Mireille Delmas-Marty : " Aucun état ne peut faire face, seul, au dérèglement climatique " .
Politique migratoire : une affaire d?Etats ?
Le Débat du Grain à Moudre sur France Culture avec
Mireille Delmas-Marty, juriste, professeur honoraire au
Collège de France et
François Gemenne, politologue, chercheur à Sciences Po Paris et à l?Université de Liège.https://www.franceculture.fr/emissions/du-grain-a-moudre/politique-migratoire-une-affaire-detats
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Dans un courant d'expression libertaire à la fin des Ming, Li Sancai ( ?; 1623) un fonctionnaire résistant écrit des mémoires de ce type à l'empereur Wanli.
""""""[Que votre Majesté] y réfléchisse un moment dans le calme de la nuit et dans le confort de Son Palais : Son sage coeur peut-il supporter cela, ou est-ce impossible ? Etre en paix, ou est-ce impossible ? Votre serviteur sait qu'Elle ne peut le supporter, qu'Elle ne peut rester en paix. Il y a les désirs [litt. "le coeur", xin] d'un seul homme, mais il y aussi ceux de la multitude [de ses sujets]. Votre majesté aime les perles et le jade, mais les gens aiment pareillement être au chaud et bien nourris. Votre Majesté aime [l'idée que ses descendants se succèderont pendant] dix mille générations, mais les gens sont pareillement attachés à leurs femmes et à leurs enfants. Comment Votre Majesté peut-elle vouloir que Son or s'entasse jusqu'à l'étoile Polaire et empêcher que le peuple arrive à mettre en réserve un seul boisseau de balle de grain ? Comment peut-elle vouloir assurer à Ses enfants et petits-enfants un avenir de mille et dix mille années et empêcher le peuple de prévoir le matin ce qui lui arrivera le soir ? Consultez les documents du passé : a-t-on jamais vu la cour émettre de pareilles directives, l'Empire présenter un tel aspect, sans que ce soit la rébellion ?"""""
Partant du constat que la mondialisation semble prise dans un tourbillon de vents contraires, on proposera de se laisser guider par la métaphore du souffle : du souffle comme esprit, à l'esprit comme énergie, puis à l'énergie comme action.
Un texte dont on escompte une acceptation universelle peut à l'évidence difficilement satisfaire les exigences de tous les droits constitutionnels. Ce qui, dans certains cas, ne saurait faire l'objet d'aucune objection ou d'aucun obstacle sur ce terrain est susceptible de représenter dans d'autres Etats une atteinte à l'ordre constitutionnel.
En attribuant à la justice pénale une fonction punitive et dissuasive mais aussi préventive voire prédictive dès lors que les dispositifs de l'antiterrorisme remontent de plus en plus loin en amont du passage à l'acte, les systèmes juridiques risquent d'alimenter l'illusion d'une sécurité absolue,au nom de laquelle la société en viendrait à légitimer peu à peu le sacrifice de toute les libertés.
Ainsi avons-nous observé que la sécurité sans liberté conduit au totalitarisme tandis que la liberté sans sécurité mène le monde au chaos. De même, la compétition sans coopération peut conduire au règne de la force (force économique, force militaire, etc.), alors que la coopération sans compétition est souvent inefficace. Et l'on pourrait compléter les exemples à propos des quatre autres vents : l'innovation sans la conservation peut conduire à l'effondrement de la planète, mais la conservation sans innovation paralyse ; l'exclusion sans l'intégration, c'est l'enfermement, l'éloignement ou la guerre, mais l'intégration sans exclusion peut aboutir à une fusion mortifère.
L'Etat partie est tenu de "céder" sa compétence à la CPI s'il "n'a pas la volonté ou est dans l'incapacité de mener véritablement à bien l'enquête ou les poursuites" (art. 17, SR en conformité avec l'article 1er et le dixième paragraphe du Préambule). En définitive, même si le Statut de Rome ne prévoit pas une obligation explicite d'adapter les législations internes pour juger au niveau national les crimes internationaux, on ne peut nier que le but de cet instrument supranational est de contraindre les Etats à prendre en charge-prioritairement-le jugement de ces crimes. C'est ce qu'exprime le principe de complémentarité qui est la marque même du Statut : d'une part, on laisse aux Etats la priorité pour juger ; de l'autre, on menace les Etats de perdre une part de leur souveraineté punitive. De cette façon, par le biais du système de la complémentarité, le SR provoque, indirectement, l'adaptation des législations nationales (en ce qu'il "opère" telle une "menace" de perte de juridiction et, par conséquent de souveraineté).
Chen Duxiu (1879-1942) : il prend part à la révolution de 1911, puis au mouvement du 4 Mai, à la création du PCC, dont il est le premier secrétaire général, et à la première collaboration entre le PCC et le Guomindang. Puis il est attiré par le trotskisme, qu'il dépasse rapidement pour retrouver la démocratie vers la fin de sa vie. Il écrit ainsi, en 1940 : """"""La dictature du prolétariat, ca n'existe pas. C'est la dictature d'un parti et, en fin de compte, celle d'un dirigeant. Toute dictature est inséparable de la violence, du mensonge, de la tromperie, de la corruption et de la pourriture morale.""""""
Vers la fin de la dernière dynastie, les Qing, se crée un espace politique local, les sociétés d'étude (xuehui). Une formule mobilisatrice trouvait son expression institutionnelle dans le concept d'"autonomie locale" (difang zizhi) qui symboliserait le dépassement des intérêts particuliers et des barrières identitaires entre groupe sociaux. ""Que les ressources locales servent aux affaires locales, que les gens du pays gèrent les affaires du pays"" (yi difang zhi cai ban difang zhi shi, yi difang zhi ren ban difang zhi shi)
Traditionnellement, les peuples, unis par leur histoire et ses particularismes, avaient adopté des déclarations d'indépendance. Aujourd'hui, les habitants de la Terre, s'ils veulent s'unir dans leur désir d'avenir, doivent reconnaître leurs interdépendances afin de les transformer en un destin commun. Il ne s'agit pas d'aller vers un universalisme fusionnel improbable - et redoutable s'il devait être imposé par l'une des grandes puissances - mais vers la promotion d'objectifs communs.
(...) l'accord de Paris prouve la capacité de la communauté internationale à dépasser la vision inter-étatique pour se reconnaître un destin commun, annonçant peut-être l'entrée dans une communauté véritablement mondiale, car interhumaine. Particulièrement bienvenu à l'heure où la peur de l'autre (le terroriste mais aussi l'étranger, fût-il demandeur d'asile) risque d'embraser la planète et de conduire à une sorte de guerre civile mondiale permanente, l'accord de Paris est encore bien fragile.