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Critiques de Michel Meyer (15)
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Qu'est-ce que la philosophie ?

L' originalité de ce petit livre de Michel Meyer réside dans sa réponse -ou plutôt son re-questionnement- des fondements de la pensée en ce début de XXIème siècle, grâce à ce qu'il a appelé la problématologie.



Constatant le refoulement contemporain face à l'impossibilité de trouver des réponses satisfaisantes aux questions fondatrices du soi, du monde et d'autrui, et cela depuis Kant et les déclinaisons positivistes et nihilistes qui l'ont suivi, il propose dans cet ouvrage de revenir aux sources du questionnement socratique.



En effet, pour lui, penser, c'est questionner le questionnement lui-même. Michel Meyer n'hésite pas à développer son argumentaire en s'appuyant sur le raisonnement mathématique et sur les sciences modernes, faisant le parallèle avec la mécanique quantique s'opposant à celle de Newton. Dans un monde où tout est relatif, le réel se construit par étapes successives de questionnement et par des lois de statistique où différentes alternatives coexistent, bien loin du raisonnement déductif d'ordre propositionnel d'Aristote ou de Descartes.

Dès lors, la rhétorique traditionnelle du philosophe, renforcée par les découvertes de la linguistique et de l'épistémologire, prend un nouveau sens dans la démarche ontologique des anciens, rompant avec la subjectivité des modernes. L'absence de solution n'est pas un problème : ce qui donne sens au réel, c'est l'acte de questionnement métaphysique lui-même, la dynamique résolutoire progressive.

Enfin, s'appuyant sur une vision de l'Histoire chère à Hegel et Marx, sur un homo aeconomicus que Pareto n'aurait pas déjugé, et sur la rationalité très relative de l'homme social vu par Boudon ou K. Popper, il réinterprète le politique de la République de Platon à l'aune des "grandes" expériences totalitaires du siècle passé.

Dans ce dernier domaine, comme dans les précédents, Michel Meyer conclut toujours que philosopher, c'est oser repenser les fondements, et que cela est d'autant plus important dans le monde incertain et de plus en plus amoral que nous vivons. Questionner, c'est répondre à une exigence de l'Histoire, c'est remettre en cause l'opposition éculée entre sciences humaines et sciences de la nature, c'est aussi ne pas s'enfermer -en bon aristotélicien- dans les excès d'idéalisme ou de réalisme, c'est enfin donner sens au réel, au présent, en lui permettant de se transcender.



Un petit bouquin de 150 pages cohérent, bien pensé, qui amène le lecteur à se requestionner, sans le perdre en route. Merci M. Michel Meyer.







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Qu’est-ce que le refoulement ?

Cette lecture débutait franchement mal : dans le cadre de masse critique j’attendais un écrit d’essence psychanalytique sur la notion de refoulement et me voici en tête à tête avec un philosophe inconnu, du moins de ma petite personne, mais dont le statut de professeur de philosophie à l’Université de Bruxelles suffit néanmoins à aiguiser ma curiosité … Pression supplémentaire, je compris dès les premières pages que cet homme n’était ni plus ni moins que l’initiateur du courant de la problématologie, ou la théorie du questionnement, alors excusez-moi du peu mais la tâche me paraissait ardue.

Je me suis accrochée, j’ai joué le jeu. J’ai lu et relu, gobergé et absorbé, un peu dans la douleur, comme dans un revival de mes cours de philo de terminale au moment de l’ingestion des textes d’Emmanuel Kant … Un peu panique à bord quand même… Je suis ensuite passée à la phase travaux pratiques, genre « ce que j’ai compris, je l’applique », exemple : s’efforcer de non plus s’intéresser aux réponses mais plutôt aux questions qui les précèdent, parce que d’après Michel Meyer et pour citer Roger-Pol Droit, nous commettons souvent l’erreur suivante : « Au lieu de considérer l'interrogation comme la base de l'activité intellectuelle, nous cherchons systématiquement des certitudes, c'est-à-dire des réponses définitives capables de faire disparaître les questions. » Ah ! L’effort paye ! Et je retrouve là mon si cher concept de refoulement, ici refoulement des questions, que mon belge de philosophe récupère à son compte et s’approprie en énonçant et posant le refoulement problématologique, ou refoulement du questionnement. Jusque-là, je gère.

