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Critiques de Moacyr Scliar (17)
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Max et les fauves

Max Schmidt est contraint de quitter Berlin pour échapper aux nazis qui prennent le pouvoir sur son pays. Le cargo qui l'emmène vers le Brésil fait naufrage et le voilà piégé avec un jaguar sur un canot précaire. « Pourquoi avait-il fallu qu'il fréquente une femme mariée ? Pourquoi s'être lié d'amitié avec un gauchiste ? » (p. 28) Finalement sain et sauf, il s'établit au Brésil et mène une existence de colon, laborieuse et simple, mais heureuse. Hélas, les fauves ne cessent de le poursuivre et de surgir devant lui.



Qui sont-ils, ces fauves annoncés dans le titre ? Certainement pas de simples félins majestueux, mais des regrets, des souvenirs, des peurs, des fantômes... Avec ce court roman, Moacyr Scliar raconte brillamment cette part d'Histoire qui lie l'Amérique du Sud à l'Allemagne. Et je découvre donc l'épisode de la barque et du félin a inspiré Yann Martel pour son roman, L'Odyssée de Pi. Comme quoi, rien n'est jamais écrit et tout l'a déjà été. Le texte de l'auteur brésilien m'a beaucoup émue et je vais poursuivre ma découverte de son œuvre.
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L'armée d'un seul homme

À Porte Alegre, tout le monde appelle Mayer Guinzburg « Capitaine Birobidjan ». Ce rêveur veut fonder une société idéale, un communisme parfait, d'abord avec des amis, puis seul avec une chèvre, une poule et un cochon. Il refuse de transiger avec les valeurs qu'il suit obstinément. « Birodjan savait qu'un mensonge progressiste valait mieux qu'une vérité réactionnaire. » (p. 77) Personne ne comprend cet illuminé et ses délires utopiques, et certainement pas son épouse. Sans cesse en butte au reste du monde et systématiquement désespéré par l'échec de ses projets, le Capitaine reste fidèle jusqu'au bout à ses idéaux.



J'ai moins apprécié cette fable politique les autres romans de Moacyr Scliar que j'ai lus. C'est une courte lecture agréable, mais qui m'a laissée un peu insatisfaite. Du même auteur, je vous conseille Max et les fauves, Les léopards de Kafka et Les dieux de Rachel.
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Les léopards de Kafka

Roman de Moacyr Scliar.

Pour honorer la promesse faite à son ami Iossi et afin de faire avancer le combat trotskiste, Benjamin quitte son shtetl de Bessarabie pour Prague. Là-bas, il doit rencontrer un écrivain qui lui remettra un texte qui révélera sa véritable mission. Mais en chemin, Benjamin perd les informations qui lui auraient permis de reconnaître l’homme et de déchiffrer le message. « Tu es arrivé jusqu’ici exactement pour cette raison, pour t’entendre dire qu’il te faut rentrer chez toi, afin d’y trouver une solution à tes problèmes. » (p. 42) Benjamin refuse de décevoir son ami et de trahir la cause. Seul, il essaie de retrouver l’écrivain, puis croyant l’avoir trouvé en la personne de Franz Kafka, de déchiffrer son message pour remplir sa mission. Tout devient indice, tout devient suspect, tout devient sujet à interprétation. Dans sa quête aveugle dans une ville inconnue, Benjamin croise autant d’oracles que de sphinx. « Tout repose sur des correspondances qui n’existent pas. » (p. 89) Des années plus tard, exilé volontaire en Amérique du Sud, Benjamin comprendra enfin la vraie valeur du texte que lui a confié l’écrivain tchèque.

Après Max et les fauves, je découvre un autre texte de l’auteur juif brésilien. La puissance de la mémoire et des souvenirs y a la part belle, tout comme l’indéniable pouvoir – à double tranchant – des histoires : celles qu’on se raconte, celles qu’on entend et celles qui façonnent nos identités. « La fiction est une création qui échappe à tout contrôle. On commence par écrire, par inventer et qui sait où tout cela vous mène ? Et puis, pourquoi écrire des livres ? L’essentiel est déjà consigné dans la Torah ? » (p. 42) Avec un plaisir gourmand, j’ai retrouvé l’histoire du golem créé par le rabbin de la synagogue de Prague, découverte dans L’énigme du fils de Kafka de Curt Leviant. De là à me donner follement envie de relire cet ouvrage, il n’y a qu’un pas que je vais rapidement franchir ! Et je vais aussi reprendre l’œuvre de Franz Kafka que l’adolescence ne m’a pas permis d’apprécier à sa juste valeur.

