Depuis le jardin botanique de Rio de Janeiro, Olivier BARROT présente le livre de Moacyr Scliar "Le carnaval des animaux" paru aux éditions du Serpent à plumes.
Pleurer faisait du bien, les larmes lavaient son âme, elle pleurait jusqu'à tomber de sommeil.
Je galopais de nuit, me cachais le jour, et je parcourus ainsi une énorme distance. J’ignorais quelle était ma destination : peut-être la frontière ; peut-être l’Uruguay, l’Argentine. Je galopais sans relâche. Le Pôle Sud était ma seule limite.
Mais peut-être le fauve était-il matois, affectant une certaine indifférence pour mieux porter le coup fatal, le moment venu.
Max se calma un peu. La mort ne lui paraissait plus imminente ; il avait un répit pour réfléchir
Le jaguar semblait rassasié. Il restait encore trois poissons dans le fond de la barque, de petite taille. Se pourrait-il que… ?
Très doucement, il approcha sa main.
Le jaguar le fixait, impassible.
Les doigts de Max progressèrent de quelques millimètres, stoppèrent ; s'avancèrent encore de quelques millimètres, stoppèrent de nouveau. Maintenant, ils touchaient au but.
Soudain, le jaguar posa sa patte sur les poissons. Effrayé, Max tomba en arrière. Il se redressa, fixa de nouveau le jaguar, vexé, les yeux dilatés. "Excuse-moi, ce n'est pas ce que tu croyais."
« Pourquoi avait-il fallu qu’il fréquente une femme mariée ? Pourquoi s’être lié d’amitié avec un gauchiste ? » (p. 28)
Je suis couché sur la table. Un bébé robuste, tout rose : pleurnichant, il agite ses menottes. De la tête jusqu'à la ceinture, l'enfant est normal. De la ceinture jusqu'au pied, je suis cheval. Mon père ne connait même pas le nom de cette créature : je suis un centaure.
« La fiction est une création qui échappe à tout contrôle. On commence par écrire, par inventer et qui sait où tout cela vous mène ? Et puis, pourquoi écrire des livres ? L’essentiel est déjà consigné dans la Torah ? » (p. 42)
« JE l’ai dit. JE suis celui qui compte les heures et les jours. JE suis celui qui décide du temps imparti à chacun. » (p. 105)
Elle rêve de son père. Le mohel, debout devant son lit, couche impure et souillée, la désignant d'un doigt accusateur, hurlant qu'elle est maudite. Elle se réveille en larmes. Mais dès le lever du soleil, elle sourit en s'étirant.
« Birodjan savait qu’un mensonge progressiste valait mieux qu’une vérité réactionnaire. » (p. 77)