Seulement voilà, ce n’est pas si simple… voire trop facile, parce que ce refoulement peut être de nature faible ou forte ; c’est-à-dire que dans le premier cas, on se questionne beaucoup, genre Socrate ; alors que dans le deuxième cas, le refus des questions est élévé, privilégiant les identités fortes genre les mathématiques. Et dans un cas comme dans l’autre, il faut rétablir l’équilibre non ? C’est naturel, alors il est fait appel au refoulement apocritique. Bref, je résume : un refoulement peut en cacher un autre, c’est ce que Meyer nomme la double mécanique, soit un équilibre entre le rejet des questions et le rejet des réponses, phénomène inversement proportionnel. Waouh.

Et quel est le point de départ du refoulement problématique et de son pendant ? L’Histoire bien sûr, plus exactement l’accélération de l’Histoire, car, lorsque le cas se présente : fi des valeurs, des pratiques, des réponses acquises, il n’y a plus trop de différences entre les questions et les réponses, le refoulement problématologique est alors faible. C’est fou mais ça commence à me plaire cette théorie, surtout lorsque Michel Meyer revoit l’histoire de l’art ou des sciences au prisme de sa logique, rien à dire : ça se tient ! Je n’adhère pas encore mais je suis sous le charme… Vous ai-je convaincu de vous lancer à votre tour ?









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Petite métaphysique de la différence: religion,..

Michel Meyer, philosophe belge a priori peu connu, signe là un ouvrage fort intéressant, à plusieurs titres.

D'abord, en 144 pages, et sans alourdir le propos de citations inutiles, il propose dans ses références et concepts un dialogue riche entre de nombreux penseurs : partant de questionnements proprement aristotéliciens, il élargit le propos en direction de Freud et Sartre lorsqu'il interroge l'individu et autrui, renvoie à St Augustin ou Max Weber lorsqu'il parle de religion, à Lévi-Strauss, Goffman et aux économistes classiques lorsqu'il met en rapport individu et société, en passant par Karl Marx ou Kant lorsqu'il introduit le sens de l'Histoire.

Ensuite, la richesse de ce dialogue ne perd pas de vue la thèse principale : il s'agit de s'interroger sur l'identité et la différence. Bien entendu, c'est là un questionnement d'actualité, qui a justifié au départ en ce qui me concerne l'intérêt porté à ce livre.

Pour suivre les développements de l'ouvrage, comme bien souvent, il faut se référer au sous titre : religion, art et société. C'est là le fil directeur. Michel Meyer questionne la différence d'abord au coeur même de l'individu, dans son corps et son rapport au divin et à la mort. Questionnement fondamental renvoyant à nos ancêtres et aux premières tombes neenderthaliennes ...Ensuite, fort logiquement, il poursuit sa réflexion autour de la religion, montrant comment le sacré propose une pacification de l'opposition intime identité-différence... sans y parvenir. Puis, avec la montée de l'individualisme et la désacralisation, il substitue chronologiquement l'art à la religion. L'art tente d'exprimer -et donc résoudre- l'intime conflit entre individualité et différence, mais n'y parvient pas non plus, car en perpétuelle évolution, dans le mouvement de l'Histoire, perçue comme grammaire que comme philosophie à part entière.

Enfin, cette grammaire historique le conduit à appréhender la différence sous l'angle des rapports sociaux à un instant T, et des mouvements qui viennent ébranler les rapport établis, cela d'autant plus vite dans les sociétés démocratiques contemporaines. En transposant des concepts d'économiste à une réflexion sur les société démocratique, il développe alors une thèse intéressante décrivant le régime démocratique comme un peu "schizophrène", prônant à la fois le respect de la différence, le droit à la différence, et cherchant à la fois à gommer cela au nom de l'égalité et du vivre-ensemble. C'est là sans doute, pour moi, la partie de son ouvrage la plus actuelle, qui renvoie chacun à une réflexion sur la morale, l'éthique, et la justice.

Ce livre, comme il l'écrit lui-même, ne donne pas UNE solution, dans la tradition de la Critique de la Raison Pure ou Pratique, mais DES réponses à différents niveaux, à interpréter par chacun dans sa vie intime, religieuse, interpersonnelle ou citoyenne, dans la tradition d'Aristote et des penseurs antiques. Suivant sa conclusion, un ouvrage non moderne mais contemporain...

A titre de conclusion personnelle, ayant ouvert ce livre par intérêt pour le thème, je le referme avec la satisfaction d'avoir assisté à un dialogue large, bien structuré -et donc facile à suivre-, qui me conforte dans mon goût pour les philosophes anciens en vue de mieux comprendre le présent.