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Le cycle des eaux

Lu dans le cadre de la Masse Critique Littéraire, je remercie Babelio pour la sélection et les éditions Folies d'Encre pour l'envoi de ce livre assez étonnant.



Je dois dire que je m'attendais à autre chose, un style plus "classique" ou du moins plus historique dans les faits que l'auteur nous conte.



C'est un style assez particulier. Il n'y a pas de chapitres, mais on change souvent de narrateurs, notamment entre Esther et Marcos, les deux protagonistes principaux. Le roman est court, il ne tient que sur 170 pages. La plume de l'auteur est agréable. Et malgré un style peu banal, la lecture n'en est pas moins aisée.



En ce qui concerne le fond de l'histoire, contrairement à la quatrième de couverture qui évoque la traite des femmes juives polonaises, on aurait pu penser que le destin d'Esther serait conté de manière plus dramatique ou plus bouleversante. Mais j'ai eu, tout au long de ma lecture, l'impression qu'Esther était plutôt satisfaite de son sort, voire même qu'elle y prenait plaisir. Elle a été manipulée, abusée et vendue sans que ça ne la dérange pas plus que ça... J'en ressors, en tout cas, avec cette impression. C'était, à mon sens, pas assez réaliste pour que j'y croie...



Je n'ai également pas tout compris quant aux réflexions de Marcos, sur le cycle des eaux. Ou du moins, je n'ai pas toujours perçu leurs corrélations avec l'histoire d'Esther, ce qui alourdit quelque peu le récit.



Je ne sais que trop penser de ce livre. Je n'ai pas adoré, tout comme je n'ai pas détesté. Peut-être m'attendais-je à ce que le sujet sur la traite de ces femmes soit davantage traité, tout comme leur vie dans les maisons closes (en tout cas celle d'Esther au moins). Les ressentis des protagonistes ne sont pas retranscrits et je n'ai donc éprouvé aucune émotion dans ma lecture.



Un avis plutôt partagé dans lequel, maintenant que je viens de me relire, je relève finalement plus de points négatifs que positifs...
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Les dieux de Rachel

Ferenc, juif hongrois, a quitté l'Europe après des investissements ratés. Avec femme et enfant, il a choisi le Brésil pour recommencer sa vie. Cultivé et convaincu que l'éducation ouvre toutes les portes, il inscrit sa fille Rachel au collège tenu par des religieuses, catholiques évidemment. Dès lors, l'enfant doit composer entre son héritage juif et la fascination qu'exerce sur elle ce christianisme jusqu'à alors inconnu. Terrifiée par la damnation promise au peuple élu dans le Nouveau Testament, Rachel se bricole une religion qui la sauvera, entre croix rédemptrice et dieux païens.



Le roman est construit autour d'une journée de Rachel, alors âgée de 37 ans. Le lecteur la suit dans la canicule alors que ses souvenirs se bousculent et dressent son portrait. Le narrateur est JE. C'est un dieu. C'est Dieu, quel que soit le nom qu'on lui donne. « JE l'ai dit. JE suis celui qui compte les heures et les jours. JE suis celui qui décide du temps imparti à chacun. » (p. 105) Il sait tout de l'histoire de cette femme un peu perdue, coupable de tant de trahisons anodines et pourtant tellement pardonnable, qui cherche surtout comment vivre en repoussant l'inéluctabilité de la mort.



J'ai ressenti beaucoup de sympathie pour Rachel. Sans doute parce que j'approche de son âge et que certaines de ses questions sont les miennes. Mais surtout parce que cette môme têtue à l'imagination fertile et à la volonté affirmée est l'enfant que j'aurais aimé être.
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Les dieux de Rachel

Pendant une journée, nous allons entrer dans la tête de Rachel, trente-sept ans, d’abord à son lever dans sa maison coloniale, puis dans sa voiture. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle est tourmentée.



Ses pensées commencent par le début, sa naissance, ses parents, Ferenc et Maria Szenes, juifs hongrois. Ferenc était issu d’une famille tellement riche que le travail et les études étaient dénigrés. Il a appris le latin en autodidacte et écrit un livre sur l’emploi du génitif, jamais publié. Malheureusement, il a dilapidé son bel héritage avec des investissements désastreux, notamment une École des hautes études des langues latines qu’il a dû fermer faute d’élèves.

Ferenc décide donc d’émigrer d’Hongrie au Brésil (Porto Alegre).

Il s’installe au Parthenon, dans un quartier non juif, espérant pouvoir trouver un emploi comme professeur de latin, et comme il échoue, il ouvre un magasin d’outillage.



