AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Nicolas Tellop (12)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Les sept vies d'Alejandro Jodorowsky

Alejandro Jodorowsky a eu 90 ans en 2019, et en guise de cadeau d'anniversaire, Les Humanoïdes Associés ont édité un beau livre, abondamment illustré. "Les sept vies d'Alejandro Jodorowsky" rend hommage à l'artiste, à cet expérimentateur multiple qui a touché (et touche encore) à un nombre impressionnant de domaines : théâtre, mime, cinéma, bande dessinée, littérature, musique, tarologie,... Curieux de tout, Jodorowsky n'a jamais bridé son imagination, créant dans une liberté totale. du pharaonique projet d'adaptation au cinéma du roman de SF "Dune" (Frank Herbert), qui ne vit jamais le jour, aux scenarii de BD devenues cultes pour les fans (L'Incal, La Caste des Métas-Barons), commises avec les dessinateurs les plus talentueux (Moebius, Arno, Juan Giménez,...), Jodorowsky ne recule devant rien pour matérialiser les fruits de son imagination. Une imagination débridée, farfelue, qui aboutit à des films surréalistes, ésotériques (El Topo, La montagne sacrée,...), ou (alors qu'il n'a aucune formation musicale) à des compositions musicales saugrenues : "J'ai acheté les partitions de Beethoven, de Bach, je les ai découpées en pentagrammes et je les ai recollées au hasard, et ça me donnait un morceau". Ou encore : "J'ai appelé 21 amis à qui j'ai donné trois notes et, à mesure qu'ils venaient me voir, j'inscrivais les notes". Une imagination sans bornes, donc, qui lui vient peut-être d'une enfance mal-aimée ("laissé pour compte au sein de sa propre famille") et d'un père haï, et qu'il n'a eu de cesse, à travers son oeuvre, de réinventer en reconstruisant ses souvenirs, en affabulant, en s'évadant dans les livres d'aventures et les contes de fées.

C'est donc ce personnage haut en couleurs et son univers foisonnant qui sont à l'honneur dans cet ouvrage, nourri des contributions (parfois trop érudites pour moi) de nombreux spécialistes et de quelques entretiens avec "le Maître". Un must-have pour les inconditionnels, un livre riche et dense. En ce qui me concerne, je ne connaissais presque rien de Jodorowsky, et même si après cette lecture je reste assez hermétique à son oeuvre, me voilà un peu moins béotienne en la matière.



En partenariat avec les Editions Les Humanoïdes Associés grâce à une opération Masse Critique de Babelio.
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          380
Les sept vies d'Alejandro Jodorowsky

Les Humanoïdes associés ont célébré cette année 2019 les 90 ans de l'immense Jodorowsky qui s'est achevé par un ouvrage biographique couvrant toutes les facettes de ce créateur hors du commun



Connu pour ses scénarios de bande-dessinée et ses films atypiques, Alejandro Jodorowsky est un artiste multidisciplinaire qui a également étudié le Tarot divinatoire et la psychologie.



A la fois cinéaste, scénariste de bandes dessinées, musicien, spécialiste du tarot et peintre, la polyvalence de Jodorowsky continue de surprendre.



Plusieurs spécialistes, menés par Vincent Bernière, en parteneriat avec les cahiers de la BD lui rendent hommage dans Les Sept Vies d'Alejandro Jodorowsky, une monographie qui présente toutes les facettes de cet artiste accompli (éditions Les Humanoïdes Associés).Petite présentation de Monsieur Jodorowsky né au Chili en 1929.

Scénariste génial de bédés cultissimes: La Caste des Meta-Baron, L’Incal, Les aventures d’Aleph-Thau... liste non exhaustive.

Réalisateur de films surréalistes, ésotériques, mystiques, métaphysiques et métaphoriques: "El Topo, La montagne sacrée, Santa Sangre...

La danza de la realitad et Poesia sin fine, ses deux derniers films, autobiographies poétiques et réalistes nous ont enchantés.



Sacré Jodo, poète, dramaturge, scénographe, plasticien, cinéaste, bref artiste total génial et reconnu sur toute la planète !



