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Citations de Michel Bitbol (31)


À côté de cela, les sciences n’ont rien de pertinent à dire sur l’expérience directe, située, exclusive, de la mort. Elles n’ont même pratiquement rien à m’apprendre sur ce que cela me fait d’être en train de mourir. Peu de chercheurs scientifiques se contentent pourtant de ces aveux d’ignorance. Enchaînés par une idéologie sous-jacente, ils affirment habituellement être certains que l’expérience de la mort est pur « néant », et que rien d’autre n’est à ajouter sur ce point. Leur conviction est analogue au vers concis d’Horace : « omnis una manet nox » (une même nuit nous attend tous). Mais cette déclaration, aussi courante et crédible soit-elle, se contente de projeter un fait objectif sur le plan de la subjectivité, de plaquer une idée abstraite sur le concret vécu. L’expérience partagée de la décomposition d’un corps humain au cours du temps se trouve simplement transposée en l’intellection d’une non-expérience durable de qui possédait ce corps.
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"Il n'y a pas d'intervalle, pas la moindre déhiscence, entre l'expérience et tout ce dont il y a expérience. Encore faut-il se rendre réceptif au fait sans pareil de cette totalité" (p.27)
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La pulsion vers l’universel laisse derrière elle une déchirure durement ressentie dans le tissu de l’existence.
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Le phénomène, c’est en somme ce qui se montre de soi-même, dans toute sa plénitude et sa nudité, sans aucune marque d’incomplétude ou de désignation imparfaite de quelque chose d’autre.
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La phénoménologie, le logos du phénomène, l’apophatique du phénomène, est donc le faire apparaître l’apparaître.
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La civilisation indienne, déclare Roberto Calasso, est ce moment singulier de l’aventure humaine dont le projet unique a été d’engendrer et de consolider un certain genre d’état de conscience, et de faire graviter autour de lui les gestes et les paroles d’une vie sociale perçue à cause de cela comme anhistorique.
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[…] selon Descartes, il n’y a que deux possibilités : soit nous avons une expérience et alors nous savons, « sentons », ou sommes réflexivement conscients que nous l’avons (en tant que res cogitans) ; soit, si nous ne sommes pas réflexivement conscients, nous n’avons aucune expérience et sommes alors de purs automates (relevant de la seule res extensa).
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Dans l’hypothèse où c’est le recueillement qui est recherché, le sage est plus naïf que l’être naïf, car il se précipite vers les lointains au lieu de se déployer dans le proche ; et l’être naïf a au moins la sagesse d’habiter son monde-de-la-vie mitoyen au lieu de courir sur les sentiers de l’univers. Si le sage, pour ne pas céder à la naïveté, voulait dépasser le geste et la parole, cela devrait être vers leur amont, vers l’expérience immédiate de leur réalisation, plutôt que vers leur aval et vers des futurs incertains. Il devrait demander au verbe de le reconduire à sa source vive plutôt que de l’égarer en le jetant à la poursuite de ses projets.
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Vous apercevez au loin une silhouette vaguement familière. De qui pourrait-il s’agir : un ami, un acteur de série télévisée, ou peut-être quelqu’un qui ressemble assez à l’une de vos connaissances pour avoir accroché votre attention ? Vous vous approchez et il s’approche aussi. Un malaise s’empare de vous au fur et à mesure que ses traits se précisent. Quelque chose ne tourne pas rond dans son comportement, son allure dégage une impression de plus en plus nette de déjà-vu, et en même temps vous le ressentez comme profondément inassimilable, inacceptable, presque antipathique. Ses gestes sont révoltants et incompréhensibles. Il ne fait pas que vous imiter, il se calque sur vous. C’est vous-même ! Vous-même vu sur une paroi dont vous comprenez à présent qu’elle est couverte de miroirs.
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Cela va de soi, et c’est pourquoi il faut le faire ressortir à partir de soi. Consentir à la stupéfaction du banal ; c’est ce que fait Merleau-Ponty comme tout vrai philosophe, et ce qui en ressort est un constat aux antipodes de la banalité : que le voyant est creusé dans la substance entière du monde visible. Le constat n’a rien d’intellectuellement choquant, à condition de ne pas conférer plus de sens au mot « monde » que ce qu’autorise le motif phénoménologique de sa désignation : non pas un grand objet exhaustif, sphérique et dur, mais simplement tout cela qui se montre. L’apparaître est excavé au milieu de l’apparition ; ni plus, ni moins.
