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Citations de Pamela Druckerman (21)


Si on n'apprend pas à lire à la maternelle, on y apprend définitivement à parler.
L'objectif principal de la maternelle est précisément de permettre à tous les enfants, quelle que soit leur origine, d'acquérir une bonne maîtrise du français à l'oral. Une brochure du gouvernement français destinée aux parents explique que le français des enfants doit être "riche, organisé et compréhensible par tous" (c'est-à-dire bien meilleur que le mien). Charlotte, la maîtresse, me raconte que généralement quand les enfants d'immigrés entrent à la maternelle en septembre, ils parlent un français rudimentaire, voire quasi inexistant. En mars, ils le parlent d'habitude correctement, si ce n'est couramment.

Selon la logique française, si les enfants sont capables de s'exprimer clairement, ils peuvent aussi réfléchir clairement. La brochure du gouvernement notifie qu'un enfant apprend, en plus d'améliorer sa grammaire orale, à observer, poser des questions et à s'interroger de façon de plus en plus rationnelle. Il apprend à suivre un autre point de vue que le sien, et cette confrontation avec la pensée logique lui ouvre la voie du raisonnement.
Il apprend à compter, classer, ranger et décrire ...
(...) Je suis contente que Bean ait pu aller à la maternelle.
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Pour nous Anglo-Saxonnes, les bébés sont immédiatement associés au manque de sommeil. (...)
Mes amies anglo-saxonnes sont plutôt enclines à penser que les problèmes de sommeil de leurs enfants sont uniques et qu'elles doivent s'y adapter. (...)
La pire des histoires que j'ai entendues est celle d'Alison, l'amie d'une amie à Washington DC, qui a un fils de sept mois. Alison me raconte qu'elle a allaité son fils toutes les deux heures, vingt-quatre heures sur vingt-quatre pendant ses six premiers mois. A sept mois, il a commencé à dormir quatre heures d'affilée. Alison - une experte en marketing, diplômée d'une prestigieuse université américaine - ne s'appesantit pas sur sa fatigue, ni sur sa carrière interrompue. Elle a l'impression de ne pas avoir d'autre choix que de s'occuper des habitudes nocturnes exténuantes de son bébé. (...)

Dans un premier temps, je me dis que je ne rencontre que des parents français nés sous une bonne étoile. Mais très vite, les faits sont accablants : les bébés français font leurs nuits tôt, cela semble être la norme. (...)
Les parents français ne s'attendent pas à ce que leurs bébés dorment bien dès leur naissance. Mais avant que la torture du manque de sommeil ne devienne absolument insupportable - généralement au bout de trois mois - tout rentre à peu près dans l'ordre. Les parents parlent de leurs nuits interrompues comme d'un phénomène de courte durée, pas d'un problème chronique.
Toutes les personnes avec qui je discute semblent persuadées que les bébés sont capables de faire leurs nuits avant d'avoir six mois, si ce n'est plus tôt.

(...) Bizarrement, c'est à New York que j'ai une révélation sur les règles françaises régissant le sommeil des bébés. (...)
Certains des conseils du Dr Cohen rejoignent cependant les attitudes des parents parisiens actuels. Comme les Français "de France", il recommande de commencer la diversification alimentaire du bébé avec des légumes et des fruits plutôt que des céréales. Il n'est pas obsédé par les allergies.
Il parle de "rythmes" et propose d'apprendre aux enfants à vivre la frustration.
Il souligne les vertus du calme et accorde une grande importance à la qualité de vie des parents, pas uniquement au bien-être de l'enfant.

"Ma première intervention est de recommander de ne pas se précipiter sur le bébé pendant la nuit, m'explique-t-il. Il faut lui laisser la possibilité de s'apaiser tout seul et ne pas répondre systématiquement, même quand il vient juste de naître." (...) j'ai effectivement vu des mères et des nounous françaises attendre un petit moment avant de s'occuper de leur bébé dans la journée. Je n'avais jamais imaginé que cela pouvait être délibéré ou même important. (...)

Ne pas se précipiter sur l'enfant comme le conseille le Dr Cohen semble aller de pair avec l'observation du bébé. Une maman ne peut pas véritablement "observer" son enfant si elle bondit pour le prendre dès le premier pleur. (...)

