Le loup
Pour les siècles futurs et leur gloire de feu,
Pour cette insigne tribu humaine,
On a ôté ma coupe au festin des aïeux,
Volé ma joie et mon honneur même.
C'est le siècle chien-loup qui sur moi s'est jeté,
Mais pas de sang de loup dans mes veines...
Enfouis-moi bien plutôt dans la manche fourrée,
Si chaude, des steppes sibériennes.
Pour ne pas voir les lâches, ni le chemin fangeux,
Ni la roue où sang et os se mêlent ;
Pour que toute la nuit brillent les renards bleus,
Tels qu'en leur beauté originelle.
Mène-moi où L'Ienisseï coule dans la nuit,
Où les grands pins touchent les étoiles,
Parce que par le sang aucun loup je ne suis
Et seul pourra me tuer mon égal.
17-28 mars 1931