Contre l’avis de sa femme, il inscrit sa fille Rachel dans un collège de bonnes sœurs afin qu’elle apprenne le latin.

Rachel, comme juive dans ce milieu catholique, se sent discriminée et est en proie à une angoissante quête d’identité. Elle ne sait pas à quel Dieu se vouer ! Nous allons nous immiscer dans ce cerveau troublé où il est difficile de démêler la part de réalité de mysticisme ou de folie.



C’est un récit très imagé qui démarre par « JE suis celui dont le nom ne peut être prononcé », mise en abime de notre lecture, car ce « JE » sait tout et est omniprésent avec Rachel. Cette dernière sent qu’elle est suivie.



La construction de ce petit livre est linéaire puisqu’elle suit un ordre chronologie mais assez déroutante parce que Rachel passe de petites mesquineries comme truander un pompiste, à l’évocation de sa relation enflammée avec Francisco, à un rêve sur l’éternité en forme de colonne d’acier, au mépris d’Isabel, sa bonne, à sa gestion musclée du magasin d’outillage…



Mon avis est mitigé. J’ai été happée au début par l’originalité de la prose mais j’ai eu du mal à bien entrer dans la tête de Rachel. Quelques fragments m’ont captivée mais l’ensemble me paraît confus et anarchique. Mon désintérêt a débuté avec la colonne d’acier de l’éternité : comment peut-on se représenter l’éternité comme une colonne d’acier ?

Je pense qu’il s’agit d’un livre intéressant mais qui n’est pas à ma portée.

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Le centaure dans le jardin

�oup de coeur💖

C'est un livre fantastique, dans tous les sens du terme.

C'est l'histoire d'un petit garçon qui nait dans un famille juive russe qui a émigré au Brésil.

C'est l'histoire de celui qui nait centaure, mi-homme, mi- cheval et qui devra s'enfuir et parcourir le monde pour découvrir qu'il n'a pas besoin d'être un homme à part entière.

C'est l'histoire de celui qui reviendra vivre parmi les siens, heureux qui comme Ulysse...

C'est l'histoire de la différence, celle qu'on vit, celle qu'on cache, celle qui nous fait rejeter mais celle qui permet de trouver son alter ego. La vie vaut d'être vécue quoiqu'il arrive.

C'est enfin un livre offert il y a quelques années par un être cher qui n'est plus.



Bernard Pivot disait de ce roman "qu'il est parmi les 50 plus importants de la littérature lusophone".



Belle lecture à vous.
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Max et les fauves

J'ai beaucoup apprécié ce roman, qui appartient à un genre difficile : le roman bref, et donc nécessairement stylisé. Le parcours de Max est relativement linéaire, de l'Allemagne qu'il fuit au Brésil dont il rêvait enfant, et dont la jungle et ses fauves peuplaient l'imaginaire. En même temps, toute une vie ou presque tient dans ces 74 pages bien tassées.



Au départ, Max est un jeune homme, fils de fourreur (non juif, a priori, d'ailleurs son père n'aime pas les Juifs), d'une nature sensible et craintive, semblable en cela à sa mère, alors que son père est une brute qui le rudoie et le méprise. Enfant, il aime à s'enfermer dans la remise et lire, allongé sur les peaux de félins, premier contact avec les fauves de sa vie. Jeune homme, il est obligé de quitter l'Allemagne à la montée du nazisme, à cause d'une trahison. C'est en s'embarquant sur un cargo qu'il gagnera le Brésil, puis fera naufrage et se réfugiera sur un canot, en compagnie d'un léopard, sauvage et beau... Eh oui, il y a fort à parier que Pi soit un descendant de Max !



C'est le type de récit qui a un double effet : le plaisir simple à la lecture d'une bonne histoire avec une écriture soignée (et une bonne traduction), et ensuite, des passages qui remontent, des mots et des images qui reviennent et font mouche ; le roman est beaucoup plus puissant qu'il ne le paraît à la première lecture. Je pense qu'il fait partie de ceux qui peuvent être lus et relus, tout en gardant leur pureté originelle, un roman d'aventure puissant avec un regard sur la condition humaine tout entière.
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Le centaure dans le jardin

Hybridation étonnante entre réalisme magique sud américain et littérature juive. C'est l'histoire des aventures de Guédali, né centaure parmi les hommes. C'est également un conte philosophique sur l'exil et l'acceptation de soi. Tout à faire recommandable.
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Le cycle des eaux

Un point sur lequel je pense nous serons tous d'accord: Moacyr Scliar signe ici un livre très original.