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La vision se forme au cœur du visible. C’est l’expression de ce que nous vivons quotidiennement, dès que nous ouvrons les yeux et que nous consentons à nous laisser abasourdir par ce qui se présente alors : un vaste environnement fait de surfaces opaques ou opalescentes, qui se rapproche du regard en l’enserrant inexorablement par nos propres membres et notre propre thorax, puis qui s’ouvre brusquement en un cercle sans bords d’absolue transparence aux environs de nos orbites oculaires.
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À quelqu’un qui insisterait, qui soulignerait qu’aucun savoir de la
conscience ne peut être édifié si l’on ne peut pas définir son « objet », et qui s’obstinerait donc à demander ce que l’on peut bien entendre par le mot conscience, il conviendrait d’abord de répliquer sereinement : « Qui pose cette question ? » Car seul le réfléchissement de l’interrogation vers sa provenance a une chance, non pas certes de satisfaire à l’exigence du demandeur, mais de le remettre en présence du thème entier de sa requête.
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L’épochè sceptique suspend en principe des jugements discursifs, tournés vers la qualification des objets. Au maximum de sa portée, elle prend pour cible la croyance générale, entretenue par certaines philosophies « réalistes » ou dogmatiques, que nos connaissances atteignent la nature des choses telles qu’elles sont en elles-mêmes, et elle affecte cette croyance d’un fort coefficient de doute. En revanche, l’épochè proprement phénoménologique porte sur des vécus. Elle suspend la valeur pré-discursive de position d’objets de ces vécus ; elle neutralise la validité de la croyance tacite, dite « naturelle », en un monde extérieur réel ; elle descend en somme un étage cognitif plus bas que l’épochè sceptique. L’épochè husserlienne diffère aussi de l’épochè sceptique par sa finalité immédiate.
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Le logos […] montre, fait apparaître, ce dont il parle ; et, à partir du montrer, il établit ce qu’il énonce.
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[…] le terme chinois « Niu ni » […] désigne une charge excessive au cœur due à la nécessité d’assumer la persona, le masque du jeu social, contre l’ouverture « céleste » des possibles, contre la disponibilité sans limites d’une vie de sage.
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Une implicature est un acte de langage consistant à orienter indirectement le lecteur vers une conclusion sans l’avoir pour autant formulée. Une série de questions sous-entendant l’impossibilité d’un certain fait sans jamais le nier explicitement peut parfois suffire à emporter la conviction.
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Aperception et connaissance (du domaine mental), remplacent la plupart du temps dans le français de l’époque cartésienne le mot « conscience ».
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[…] la conscience peut être entendue (au moins) de trois manières :
1)comme pure expérience (on l’appelle aussi « conscience primaire » ou « conscience phénoménale » en philosophie analytique de l’esprit) ;
2)comme expérience en retour de l’expérience, ou plus pragmatiquement comme savoir quelle expérience il y a (on l’appellera « conscience réflexive ») ;
3)comme appréhension de soi-même en tant que sujet durable de ses actes et centre de perspective de sa propre expérience (on l’appellera « conscience de soi »).
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L’expérience n’est pas ailleurs ; elle est plus « ici » que quoi que ce soit d’autre ; plus ici que tous ses contenus, plus ici que n’importe quelle chose que l’on pourrait nommer ; plus ici encore que l’ici spatial. Elle n’occupe pas davantage un futur proche ou lointain ; elle est coalescente à la présence, y compris la présence de la tension vers le futur.
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Loin de s’identifier à ce qui nous est le plus lointain, le plus étranger, l’ « étrangement inquiétant » est souvent le plus insidieusement familier ; mais un familier qui a été repoussé à l’arrière-plan de notre champ habituel d’attention, un sanctuaire si proche et peut-être si gênant qu’il se trouve simplement traversé, négligé, ignoré.
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