Une des raisons qui justifie de marquer la Pause est que les jeunes bébés sont bruyants et agités dans leur sommeil. C'est tout à fait normal.
Si les parents accourent et prennent le bébé dans leurs bras à chaque couinement, ils finissent en fait par le réveiller.
Par ailleurs, les bébés se réveillent entre chacun de leurs cycles de sommeil qui durent environ deux heures. Il est donc naturel qu'ils pleurent un peu, le temps d'apprendre à enchaîner ces cycles. (...)

Les nouveau-nés ne peuvent généralement pas passer d'un cycle à l'autre tout seuls. Mais ils en deviennent capables vers deux ou trois mois, à condition qu'ils aient eu la possibilité de s'y essayer. (...)

Je pense à Alison, l'experte en marketing, et comprends soudain que son fils, qui a tété toutes les deux heures pendant six mois, n'avait pas d'étranges problèmes de sommeil. En fait, elle lui avait involontairement donné l'habitude d'avoir besoin de téter à la fin de chaque cycle de deux heures. Alison ne répondait pas aux besoins de son fils : malgré toutes ses bonnes intentions, c'est elle-même qui les créait.
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Une première évidence s'impose rapidement : avoir un enfant en France n'exige pas de choisir un modèle d'éducation. Presque tout le monde se fie aux mêmes règles fondamentales, ce qui apaise déjà grandement l'atmosphère.

Pourquoi la France ? Je suis loin de nourrir un a priori favorable à la France.
(...) Mais malgré tous ses défauts, la France met parfaitement en lumière les problèmes actuels de l'éducation américaine.

Les valeurs des parents de la classe moyenne française me sont en effet tout à fait familières : les parents parisiens aiment parler à leurs enfants, leur montrer la nature et leur lire beaucoup de livres ; ils les accompagnent à leur cours de tennis, de dessin et aux musées. Mais curieusement, les Français réussissent à s'impliquer ainsi dans l'éducation de leurs enfants sans que cela devienne une obsession pour autant. Ils estiment qu'ils n'ont pas à être au service constant de leurs enfants et que l'éducation ne doit pas être source de culpabilité.

(...) Personnellement, je n'ai pas de théorie. Mais tous les jours, j'ai sous les yeux une société parfaitement huilée avec des enfants qui, dans leur grande majorité, dorment bien et mangent de tout, et des parents raisonnablement détendus. Partant de ce constat, je tente de saisir comment les Français en arrivent là.
Il s'avère qu'il ne suffit pas de choisir un modèle éducatif différent pour devenir un parent différent, il faut surtout adopter une compréhension différente de ce qu'est vraiment un enfant.
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Elle (note : Françoise Dolto) pensait que les parents devaient attentivement écouter leurs enfants et leur expliquer le monde. Mais elle était aussi d'avis que ce monde devait avoir de nombreuses limites et développer une façon de vivre avec. Elle ne souhaitait pas remettre en question le modèle du cadre de Rousseau. Elle voulait le préserver. Elle y a simplement ajouté une énorme dose d'empathie et de respect pour l'enfant - ce qui manquait sûrement dans la France d'avant 1968.
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Les parents ne s'angoissent pas sur la fréquence des repas de leurs enfants. Dès leurs quatre mois, la plupart des bébés français mangent à des horaires réguliers. Comme pour les techniques de sommeil, les parents français ne voient là aucun modèle d'éducation, mais simplement du bon sens.

Le plus étrange, c'est que ces bébés français mangent presque tous à la même heure. A de légères variations près, les mamans m'expliquent que leurs enfants mangent vers huit heures du matin, midi, quatre heures de l'après-midi et huit heures du soir. (...) En d'autres termes, vers quatre mois, les bébés français mangent déjà aux mêmes heures que pour le reste de leur vie (les adultes abandonnent généralement le goûter).

Cette "programmation horaire nationale" des repas des bébés pourrait être une évidence reconnue. Eh bien non, elle a tout d'un secret d'Etat. Si vous demandez à des parents français si leurs enfants mangent à heure fixe, ils répondent la plupart du temps que non. Comme dans le cas du sommeil, ils insistent : ils suivent juste le "rythme" de leur enfant. Lorsque je souligne que les bébés français semblent tous manger plus ou moins à la même heure, les parents saluent cette coïncidence d'un haussement d'épaules.