Ce beau livre, très abondamment illustré, aborde pour la première fois - avec le concours de nombreux spécialistes - toutes les facettes du maître chilien.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          370
Les sept vies d'Alejandro Jodorowsky

Alejandro Jodorowsky, du haut de ses 90 ans, est un personnage atypique, passionné, passionnant, foisonnant d'idées bourgeonnantes, libre, un touche-à-tout polyvalent, un insatiable défricheur malgré son age d'horizons nouveaux. Tour à tour metteur en scène de théâtre d'avant garde, réalisateur de cinéma, scénariste de BD, essayiste, romancier, pantomime, taromancien ..etc. Je suis allé vers lui, au mitan des 70's, via la SF ("Dune"...) et la BD de même eau ("L'Incal"...). Je ne savais pas encore qu'il s'était attaché à remodeler bien d'autres domaines artistiques, certains me touchant moins, mais d'autres beaucoup (le rock par exemple). C'est ce que m'a apporté ce livre: l'univers complet d'un curieux qui est allé au-delà de bien des horizons, est passé au travers de bien des miroirs, a agencé bien des possibles via le filtre de son imagination féconde, miraculeusement hors normes et sans entraves.



En 2019, les Humanoïdes Associés sortent un beau livre intitulé "Les sept vies d'Alejandro Jodorowsky" à l'occasion de ses 90 ans . Comment résister ? J'aime bien le personnage, son poids sur certains domaines artistiques où je pêche certains de mes "mauvais genres": la SF, la BD et le Rock. J'aime les beaux livres. En voici un. Comme d' habitude chez les Humanoïdes Associés, me direz-vous. le bout des doigts caresse l'épaisse couverture, courre sur la tranche, repère le long et luxueux signet de tissu blanc, apprécie la qualité du papier, le rendu couleurs des très nombreuses illustrations. Un bon gros bouquin, lourd comme une enclume, un grand format à montrer comme un trophée, que l'on est fier de posséder, que l'on veut à soi, rien qu'à soi. Une pépite en bibliothèque, parmi les autres belles bêtes accumulées au fil des ans. Il m'est venu en SP (merci Babelio, merci Masse Critique, merci les auteurs et l'éditeur).



Après avoir énormément travaillé, au début des 70's, sur son projet "Dune" d'adaptation ciné du roman de Frank Herbert, Jodo se heurte à un financement qui ne vient pas et renonce. Bientôt, dans certains médias spécialisés, apparaissent quelques images du storyboard. Ce sont les croquis préparatoires signés Moëbius (alias Giraud à l'oeuvre dans Blueberry), le mythique dessinateur à l'origine, pour partie, de la naissance de la revue BD Metal Hurlant. D'autres pointures graphiques auraient été mis, dit t'on, à contribution: Giger et ses peintures obscures et angoissantes que l'on verra plus tard dans Alien de Ridley Scott; Chris Foss et ses vaisseaux spatiaux paradisiaques. A cette imagerie SF devait s'ajouter quelques icônes rock de l'époque (et pas des moindres), elles furent pressenties pour la bande son: Pink Floyd, Magma. Il y a peu, Arte diffusait un docu, sous le titre "Jodorowsky's Dune"; il retraçait l'histoire d'un échec; mais quel échec, presque une victoire. Les investisseurs craignaient la versatilité et le besoin de liberté totale du réalisateur, ses débords financiers inévitables. Cette frilosité nous a valu la demi-réussite de David Lynch et l'ignorance totale de ce qu'aurait valu le "Dune" de Jodo jusqu'à en faire un chef d'oeuvre mythique que personne n'a jamais vu.



C'est autour de cet épisode raté que s'articule mon rapport avec Jodo, il y eut un avant le concernant dont j'ignorais tout, et un après le temps de suivre, quelques années durant, le scénariste de BD qu'il devint.

Son "Dune" me fut, ces jours-ci, une clef pour entrer en résonance avec "Les sept vies d'Alejandro Jodorowsky". C'est le grand et étonnant mérite de l'ouvrage: il offre des portes d'entrée différentes, comme dans un répertoire ou un dictionnaire, en fonction des diverses attentes de lecteurs. Autant y entrer par la porte qui nous parait la plus familière, celle en accord avec ce que sait de l'auteur le lecteur potentiel. le chemin n'en sera que plus facile.