Je ne me suis ennuyé qu'à la lecture des 2 courts chapitres relatifs à l'art... trop "intellectuels" à mon goût...

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Qu'est-ce que la philosophie ?

L'ouvrage est un jeu sur l'intertextualité en philosophie ; il crée des réseaux de sens étranges et détonnants qui forcent le lecteur à puiser dans ses connaissances pour en repérer le côté subversif... L'auteur crée donc un texte original sur la base d'autres textes précédemment écrits et leur donne le sens qu'il souhaite leur donner... souvent contre leurs auteurs !



Tout étant affaire de définition, il faut renommer le terme de "philosophie", qui devient la "problématologie", terme qui devrait susciter un brin de scepticisme. La problématologie consiste à faire de tout un problème (la réalité est un problème) et naturellement, on ne peut aboutir à aucune réponse, ni même de piste de réponse, et encore moins de méthode, mot affreux pour avoir été employé par l'autre nom de l'Antéchrist pour ce courant de pensée ludique : un certain René D.



La problématologie, c'est dire : "tout est un problème donc rien n'est sûr, débrouillez-vous". Ainsi, René est un logicien (p.28), sa méthode est une rhétorique (pp. 94-5), les autres philosophes ne sont qu'abordés : c'est normal, c'est toujours le roi René que l'on veut décapiter quand on fait de la philosophie analytique. Bien sûr, on évoque Aristote dix fois plus que Platon, l'art est une imitation, l'auteur décrit ce qu'il voit et commente les autres sans jamais faire preuve d'authenticité ni dire ce qu'il pense (il ne pense pas sans doute), il ne parle que de logique, il parle de science (sans donner l'impression qu'il sache ce que c'est) et l'homme est un animal : c'est toujours la même chose, dit différemment.



En conclusion, si c'est un texte qui fait "comme si" c'était une réflexion authentique, alors c'est une fiction dans le genre "scepticisme", une variation amusante sur le thème : je pique des arguments à droite à gauche et je vais jusqu'à prétendre que je vous ferai passer le terme "problématologie" pour sérieux (performance humoristique). Et si l'auteur est sérieux, alors il nous prend franchement pour des imbéciles, ce qui n'entravera sans doute pas son succès : Lagaff en avait eu avec "il est beau le lavabo", Meyer en aura sans doute avec la "problématologie".



Pour Meyer et ses camarades analytiques, la vérité est une illusion et il faut en faire un jeu : le livre propose de jouer, on peut jouer avec lui... mais n'oublions pas de quitter la partie pour revenir dans le monde réel...
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Mur de Berlin, le monde d'après

Très brouillon, disparate, ne traitant que partiellement du sujet. Impossibilité de déceler un plan (ou même, ce qui est pire, une pensée logique). De plus il y a de multiples références très désagréables à des caractères ethnico-géographiques particulièrement idiots, datés et malsains. Une lecture désagréable, un travail bâclé. En prime un paragraphe entier se retrouve dans deux chapitres différents!
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De l'insolence

Pour s'oxygéner l'esprit !



L'insolence n'est pas forcément synonyme d'incivilité ou d'impolitesse.



L'insolence peut être bénéfique et salvatrice. C'est par insolence et esprit de contradiction que parfois la curiosité est titillée et que l'on va aller plus loin.



Propos intéressant s'il en est. A mettre dans toutes les mains !
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La problématologie

Dialectique et différence problématologique :
Lien : http://didier-moulinier.over..
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Principia rhetorica : Une théorie générale de l..

L'ethos, le logos et le pathos seront au menu de cet ouvrage que sir Michel Meyer a rédigé sur les genoux de Perelman.



Un moment de détente si vous avez lu critique de la raison pure de Kant et métaphysique des tubes d'Amelie Nothomb.

Pour les autres, la trichotillomanie vous attend!



