous n'irons plus au bois... Nous ne jouerons plus à la marelle... ni à colin-maillard... Nous ne fumerons plus de coquelicots... Nous ne dormirons plus avec les petites filles qui avaient les dents du bonheur...
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