Le pavé est divisé en sept chapitres, des "Vies", les sept qu'a vécues Jodo en une seule.

Au gré de 28 articles signés de 22 intervenants issus d'horizons divers:



1_"sa vie d'avant" qui appartient à ses jeunes années (naissance en 1929 au Chili, des souvenirs authentiques ou phantasmés ... déjà une vision d'un ailleurs philosophique).



2_"sa vie en panique" en tant que metteur en scène de théâtre d'avant-garde. On y croise Fernando Arrabal, Roland Topor sur les chemins avancés du surréalisme.



3_"sa vie à l'écran" en tant que réalisateur ciné atypique. "El Topo". "La Montagne Sacrée". "Santa Sangre"... où il explose les cadres traditionnels de fond et de forme. Longs métrages imprégnés de surréalisme, d'ésotérisme, de mysticisme, métaphysiques et métaphoriques L'échec, non accepté, de "Dune" le conduit à un horizon visuel voisin du 7ème art, celui graphique du 9ème art via un chemin de traverse. La BD sera son terrain de prédilection.



4_"Sa vie en bulles" en tant que scénariste, sera sa partition principale. Une multitude de dessinateurs célèbres apparaissent à ses côtés: Moëbius (déjà cité), Gimenez, De La Fuente, Gal, Boucq, Bess, Manara, Arno ... etc



5_"sa vie noir sur blanc" en tant que romancier, essayiste, poète, autobiographies ... etc



6_"Sa vie en musique" dans ses rapports avec le rock. Il côtoie les Stones, les Beatles dont Lennon et Harrisson, le Grateful Dead, Marylin Manson, le Floyd, Magma, Dylan, Zappa, Vince Taylor ... On se souvient de l'échec de "Dune". Je ne savais pas que pareille mésaventure allait mettre un terme à une autre association, celle tout en promesses mort-nées entre Jodorowsky et Peter Gabriel, le leader charismatique de Genesis, via une adaptation du mythique dernier album du groupe (époque Gabriel): "The lamb lies down on Broadway".. Quel dommage quand on se plait à penser que les deux hommes avaient tant d'univers communs à partager..!



7_"Sa vie mystique": taromancie et psychomagie (?)



Alejandro Jodorowsky a 90 ans. Les Humanoïdes Associés lui rendent un hommage fort et appuyé, retraçent sept vies à la croisée des parallèles, point focal à la verticale d'un seul homme. Quel poids pour un être seul qui a fait de sa liberté et de sa ténacité une force à nulle autre pareille.
Lien : https://laconvergenceparalle..
Commenter  J’apprécie          120
Snoopy theory

Sans doute encore plus célèbre dans le monde que Milou et Idéfix, le petit chien philosophe du quotidien, du lointain et de l’imaginaire, dans toute sa splendeur conceptuelle.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/06/12/note-de-lecture-snoopy-theory-nicolas-tellop/
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          20
Astro Boy : Coeur de fer

Merci à Babelio et aux éditions Les Impressions nouvelles pour cet essai fort sympathique de Nicolas Tellop consacré à l'une des créations les plus emblématiques d'Osamu Tezuka : Astro Boy.



Astro Boy : Coeur de fer est un bon exemple de vulgarisation intellectuelle parfaitement accessible doté d'un style sobre et efficace... sans être d'une froideur clinique. À travers le personnage d'Astro, cet enfant-robot, Nicolas Tellop souligne l'humanisme dont faire preuve le "Dieu du manga " en soulignant cette puissance de l'enfance qui est à même la seule de "sauver " l'humanité a contrario de la cloisonnante maturité des adultes. Nicolas Tellop insiste donc sur l'essence et l'impact d'Astro qui est profondément relié à l'enfance.



Le journaliste ajoute une petite pierre critique sur la figure du robot en interrogeant l'identité d'Astro partagé entre l'enfant, l'humain et la machine. L'auteur le compare notamment aux robots d'Asimov , à l'homme-machine de Descartes ou encore aux répliquants de Dick.