Bonne chance :)
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De la problématologie

Voilà un essai qui entend questionner l’être de la question et non la question de l’être. Pour Meyer, ce n’est pas la différence ontologique heideggerienne qui fait historialement question, mais la différence problématologique, c’est-à-dire le rapport de la question à la réponse en tant qu’elle est réponse à la question. Le grand impensé de la philosophie occidentale n’est donc pas l’être mais bien plutôt la question socratique, trop vite réduite par le propositionnalisme, c’est-à-dire l’attitude qui vise à considérer le primat des propositions assertoriques. Meyer a ainsi l’originalité de considérer que la métaphysique classique (dans laquelle il range étrangement Heidegger) et la philosophie analytique font tous les deux la même erreur. On pourrait pourtant s’interroger sur ce rejet de l’ontologie, et même sur la possibilité d’une ontologie problématologique : Meyer oublie que la multiplicité n’est pas nécessairement niée ou évacuée dans l’Un-multiple, qu’il y a subsomption et non pas nécessairement résolution au sens de la dissolution du problème telle qu’elle se présente chez Wittgenstein, Heidegger ou Descartes (il reproche à l’ontologie d’éliminer le problème de la multiplicité tout en posant le problème des multiples, alors qu’on peut faire de l’être le problème même, plutôt que l’élément assertorique suprême). Peut-être pourrait-on évoquer le renversement deleuzien du platonisme, qui maintient la teneur du problème une fois sa résolution immanente accomplie. Le problème pour la problématologie serait pourtant, comme il est loisible de le penser, l’immanence de la réponse à la question, et la négligence de l’aspect interrogatif et problématique au sein du problème même : le problème demeure toujours, mais sans vraiment poser problème. C’est d’ailleurs ce que critique Meyer chez Descartes : Descartes pose une question problématologique enfermée dans la rhétorique, car il fait du doute hyperbolique une réponse assertorique. Nier la possibilité de douter de soi est alors nier la question originelle, ce qui instaure ainsi une circularité. La réponse serait en effet déjà dans la question, et le doute, sur lequel est censé reposer l’édifice, n’est alors plus vraiment présent ou considéré. Pour Meyer, c’est bien l’interrogation elle-même qui doit constituer le véritable primat, le véritable point de départ philosophique. Alors que Meyer écrit en pleine crise du cartésianisme, il doit justement reposer un tel fondement, qui n’est rien d’autre que le problème lui-même. Mais qu’est-ce que véritablement la différence problématologique ? Il faut distinguer la réponse apocritique, propositionnellement formulable, et la réponse problématologique, qui se réfère directement au problème, à la question. Mais cette différence ne part pas de la réponse elle-même (ce qui serait d’ailleurs retourner dans l’erreur du propositionnalisme), tant et si bien qu’une réponse est à la fois apocritique et problématologique en tant que telle : c’est son rapport à la question qu’il s’agit alors d’élucider. Au fond, l’erreur du propositionnalisme est la suivante : toute référence, à une entité empirique ou à un être, suppose déjà la question, même si elle est refoulée, parce que c’est de quoi il est question qui est ici en question, en tant qu’il est questionné. Qu’est-ce qu’alors l’être de la question pour Meyer ? Un opérateur problématologique.



L’essai est globalement très rigoureux et exhaustif et présente une richesse conceptuelle très correctement formulée. Il est clair à qui sait réfléchir, et on sent que rien n’est laissé au hasard (assertorique).
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De la problématologie

Un essai très complet, très intéressant. L'occasion de rendre hommage à Meyer qui est mort cette année. Sa participation à la philosophie se fait par la réouverture originale de thèmes classiques : en ce sens, il apporte sa pierre à l'édifice - par la problématisation permanente. Mais ce n'est pas n'importe quelle pierre. L'ouvrage de Meyer doit absolument être lu car en plus de caractériser l'histoire de la philosophie il oriente la pensée elle-même.
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Découverte et justification en science

Pour ceux qui, comme moi, pensent que la question posée est plus importante que la réponse qu'on pense lui apporter.



Extrait de la quatrième de couverture :



En se situant au-delà du logicisme réducteur et du psychologisme irrationaliste, Découverte et justification en science s'attache à mettre en évidence l'activité questionnante du processus de recherche scientifique, et à démonter le mécanisme logique qui engendre les découvertes. A côté de la logique traditionnelle qui est celle de la justification, il existe une autre logique, irréductible au calcul mathématique, qui est la métaphorisation. Celle-ci, en tant qu'elle est la démarche de tout esprit créateur de résultats, se différencie des processus de recherche tels qu'ils ont été analysés jusqu'ici : les conceptions de Popper et de Kuhn, ainsi que la théorie de l'induction de Hume, de l'abduction de Peirce, de la rétroduction de Hanson, sans oublier l'associationnisme et l'intuitionnisme chers aux psychologistes, font l'objet d'un examen approfondi.



