AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Ota Pavel (77)


À ma maman

qui avait mon papa pour mari.
Commenter  J’apprécie          00
Pour la première et la dernière fois de sa vie, il s’est blotti entre me bras comme le font les enfants. J’étais déjà un homme. Je le tenais dans mes bras et je regardais par-dessus sa tête ce « Rudé Oarvo » où il avait coché au crayon rouge

Rudolf Slansky, d’origine juive
Bedrich Germinder, d’origine juive
Ludvick Frejka, d’origine juive
Bedrich Reicin, d’origine juive
Rudolf Margolieus, d’origine juive
La série de Juifs continuait et elle était toute maculée de larmes. Lorsqu’il se fut calmé, il me regarda d’un air absent, comme s’il ne me reconnaissait pas et dit :

-Ils se remettent à tuer les Juifs. Ils ont de nouveau besoin d’un bouc émissaire.

Puis il se leva, il donna un coup dans ce « Rué Pravo » et il se mit à crier :

-Je pardonne les meurtres. Même judiciaires. Même politiques. Mais dans ce « Rudé Pravo » communiste, on ne devrait jamais voir « d’origine juive » ! Des communistes, et ils classent les gens en Juifs et non-juifs !
Commenter  J’apprécie          10
Le moulin endormi éclairait. Les chouettes et les hiboux proclamaient que cette nuit appartient aux oiseaux et aux animaux. La rivière brillait, la lune s’y lavait la face, l’herbe me claquait les mollets. Et c’est là que je pris conscience à quel point c’était beau d’être seul avec la nuit. Et le souvenir m’en est resté à jamais.
Commenter  J’apprécie          90
Tout comme les nuages, la rivière passait par des lieux où nous avions connu le bonheur. Je regardais ses courants, ses poissons qui sautaient au-dessus de la surface, ses moulins sur les déversoirs et les seuils dans les eaux endiguées. Les meuniers qui continuaient encore à moudre et les passeurs qui faisaient l’aller-retour d’une rive à l’autre. Après six ans, je revoyais la rivière. J’avais le visage collé à la vitre pour ne rien manquer du spectacle. J’aimais cette rivière plus que tout au monde et à l’époque j’en avais honte. Et je ne savais pas pourquoi je l’aimais tant. Peut-être parce qu’elle abrite des poissons, ou parce qu’elle est libre, sans entraves ? Parce qu’elle ne s’arrête jamais ? Parce qu’elle bruisse en vous empêchant de dormir ? Parce qu’elle existe depuis toujours et que ses eaux meurent chaque jour quelque part au loin ? Ou qu’on peut y naviguer ou s’y noyer  ?
Commenter  J’apprécie          30
Je sais désormais que ce qui attire la plupart des gens, ce n’est pas seulement la quête du poisson, mais la solitude des temps révolus, le besoin d’entendre une fois encore l’appel de l’oiseau et du gibier, d’entendre encore tomber les feuilles d’automne. Tandis que je mourais là-bas à petit feu, je voyais surtout cette rivière qui comptait plus que tout dans ma vie et que je chérissais. Je l’aimais tellement, qu’avant de me mettre à pêcher je ramassais son eau dans mes mains en coquille et je l’embrassais comme on embrasse une femme. Puis je m’aspergeais le visage avec le reste de l’eau et je réglais ma canne. La rivière s’écoulait devant moi. L’homme voit le ciel, il jette un regard dans la forêt, mais il ne voit jamais au cœur d’une vraie rivière. Pour voir ce qui se passe dans une vraie rivière, il lui faut une canne à pêche.
Commenter  J’apprécie          100
J’ai perdu la boule aux Jeux olympiques d’hiver à Innsbruck. Mon cerveau s’est troublé, comme noyé dans un brouillard venu des Alpes. J’y ai croisé un homme qui était pour moi le diable avec tous ses attributs : sabots, cornes, poils et dents creuses datant de plusieurs siècles. Après, je suis parti dans les montagnes au-dessus d’Innsbruck et j’ai mis le feu à une ferme.
Je désirais allumer une grande lumière pour chasser le brouillard. Tandis que j’évacuais des écuries les vaches et les étalons pour leur éviter de brûler, la police autrichienne est arrivée. Ils m’ont mis des menottes et ils m’ont emmené dans la vallée. Je les ai injuriés, j’ai arraché mes bottes et je marchais pieds nus dans la neige comme le Christ montant au Golgotha.

(Epilogue)
Commenter  J’apprécie          150
J arrive enfin au mot juste ; liberté, la pêche c'est surtout la liberté. Parcourir des kilomètres en quête de truites, boire à l'eau des sources, être seul et libre au moins une heure, un jour, ou même des semaines et des mois. Libéré de la télévision, des journaux, de la radio, de la civilisation.
Cent fois j ai voulu me tuer quand je n'en pouvais plus, mais je ne l'ai jamais fait. Dans mon subconscient, je voulais peut-être embrasser une fois encore la rivière sur la bouche et pêcher des poissons d'argent. La pêche m'avait appris la patience et les souvenirs m'aidaient à survivre.
Commenter  J’apprécie          00
je suis arrivé à mon ruisseau.
L'eau y est haute, un peu trouble, on ne voit pas de truites. Je n'ai pas de canne. J ai eu peur d'en apporter une ; à l 'occasion, je prendrais une truite à la main. Je me suis avancé en remontant jusqu'aux champs et à la maison forestière Gypsarna. De la fumée sort par la cheminée, alors je me recroqueville sur moi-même et je me glisse le long de la rive à l'instar des vrais braconniers. Je me déchausse et c'est délicieux, l'herbe me rafraîchit et chatouille la plante des pieds, comme si elle voulait me dire quelque chose.
Commenter  J’apprécie          00
on prétend qu'il est plus avantageux de payer des amendes pour la pollution de la rivière que de construire un système de filtration efficace.
Commenter  J’apprécie          50
Savoir se réjouir. Se réjouir de tout. Ne pas attendre que l’avenir nous apporte quelque chose d’essentiel, de vrai. Car il est fort probable que l’essentiel se produit à l’instant présent et que l’avenir ne nous apportera rien de plus beau.