Suite à cette interrogation sur l'essence d'Astro à travers de multiples références à l'oeuvre de Tezuka, le journaliste s'interroge donc sur l'impact et le contexte de l'oeuvre, un titre fort orienté pour la jeunesse mais pas n'importe laquelle , celle d'une jeunesse d'après-guerre qui se relève du lendemain nucléaire de Nagasaki et Hiroshima. De ce fait, Nicolas Tellop souligne cette importance humaniste que revêt Astro Boy et ce qui se cache derrière cette simple façade d'un manga représentatif du manga-jeunesse.

L'essai du journaliste met donc en valeur le cœur d'Astro Boy en opposition au "cœur de pierre des adultes". Cette lecture brève incarne donc un petit essai bonus pour celles et ceux qui se sensibiliseraient à cette oeuvre majeure d'Osamu Tezuka.

Même si l'essai de Nicolas Tellop est efficace et agréable à lire ( il se dévore d'une traite), je regrette que l'auteur ne soit pas allé plus loin dans la genèse et l'historique d'Astro, son impact dans la société japonaise et le manga moderne. L'auteur pousse d'abord son analyse entre les murs du manga et à travers la figure de la robotique. Il y a quelques exemples comparées avec Peter Pan et Pinocchio. C'est intéressant mais c'est surtout dans la dernière partie que Nicoles Tellop ancre plus précisément le manga d'Osamu Tezuka avec son contexte d'alors avec notamment les bombardements et le climat d'après-guerre. J'ai trouvé cela un peu dommage que l'auteur ne parle pas davantage du phénomène que fut Astro le petit robot par la suite. De ce fait, je pense que cet essai s'adresse peut-être davantage à celles et ceux qui ont déjà un pied dans le manga sans se soucier plus avant de l'historique, de la genèse et de l'évolution de l'oeuvre.



Astro Boy coeur de fer est un essai agréable et lisible qui apporte une petite pierre analytique sur la figure d'Astro, sa volonté d'humanité et son reflet de l'enfance altruiste. L'essai est cependant un peu modeste et n'apporte pas non plus un regard véritablement novateur sur la figure du petit robot. Toujours est t'il que Nicolas Tellop fait bien de rappeler qu'une oeuvre culturelle ne se limite pas à sa catégorie de lectorat auquel elle se destine mais qu'elle est porteuse d'un message plus profond qui mérite qu'on y consacre beaucoup davantage d'attention.





Commenter  J’apprécie          10
Les sept vies d'Alejandro Jodorowsky

Quelle vie que celle d'Alejandro Jodorowsky ! Ce livre en témoigne et aborde les différents arts qu'il a pratiqué. Ce découpage est bien vu et permet de bien se plonger sur un sujet, plutôt qu'une vue chronologique qui aurait probablement forcé à passer de l'un à l'autre en perdant le lecteur.

Mais l'ouvrage n'est pas exempt de problèmes. Le fait que les différents chapitres soient écrits par des auteurs distincts amènent inévitablement à de la redondance dans les propos. Rien de critique, et cela permet de bien souligner la personnalité multiple qui est présentée ici. Mais plus gênant, certains chapitres sont vraiment peu clair. A partir du même sujet, même complexe, certains vont le traiter de manière sérieuse mais abordable, alors qu'avec d'autres, cela va être complètement abscons.

Ca n'est heureusement pas la majorité de l'ouvrage, mais cela fait baisser un peu le ressenti de l'ensemble.
Commenter  J’apprécie          10
Vies et morts des super-héros

10 textes, 10 super-héros, pour mieux saisir certains aspects esthétiques et politiques de cette mythologie contemporaine.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/07/03/note-de-lecture-vies-et-morts-des-super-heros-sous-la-direction-de-laurent-de-sutter/
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          10
Jacobs, Blake & Mortimer

Passionnante étude du parcours personnel brisé de l'immense auteur Edgar Pierre Jacobs tel qu'il se reflète dans son œuvre majeure, avec les thèmes du temps et des ruines.



Comme quoi il est encore possible d'apporter un regard neuf sur le cycle "classique" des douze premiers albums de la saga Blake & Mortimer.



