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3.06/5 (sur 9 notes)

Nationalité : Algérie
Né(e) à : Alger , 1990
Biographie :

Nihed El-Alia (un pseudonyme) est une auteure algérienne.

Elle a souhaité garder l’anonymat pour éviter de s’exposer à des réactions agressives.

"Minuit à Alger" (2022) est son troisième roman, mais c’est le premier publié.

Source : www.liberte-algerie.com
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Nihed El-Alia - Minuit à Alger - Roman, Barzakh mars 2022


Citations et extraits (6) Ajouter une citation
Les trois horloges affichent 16 heures. L’air est imbibé d’odeurs, les bruits sont comme amortis, et moi, le visage écrasé contre la vitre de la voiture, je m’applique à les capter... Des bruits francs qui me parviennent de façon ouatée... Les cris des gosses qui font la course en sortant de l’école, la voix d’un marchand ambulant installé devant l’entrée d’un immeuble, égrenant mélodieusement la liste de ses produits, ou encore les klaxons nerveux des conducteurs qui s’impatientent... Et des rires. Ils ont l’air tellement gais. L’ignorance les protège. Ce peuple est béni dans le déni. De pauvres gens misérables, des femmes trop vêtues, des hommes balafrés, des enfants sans loisir, des jeunes hommes, tant et tant de jeunes hommes bras ballants ou gobelet de café à la main, adossés aux murs – hittistes, « teneurs de murs », ils se sont eux-mêmes baptisés ainsi par autodérision, ce mot a tellement circulé que je le déteste maintenant –, occupés à palabrer, à fanfaronner... Sont-ils heureux ? Peut-être qu’eux aussi s’épuisent simplement à abattre le temps. J’entrouvre la fenêtre. Des odeurs... tout se mêle, celle de la dernière fournée de petits pains, des poubelles du marché matinal, de plats mijotant dans les cuisines ou d’égouts bouchés qui débordent... Welcome to Bab el-Oued. Les portes d’une Alger remuante, bouillonnante et turbulente. Des visages marqués, des corps malingres et des voix tapageuses. Nous voilà sur le seuil de tous les paradoxes. Alger n’est rien sans eux, Alger n’est pas sans nous.
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En journée, Alger se peuple d’un autre monde. Je regarde les gens défiler derrière les vitres teintées de ma veille Mercedes. La fatigue se lit sur leur visage. Les regards sont perdus, traduisant l’usure, l’absence d’espérance. Ce vide nous consume tous, chacun à sa manière. Le jour, Alger retire ses bas résille et enfile son haïk. Cette ville est atteinte d’une forme de trouble de la personnalité. Bipolaire, narcissique, Alger est malade.
On se partage le territoire comme on peut. Appelez-nous comme vous voulez, « la tchi-tchi », les « gosses de riches », les « kmakam » ou les « papiches », nous sommes la jeunesse dorée algéroise, et Alger est autant à nous qu’à eux. La nuit nous appartient, les lois que nous dictons font de nous des rois. Nous peuplons les restos et les clubs branchés de la capitale, nous dansons, buvons jusqu’à ne plus pouvoir. Tout ce que les autres considèrent comme interdit est, pour nous, licite : sexe, drogue, alcool et luxure. Nos chemins se croisent brièvement au moment de la prière du fejr. Nous, nous rentrons chez nous, quand eux vont à la mosquée. Nous nous ignorons soigneusement pour que chacun continue à jouir de ses privilèges. Le jour levé, Alger leur est due. Nous nous faisons discrets, rentrons dans le rang, jouons le jeu.
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Je n’ai plus la moindre pensée en tête. Je contemple la danse entre mer et lumière. Le soleil s’écrase sur l’horizon, éclaboussant la surface de l’eau de mille nuances d’orange. Les bateaux se figent pour l’occasion. Mer et terre fusionnent, ondulent, chatoient. Les lueurs se dispersent sur les façades des immeubles blancs surplombant la baie. Les bâtiments dévalant en cascade semblent admirer le spectacle avec moi. Tous irradient, ils semblent héberger des milliers de vies. Dans le coin, je le vois bien nous observer. Maqam a revêtu son costume de nuit. Il est intimidant de beauté. La scène me bouleverse, la bande-son est en parfait accord : la corne de brume d’un bateau, les cris d’une fillette, dans une cuisine, des casseroles qui se cognent, le chuintement d’une voiture qui passe dans la rue, la voix d’un homme qui crie « Ya khoooo... », un éclat de rire lointain, une brise légère, le frémissement des arbres et les battements de mon cœur. Alger rit et je suis à nouveau sous son charme.
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" mes moments de lucidité sont impitoyables"
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On se crée des rêves, on les prie, les supplie, les implore. On les attend, les espère. Et puis.. quand ils tapent à la porte, affolé, épouvanté, on la referme aussitôt et on s'applique à rêver de nouveau
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Croyez-moi, l’argent, contrairement aux humains, ne déçoit jamais.
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