L'écriture est belle. Poétique. Onirique. Ajouté au fait que le roman est assez court (168 pages) cela donne une impression de légèreté à un sujet très lourd (Esther a été abusée et traîné à travers plusieurs continents pour atterrir dans un bordel d’Amérique du sud).



Certains pourraient y voir un manque de profondeur ou de réalisme, j'y vois un incroyable optimisme, Esther va marquer de façon durable la vie des personnes qui l'ont côtoyé, et rester fidèle à elle même et à ses traditions malgré l'adversité.



Une très jolie découverte pour moi.



Merci à Babelio et aux éditions Folie d'encre !

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Le cycle des eaux

Je ne sais pas quoi penser de cette lecture que je viens de terminer. Le cycle de l'eau, roman de Moacyr Scliar publié aux Éditions Folies d'encre, raconte l'histoire d'Esther, la fille du Mohel d'un petit village polonais qui épouse un de ses amis de longue date, revenu des États-Unis. Après quelques péripéties dont je passe les détails, Esther se retrouve prostituée dans un bordel en Amérique du Sud (à Porto Alegre), tenu par la mafia juive.



Ce livre n'est pas séparé en chapitres mais passe du point de vue d'un personnage à l'autre, en général celui d'Esther et de Marcos, son fils. Très souvent, il y a un lien (même indirect) avec l'eau mais aussi avec une petite sirène. Le livre se lit rapidement et à un côté intriguant, donc il se laisse parcourir sans difficulté mais j'ai trouvé le récit décousu...



On passe d'une scène du présent, au futur, au passé sauf que je trouve qu'il n'y avait aucun intérêt à cela à part m'embrouiller le cerveau. De même, il y a des paragraphes entiers sur l'eau dont je n'ai absolument pas compris la plus-value dans l'histoire. Et enfin, je m'attendais, en lisant le résumé, à ressentir beaucoup de choses durant ma lecture mais la manière dont le sort misérable des personnages est traité m'a complètement laissée de marbre et c'est dommage car ça aurait pu être plus poignant...



Après même si mon avis semble complètement négatif, je suis contente de l'avoir lu. Je l'ai reçu dans le cadre du Mass Critique et c'est un auteur que je ne connaissais pas, et encore une fois, même si la construction de l'intrigue ne m'a pas plue, c'est assez original pour se laisser tenter. Les goûts des uns ne sont pas ceux des autres :) je serai en tout cas heureuse de lire d'autres avis.
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Le centaure dans le jardin

Je l'ai lu. Et puis j'ai compris et je l'ai relu. Certains iront plus vite et comprendront rapidement ce qui m'a échappé. Pour les autres, comme moi, il serait dommage de trahir l'auteur. Je ne regrette pas ma seconde lecture qui m'a permis de sentir tout ce que j'avais raté la première fois.
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Les dieux de Rachel

Tout d'abord merci à Masse critique Babelio de m'avoir adressé ce livre. Lorsque vous êtes lecteur « acharné », il est toujours agréable de recevoir un livre.

Dans un vocabulaire familier je dirais que l'histoire est « complètement barrée ». Moacyr Scliar nous raconte l'histoire de Rachel enfant qui grandit aux côtés d'un père qui n'a d'attention pour le latin (et bien oui c'est possible) et une mère inexistante (en tout cas c'est comme ça que je l'ai perçue). Adulte elle peine à avoir une vie stable.

Si on en croit la quatrième de couverture l'auteur « narre la difficile hybridation culturelle, l'épineux choix entre les dieux… » Je n'y ai vu qu'un méli-mélo excentrique qui ne racontait pas grand-chose d'intéressant. Dans un style très décousu on suit difficilement la vie de Rachel. Des élans mystiques donnent lieu à des digressions religieuses qui n'apportent rien.

Cette Rachel m'a été antipathique du départ, je lui ai trouvé un côté sournois. Chaque fois que l'auteur raconte les déplacements de Rachel en voiture j'avais en tête l'image de Cruella dans le dessin animé de Walt Disney. C'est vous dire si je me suis peu imprégnée du personnage.

Bref je n'ai pas compris, donc pas aimé, ce livre. Dommage car l'objet est joli, de belle qualité.

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Le carnaval des animaux

Entre le fantasque et le glauque ces contes / nouvelles sont toutes différentes les unes des autres. Ce récit de nouvelles nous emmène dans un monde loufoque, et laisse une empreinte de "bizarrerie".
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Les dieux de Rachel



Ce livre court est admirablement bien écrit. Ses chapitres brefs sont autant de morceaux choisis de la vie de notre héroïne qui dessinent, par touches successives, son destin.