Des développements précis, puissants et documentés : brillant, messieurs, merci ! :-)
Commenter  J’apprécie          00
Astro Boy : Coeur de fer

Merci à la maison d'édition, Les impressions nouvelles, et à Babelio pour cet envoi grâce à la masse critique !



Je ne suis pas une spécialiste de Tezuka, mais je connais l'univers d'Astro et le monde des mangas. Je ne précise pas ça pour m'en vanter, mais parce qu'après lecture d'"Astro, cœur de fer", je pense qu'il ne peut pas servir d'ouverture sur le monde d'Astro – il faut déjà connaître Tezuka et son œuvre un minimum pour s'y retrouver. J'ai trouvé le style d'écriture quelque peu ampoulé, surtout au début (ça pourrait en rebuter certain.e.s à la lecture), mais ça reste très abordable et l'essai se lit rapidement. Ce qui est sûr, c'est qu'Astro est l'une des œuvres les plus engagées de son temps, et Nicolas Tellop l'explique bien. Cet essai n'est pas avare en sources et analyses (Descartes, Collodi, Barrie. Asimov, Shelley..), ce qui le rend vraiment intéressant... bien que je ne sois pas d'accord avec tout ! La dernière partie est celle que j'ai préféré (bien que j'ai beaucoup apprécié le parallèle avec Peter Pan). J'aurai aimé que l'auteur se concentre davantage sur l'impact d'Astro (sur la société japonaise, et le monde du manga en général). J'ai apprécié la lecture dans l'ensemble.

Commenter  J’apprécie          00
Astro Boy : Coeur de fer

Merci aux Impressions Nouvelles et à Babelio pour l'opération Masse Critique (ça sonne un peu ? comme une mission pour un super-héros !)



La fabrique des héros est une – toute jeune - collection de livres prenant comme objet d’étude, la culture populaire. Astro boy - Atom au Japon - petit robot inventé par le mangaka Ozamu Tezuka, est le sujet du livre signé Nicolas Tellop : le choix du sujet est original, et nullement anodin, car si Astro est un héros mondialement connu, attachant parce qu’il est un robot et un enfant, il est avant tout un enfant qui sacrifie sa vie ! Le livre s’inscrit dans le courant de la pop philosophie. et interroge une époque, l’histoire du Japon défait de 1945, la science et surtout, l’enfance : « Astro, c’est le héros qui devait sortir d’une époque de crise et d’angoisse, de frustration et de douleur, pour renouer avec la vie » (p.11). Pour qui ne lit pas habituellement ce type d’ouvrage, le propos de Nicolas Tellop est pertinent, agréable à lire : 120 pages sans hermétisme, et bien argumentées.

Alors, philosophons avec Astro.



A l’origine, Astro est un personnage secondaire apparu dans une série de sf traditionnelle que publie le magazine Shonen. La série, n’ayant pas de succès, s’arrête. Mais, l’éditeur suggère à Tezuka de reprendre Astro et d’en faire un personnage principal, pas simplement un robot, mais surtout un enfant pour que les lecteurs éprouvent de l’attachement. Cette image, ambiguë, d’indistinction entre le robot et l’enfant court tout le long de la publication.



Comment humaniser un robot ? Dans le premier chapitre, Anatomie d’un robot, Nicolas Tellop revient sur les textes qui ont évoqué les hommes-machines pour interroger la nature même du robot : Descartes, des romanciers, ou le philosophe Pierre Cassou-Noguès. Astro a-t-il des sentiments humains ? Une conscience ? Si Tezuka s’est lointainement inspiré de Carlo Collodi, la comparaison avec Pinocchio s’arrête très vite : Astro n’est pas un pantin devenu garçon, c’est un robot ET un enfant en même temps. « Au milieu de ce métal et de cette énergie atomique, il existe un angle mort, une zone aveugle, dont l’imaginaire remplit la béance. […] dans cette anatomie surexposée… il manque quelque chose, un « je ne sais quoi » qui expliquerait ce qui distingue Astro des autres robots. […] Il existe une magie dans Astro qui ne peut sans doute pas porter d’autre nom que l’âme » (p.44).