Citation figurant sur un des murs de la maison-musée consacrée à Ota Pavel en Tchéquie.
Commenter  J’apprécie          170
J’arrive enfin au mot juste : liberté. La pêche, c’est surtout la liberté. Parcourir des kilomètres en quête de truites, boire à l’eau des sources, être seul et libre au moins une heure, un jour, ou même des semaines et des mois. Libéré de la télévision, des journaux, de la radio, de la civilisation.
Commenter  J’apprécie          10
Je ne peux pas dire que j’ai souffert comme une bête, parce que personne ne sait comment souffre une bête, bien que cela fasse souvent l’objet de récits, oraux ou écrits. Je sais seulement que j’ai souffert atrocement, ce n’est même pas racontable. Et d’ailleurs personne ne le croirait, les gens ne veulent pas entendre parler de cette maladie parce qu’elle leur fait terriblement peur.
Commenter  J’apprécie          10
Bien du temps s’était écoulé depuis ce jour. Que devenait Hugo ? Peut-être qu’à la place du pain estampillé, il poussait des charrettes de cadavres pour les emmener à l’incinération, et ces morts avait un numéro tatoué qui ne leur servirait plus ni sur terre ni au ciel. Il paraît que le Bon Dieu vous reçoit au ciel dans un tout autre ordre. Nous, nous vivions encore là. Maman. Moi. Voilà pourquoi je partis à l’étang du moulin chercher la grand-mère carpe avec ses quatre barbillons.
Commenter  J’apprécie          30
Tu sais, quand j'étais petit je suis allé plein de fois pécher des anguilles et rentré bredouille. Tu m'as fait revivre ça, c'était merveilleux.
Commenter  J’apprécie          20
Je parcourais la campagne en quête de ruisseaux. Ces derniers s'écoulaient lentement à travers la steppe de terre-noire, ce n'étaient pas des rubans argentés ou des colliers de princesses, ils étaient sombres comme le ciel de Kladno ou même le charbon noir de la mine. Quelques-uns seulement abritaient des poissons. Mais des poissons à trois francs six sous. Des goujons et des loches d'étang. Le genre de fretin qu'on mange cru quand on a très faim ou que croquent les chercheurs d'or dans les récits de London.
Commenter  J’apprécie          20
Le soir, sous l'acacia, papa lui révéla le secret des perches et lui indiqua où il devait aller pêcher le brochet le lendemain matin. Car l'acacia avait ce pouvoir de faire dire la vérité à tout homme qui se trouvait en-dessous. Même à un pêcheur.
Commenter  J’apprécie          10
Je m'assieds devant la maison et j'attends. Bientôt l'oncle Prosek arrive avec des branches d'osier. Je me jette dans ses bras et il me serre timidement, il n'a pas l'habitude de faire des mamours même à ses propres enfants. Il me parle et je me rends compte que nous avons vieilli tous les deux. Nous avons dû parcourir un long chemin inconnu. Une route qui se poursuit. Elle arrive jusqu'au but et là, il n'y a plus de retour.
Commenter  J’apprécie          10
….mais moi, comprenez vous, l'argent m'importe peu. Je veux bien payer même un demi-million.
Papa n'en crut pas ses oreilles car il connaissait l'avarice de Koralek. Mais comme il comprenait le regard des hommes, il vit dans ces yeux bruns devant lui l'immense désir de détenir quelque chose qui serait quasiment inaccessible aux autres richards. Ce qui intéressait ce monsieur qui n'arrêtait pas de dégoiser devant ses subordonnés, ce n'était pas tant l'art, pas même le magnifique portrait de son épouse, mais la possibilité de prononcer enfin ces mots :
- Nechleba est en train de faire le portrait de ma femme.
Et de pouvoir répéter ladite phrase au déjeuner, au dîner, l'écrire à ses parents en Angleterre et aux Etats-Unis, de pouvoir ensuite la redire au passé devant le tableau, pour la faire exploser telle une bombe en certains lieux déterminés.
Commenter  J’apprécie          10
Papa attendit sa bonne affaire pendant deux ans, comme le désert attend la pluie ou un pauvre, son jour de chance. Papa aussi espérait son jour de chance et il n’arrêtait pas de sourire en l’évoquant.
Commenter  J’apprécie          110
Il termina la canne. Je ne savais pas alors que ce serait la plus précieuse de mes cannes à pêche, je le sais aujourd’hui. La canne de mon enfance, celle à laquelle les produits ultérieurs des usines américaines ou japonaises n’arriveraient jamais à la cheville.
Commenter  J’apprécie          50



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Ota Pavel (293)Voir plus

Quiz Voir plus

Comment j'ai rencontré les poissons

« Tout comme les nuages, la rivière passait par des lieux où nous avions connu le bonheur. » Quel est le nom de la rivière dont parle l’auteur ?

Krivoklat
Skrivan
Berounka
Nechleba

10 questions
4 lecteurs ont répondu
Thème : Comment j'ai rencontré les poissons de Ota PavelCréer un quiz sur cet auteur

{* *}