L'auteur envisage également le langage de la science en termes de questionnement. Le savant, comme tout locuteur, parle de ce qui fait question pour lui, même si le problème posé dont il est question dans son discours demeure implicite à titre de présupposé. Les théories de Frege, de Russell et de Wittgenstein sur la formalisation des langages se trouvent intégrées dans une vision unitaire de l'activité discursive, pour laquelle le contexte d'interrogation et de réponse situe toute intelligibilité possible.
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Qu’est-ce que le refoulement ?

L'auteur fait appel au concept psychanalytique du refoulement pour comprendre l'histoire de la philosophie, mais aussi de l'art, et l'histoire tout court. Il distingue plusieurs types de refoulement (problématologique et apocritique) à l'oeuvre dans les champs du savoir. Si l'idée paraît d'abord intéressante, ce court texte apporte des réponses rapides et sans doute un peu à l'emporte pièce à des sujets compliqués. Une tentative intéressante donc mais qui aurait gagné à être approfondie, circonscrite, détaillée.
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La rhétorique

Livres jargonant et prétentieux destiné aux collègues de l'auteur et non à l'honnête homne. Ne peux en aucun cas servir d'introduction au vaste sujet qu'est la rhétorique. Lire plutôt l'"introduction à la rhétorique" d'Olivier Reboul, toujours aux puf, dans la collection premier cycle.
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Qu’est-ce que le refoulement ?

Ed de l'Herne, 2012



Freud considère le refoulement comme la pierre angulaire de la psychanalyse. L'esprit humain refoule ce qui est déplaisant dans l'inconscient tout en affectant le conscient. Si, pour Freud, le refoulement porte originairement sur la pulsion sexuelle au sein de la structure familiale, l'auteur considère au contraire le refoulement porte plus généralement sur le corps en tant que problème. C'est-à-dire sur les pulsions biologiques.



Le refoulement, c'est la mise à distance de sa condition corporelle, cela commence par transformer les pulsions (faim, peur de la mort) en plaisir. L'idée étant de ne plus sentir son corps en tant que problème, d'où la distinction entre le corps et l'esprit. C'est un refoulement rhétorique : le corps est toujours là mais il ne se pose plus comme problème grâce aux réponses qui l'avalent. La rhétorique se présente donc comme le langage de l'inconscient. En refoulant son corps, on s'en libère comme problème et je puis alors croire que je ne suis plus ce corps que je ne veux pas être. Au maximum, j'ai un corps. La conscience est donc l'effictivité du refoulement du corps, un refoulement qui pour être efficace doit également être refoulé. Les années 1960, en se présentant comme l'époque de la libération du corps, modifient en réalité la nature du refoulement du refoulement. Si la corporéité est toujours aussi envahissante, le corps s'expose comme objet social.



Dans ces conditions, le refoulement porte sur le traitement du problématique en général. Il maintient le problématique hors du champ des réponses. La problématologie est la pensée qui articule cette distinction questions/réponses.



A partir de cette première analyse, l'auteur va examiner l'histoire du refoulement, ce qui l'amènera à dissocier le refoulement problématologique (qui s'affaiblit avec l'histoire et devient une source d'inspiration pour les arts) du refoulement apocritique (qui répond au premier pour rechercher une solution). Après le déclin de la philosophie, le refoulement apocritique se trouve à l'origine d'une mathématisation des sciences et de la nature.



Cet ouvrage court et très bien fait offre une grille de lecture très intéressante de ce qu'est le refoulement. On en ressort naturellement des questions pleins la tête puisque l'auteur souhaite resituer la philosophie dans sa fonction première qui est de s'intéresser aux questions, d'examiner ce qui pose problème. Elle laisse à la science le soin de trouver les réponses et c'est pourquoi si cet ouvrage permet de mieux appréhender le refoulement, il n'offre aucun élément de réponse. Il faut s'accrocher pour suivre le raisonnement de l'auteur mais cela reste un ouvrage clair.
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Principia rhetorica : Une théorie générale de l..