Astro est un orphelin.

Le personnage perdu, abandonné, sans parents, est un archétype mythique très ancien, qu’on retrouve au XX° siècle dans la BD où beaucoup de héros sont des orphelins, avec des pères de substitution. Parce qu’ils n’ont pas de famille, ils seront/sont des superhéros, cherchant à trouver une place dans le monde : « pour tous, il s’agit de surmonter un abandon vécu comme un handicap, de triompher de cette épreuve » (p. 49). Dans le deuxième chapitre de l’essai, Le dernier des garçons perdus, l’auteur convoque abondamment la figure de Peter Pan et son Pays du Jamais. L’histoire du XX°, ses nombreux traumatismes font que les orphelins ne dépassent plus leur destinée. Les enfants sont perdus, incapables de grandir. L’auteur montre que le personnage d’Astro est différent : lui ne peut pas grandir. Il est seul. L’humanité est incapable de l’aimer. Comme tout héros, Astro décrit son époque : l’après-guerre et la défaite du Japon, notamment lorsque l’empereur Hiro-Hito énonce qu’il n’est pas un être divin. Face à cet effondrement, le héros apporte de nouveaux repères.

Le personnage du robot permet bien évidemment à l’auteur d’interroger la science et l’énergie nucléaire. Atom apparaît en 1951, Godzilla trois ans plus tard : « les deux personnages participent d’un même élan cathartique. Si Godzilla soigne la mal par le mal, Astro permet de faire le deuil des illusions passées en douceur » (p.81 et 82). Mais, explique l’auteur, si le petit robot incarne le symbole du progrès et le moteur de la reconstruction, pour Tezuka, son récit n’est pas l’apologie de la science, mais un éloge d’Astro lui-même dont la mission est en fait de pacifier le Japon avec lui-même, et de permettre au pays de retrouver l’équilibre perdu avec la guerre. Celle-ci aura été pour Tezuka (né en 1928) et d’autres un traumatisme et Astro « est la revanche des enfants de la guerre, qui leur rend tout ce qui leur a été enlevé » (p.95). Il apporte au Japon une dose d'espoir et d'énergie. Les enfants se remettent à rêver. Ici, l’auteur convoque le philosophe Giorgio Agamben et son essai, Enfance et histoire, pour évoquer une génération pour qui l’expérience (le savoir humain) s’est appauvrie, anéantie. Désormais c’est la science – en remplacement de la figure impériale – qui devient le modèle, le fétiche, mais, cette expérience est située hors de l’homme.

Pour retrouver l’expérience, il faut retrouver l’enfance. « Plus que le syndrome de Peter Pan, il faut reconnaître dans cette volonté de ne pas grandir la foi absolue en une enfance qui, seule, garantit la reconquête d’une humanité, là où les adultes ne peuvent qu’échouer » (p. 109).



Ainsi ce livre doit être lu comme une réflexion sur l’enfance, une réflexion qui plus est extrêmement stimulante.

Nicolas Tellop termine quasiment son livre sur le visage de Greta Thunberg, écrivant qu’Astro Boy est certainement une des œuvres les plus engagées de son temps : devant un monde adulte irresponsable, devant leur renoncement, les forces de l’imaginaire et de l’enfance font sécession !
Commenter  J’apprécie          00
Un songe de Corto Maltese

Nicolas Tellop s'interroge sur la dualité du héros, sur la figure de l'Arlequin, du dieu Hermès, sur le rapport du rêve à la réalité, de la chute, du lien entre le récit, la fiction et le cadre de la bande dessinée. Nous sommes littéralement transportés dans une réflexion érudite et éclairée sur le sens caché de certains éléments qui traversent cet album mythique et hors norme !
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
Commenter  J’apprécie          00
Vies et morts des super-héros

Un ouvrage très recommandé, et pas seulement aux fans de comics qui auraient envie de creuser leur sujet favoris !
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Nicolas Tellop (30)Voir plus

Quiz Voir plus

Connaissez-vous...😁

La chérophobie est la phobie:

de manger de la viande
de dépenser de l'argent
du péché de chair
du bonheur

1 questions
38 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}