Rachel est la fille unique d'immigrants juifs hongrois qui choisissent de s'installer au Brésil, après que le père eut dilapidé en investissements hasardeux la fortune familiale. le père, grand latiniste reconnu en Hongrie, subit une sorte de déclassement au Brésil.



Le lecteur assiste à son adolescence chaotique, mais pas plus que celle d'une autre, de ses camarades catholiques, par exemple, puis à son entrée dans la vie adulte et à ses joies et à ses douleurs...jusqu'au dénouement. En cours de route Rachel est confrontée aux questions les plus essentielles de la vie : la vie, la mort, le péché, l'éternité, l'infini, le Salut...Je ne divulgâcherai pas davantage.



Rachel se pose toutes ces questions dans un contexte brésilien, catholique où la tradition religieuse afro-religieuse reste présente ; toutes ces influences se cognent avec la tradition juive dont ses parents sont porteurs mais dont ils s'éloignent ne serait-ce par leur renoncement à habiter dans le quartier juif, ce qui avait été probablement le cas en Hongrie, avant leur départ pour le Brésil



Rachel s'acculture, et développe une sorte de syncrétisme (influence juive, catholique, afro-religieuse) et s'éloigne imperceptiblement de ses racines.



Mais pourra-t-elle garder cet équilibre ? L'intégration, l'assimilation ne l'obligera—t-elle pas à couper le cordon ombilical ? Mais a-t-elle bénéficié d'une transmission efficace de ses parents ? Ont-ils même désiré cette transmission ?La clé est dans les mains d'un personnage double : Miguel. Juif, lui aussi, originaire de Pologne, askhénaze comme la famille de Rachel. Il est littéralement habité par sa judéité, jusqu'à la folie. Mais n'est-il pas dans une relation privilégiée avec Dieu, le Dieu de son peuple ? N'est-il pas le Gardien de Son Temple ? le croit-il simplement ?



Il n'est pas simple de déterminer l'idée, le fil conducteur de ce texte un peu déroutant. C'est à, de mon point, la grande faiblesse de cette ouvrage : la perplexité du lecteur au terme de sa lecture. On ne peut s'empêcher de se demander : Qu'a-t-il voulu nous dire ?



Osons une hypothèse Ce qui suit est donc une conjecture.



Au final, c'est un message désespéré que j'ai perçu dans le texte de Moacyr Scliar. Il semble indiquer qu'il n'y a pas d'alternative autre que l'assimilation ou la préservation de sa culture (inséparable de la religion et vice versa). La première appelle un renoncement et l'enfouissement dans l'intime de tout une partie de ce que les parents ont transmis ; la seconde rend la vie sociale dans le nouvel environnement problématique. L'hybridation est-elle alors un concept pertinent dans une logique d'é- ou immigation ? La co-habitation, la co-existence ne permet pas de garder étanches les différents « caissons » de notre personnalité et de notre culture dans sa pratique et réalité concrète.

La traduction de Philippe Poncet est de qualité ; la mise en français du texte de Moacyr Scliar nous restitue au mieux le texte original. On peut simplement regretter quelques hésitations orthographiques entre Thérèse et Teresa, entre Parthénon et Partenon.
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Les dieux de Rachel

Rachel, jeune fille d'origine hongroise, vit à porto Alegre au Brésil avec ses parents, émigrés de fraîche date. Juifs, leurs affaires périclitaient dans leur pays, et le père, Ferenc, latiniste émérite ne vivait que pour les langues anciennes. Il a donc décidé de quitter la hongrie et d'inscrire sa fille dans une école catholique pour qu'elle puisse bénéficier de leur enseignement.

La juxtaposition de ces religions ont fabriqué une Rachel différente, pleine de vie et d'entrain certes, mêlant la Vierge Marie et les principes de sa judéité, bouleversé sa vie et fait choisir des chemins de traverse ; Heureusement Dieu, «  JE » veillait sur elle, « JE » la suivait du regard, mettait ses pas dans ses pas, la sortait de l'embarras où elle se fourrait avec enthousiasme.

Roman fourmillant de mille détails, de personnages improbables, plutôt déroutant mais entraînant. J'ai suivi, approuvé et désapprouvé les choix de cette jeune personne, apprécié le coté un peu déjanté du roman et savouré la fin, inattendue !

Merci à Babelio et aux éditions Folies d'encre pour m'avoir fait découvrir cet auteur.
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Le carnaval des animaux

Courtes nouvelles très sombres sur la nature humaine.
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