Critique de Maxime Rovere pour le Magazine Littéraire



Dans notre société dominée par l'impératif de communication, la rhétorique, entendue comme théorie du discours persuasif, est devenue centrale. Après une longue occultation, elle est réapparue dans la seconde moitié du XXe siècle, à travers deux courants distincts. D'une part, Genette, Barthes, le Groupe Mu ont élaboré une rhétorique des figures, tournée vers la stylistique. De l'autre, Chaïm Perelman (1912-1984) a mis en avant une rhétorique de l'argumentation centrée sur le logos. Michel Meyer, son successeur à l'université libre de Bruxelles, tâche aujourd'hui d'offrir une vision cohérente et unifiée de la discipline. Michel Meyer propose d'aborder la rhétorique par trois concepts fondamentaux : l'ethos, qui exprime le point de vue des valeurs soutenues par le locuteur, le logos, qui relève du style, et le pathos, qui engage l'émotion. Ces trois aspects président à l'articulation des questions et des réponses, dont certaines unissent les interlocuteurs et d'autres les divisent. Par conséquent, « la rhétorique est la négociation de la distance entre des individus à propos d'une question donnée » (p. 21).

Ainsi, l'approche que le philosophe nomme « problématologique » considère que la question est fondamentalement partout, mais inexprimée : « Si je dis à une femme qu'elle est belle, c'est une manière figurée de lui signifier autre chose, que je ne puis peut-être exprimer littéralement sans être vulgaire » (p. 90). Si le problématique définit les questions que nous nous posons, et qui évoluent dans l'histoire, le problématologique désigne la structure qui fait problème et pousse à parler. Le champ argumentatif est donc régi par deux lois : selon la loi d'unité, une réponse peut être une bonne raison d'en affirmer une autre, qui répond à une autre question ; selon la loi de la distance entre individus, tout accord ou désaccord concrétisé dans le discours peut être interprété comme une différence intersubjective. Moralité : « Ce que l'action par le logos ne permet pas de réaliser, le travail sur la distance intersubjective y parviendra peut-être » (p. 95). C'est à partir de là que la rhétorique devient l'art d'avoir raison.

En maître d'armes, Michel Meyer peut alors détailler, autour de l'axe ethos-pathos-logos, les formes de l'argumentation. S'il avait été plus découpé, son texte aurait pu valoir comme un manuel de stratégie verbale. À le lire, des bribes de débats politiques reviennent en mémoire... Des disputes personnelles... D'anciennes amours... L'auteur montre les mille et une manières de faire apparaître ou disparaître la problématicité des réponses : il n'est que de s'installer lucidement dans ce qu'il appelle « l'interaction rhétorique ».

Le jeu de l'interlocution est plus complexe que vous d'un côté et moi de l'autre. Pour approfondir ces rapports, Meyer revient en détail sur ses trois concepts fondamentaux. Il dégage ainsi dans l'ethos plusieurs dimensions qui montrent comment en tirer parti : si l'on veut augmenter la distance, on ramènera l'ethos du côté de l'autorité ; si l'on préfère la diminuer, on penchera du côté de la justice. Dans tous les cas, l'ethos apparaît comme une image littérale de soi, qui oblige l'interlocuteur à vérifier ce qu'il en est effectivement. Vient ensuite le logos. La fécondité du langage se comprend comme une possibilité de rebondir à l'infini partagée entre les interlocuteurs : « S'interroger sur une question, alors qu'on a déjà la réponse, est la source du dialogue » (p. 161). Le langage est donc moins un ensemble de propositions que de réponses, dont la fonction la plus fondamentale est celle de... faire question !

Enfin, le pathos désigne l'aspect affectif de la relation rhétorique. « La passion [est] l'expression subjective d'une valeur, un jugement implicite modulé selon l'axe du plaisir ou du déplaisir » (p. 176). Or les valeurs ne sont pas des normes absolues et transcendantales : elles ont pour origine les différences entre individus qui fondent la vie du groupe. Cette définition dialogique de la communauté suggère que les individus se réunissent moins autour de ce qu'ils ont en commun que sur des différences qu'ils établissent entre eux. La logique des valeurs consiste alors à mettre à distance (voire à sacraliser) ce qui doit être différent. Elles se définissent ainsi au revers des passions : « La passion, c'est la valeur réduite à une simple réaction subjective. Et, inversement, la valeur, c'est la passion moins la réponse subjective et émotionnelle » (p. 194).

Tout cela donne envie d'oublier les imprudences de l'auteur concernant la famille, la vie, la religion... Son enseignement est ailleurs : « L'illusion rhétorique consiste à croire que les arguments de chacun comptent, alors que l'objet de la réunion et du dialogue est plutôt la reconnaissance mutuelle du rôle de chacun. »
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