Entretien avec Olivier Sourisse par Katy Sroussy, pour le média Saisons de Culture, autour de son roman fantasy Nãtahãn Willers, le Nouvel-Élu, aux éditions Orizons.
C'était une matinée banale faite de courtoisies bâtardes. Dans une entrée d'immeuble où les habitants sont bien plus des étrangers que des voisins complices...
Un pas était égal à une peur. Une peur à celle d’une pointe au cœur. Chaque centimètre gagné sur le bitume le ramenait à ces peurs. De toute part, on le pourchassait, de l’intérieur comme de l’extérieur.
Thriller fantastique, Cortèges explore nos obsessions de la mort, des morts, de leur présence.
Si original ce garçon, que pour vous en convaincre,
imaginez un ami se muant en serpent à votre approche,
en branche, en flûte, voire en vous-même, sous l’impulsion de votre pensée, capable de triturer votre âme
avec son regard comme si vous étiez plein de secrets
honteux.
Il existait, en ces temps reculés, deux belles îles sur
Monde-Terre que le chaos avait épargnées : Brittany-Plane et l’île de Marvellous, jusqu’à ce que cette
dernière eût pris un sens extraordinaire, le jour des
treize ans d’un certain Nãtahãn Willers. Un doux garçon, vif et curieux, qui, pour n’avoir jamais quitté son
île, ignorait tout de la vie des enfants du Grand-Continent.
Alors que faire ? Se laisser mourir ? Un choix comme un autre. Gravir les cinq étages ? Une possibilité. Arracher Siegeer à son père ? Oui, mais comment pénétrer l'antre des monstres et en ressortir vivant, avec lui ?
... ,délicieux garçon de mon âge, à la peau douce et laiteuse, et que je dois donc attendre, là, docile, dans le clair-obscur de notre tanière. Une ancienne chaufferie située au sous-sol de sa barre HLM. Puisqu’il nous faut nous effacer pour continuer à exister, à chérir la chair. Puisqu’il nous faut maculer de secret nos états d’âmes de petits pédés, nos baisers, nos joies, nos pleurs, nos adieux, ce sentiment confus et puissant qu’ils nomment amour.
« Mais depuis à la seconde, mon cher professeur, ou l’on a moqué mes défauts, pointé mes faiblesses ; depuis que l’on a déversé sur moi votre abjecte morale du dominant ; depuis que l’on m’a taxé de sale petit pédé (je n’ai pourtant rien avoué, je vous assure), pour avoir imploré de ne pas sauter du plongeoir. Enfin, vous voyez, depuis qu’on m’aime, quoi »
Chez Tom, il y a comme quelque chose d’immature, quelque chose qui ne grandira plus jamais. Comme si son horloge interne s’était brisée au passage de l’âge adulte. Elle se mit davantage à rire : je ne sais même pas ce qu’il faisait dans la vie, je veux dire ce qu’il faisait réellement dans sa vie. Enfin, ce qu’il fait.
Mais dans ce cas, peut-être aussi il aurait donné raison à ces trois brutes pour m’avoir montré, sous la douche, la voie qu’on me destine, pareil à ces chatons noyés par milliers, dans les toilettes de ces familles remplies d’amour, pour être nés sans agrément du droit de vivre.