Mais le mystère est encore plus profond : comment ces bébés sont-ils capables d'attendre quatre heures entre chaque repas ? (...) Je commence cependant à percevoir qu'"attendre" est une pratique très répandue autour de moi en France. (...) Les Français ne se contentent pas d'avoir réalisé le miracle de faire attendre les bébés et les petits, mais en plus ils le font dans la bonne humeur. Cette capacité à patienter pourrait-elle expliquer la différence entre les enfants français et américains ? (...)

Avoir des enfants qui savent attendre rend la vie de famille infiniment plus agréable. (...) On attend des enfants français qu'ils se conduisent bien et profitent calmement eux aussi du repas."
"En profiter" est une expression importante ici. La plupart des Français ne demandent pas à leurs enfants d'être muets, tristes et dociles. Ils ne voient simplement pas comment leurs enfants peuvent "en profiter" s'ils ne se contrôlent pas. (...)

Les enfants s'entraînent quotidiennement la patience au cours des repas, en acceptant les menus et horaires fixes, mais aussi en mangeant correctement avec des adultes. Dès leur plus jeune âge, les enfants français ont l'habitude de manger des repas composés de plats successifs, avec - au minimum - une entrée, un plat principal et un dessert. Ils prennent également l'habitude de manger avec leurs parents, ce qui est certainement plus efficace pour apprendre la patience. (...) Ces repas ne sont pas pris à la va-vite.
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Dans chaque crèche, tous les jours, une cuisinière prépare intégralement le repas. Des ingrédients de saison, frais, parfois même bio, sont livrés plusieurs fois par semaine. A l'exception de l'occasionnelle purée de tomates en boîte, rien n'est industriel ou préparé à l'avance. Quelques légumes sont congelés, mais jamais précuits. (...)

Mais qui sont vraiment les personnes qui s'occupent toute la journée de ma fille ? Pour le savoir, je me rends un matin venteux d'automne à ABC Puériculture, l'une des écoles qui forment les futures employées de crèche. C'est un jour d'examen (...) Elles sont angoissées, à juste titre. Seules trente personnes seront admises sur les cinq cents qui se seront présentées. (...)
Les trente premiers suivent ensuite une année d'enseignement composée de cours et de stages, selon un programme établi par le gouvernement.
Ils apprennent les bases de la nutrition, du sommeil et de l'hygiène infantiles et s'entraînent à préparer des biberons et changer des couches. Tout au long de leur carrière, ils continueront à suivre différents stages d'une semaine.
En France, travailler dans le domaine de la petite enfance est un vrai métier.
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C'est aussi comme cela que les parents français apprennent la patience à leurs enfants : en leur donnant l'exemple. (...) Martine ne s'énerve pas, comme j'ai tendance à le faire. Elle sait que toute cette cuisine et cette attente sont des exercices qui permettent de développer la patience.
En d'autres termes, Martine fait elle-même preuve de patience pour enseigner la patience. (...) Martine enseigne la patience à sa fille depuis qu'elle est toute petite. Lorsque Paulette n'était qu'un bébé, elle attendait généralement cinq minutes avant de la prendre dans ses bras quand elle pleurait (et bien sûr, Paulette a fait ses nuits à deux mois et demi).

Martine apprend aussi à ses enfants une autre facette de la patience : savoir jouer tout seul. (...) Un enfant qui sait s'amuser tout seul peut se débrouiller lorsque sa mère est au téléphone. C'est une faculté que les mères françaises, bien plus que les américaines, essaient délibérément de cultiver chez leurs enfants. (...) les Françaises estiment que c'est fondamental.
Les parents qui valorisent cette compétence sont certainement plus aptes à laisser leur enfant seul. Quand les mères françaises disent qu'il est important de respecter le rythme de leur enfant, cela signifie aussi que lorsqu'il s'amuse, elles ne le dérangent pas.
Cet exemple illustre à nouveau l'intuition dont font preuve les parents français et les personnes qui s'occupent de leurs enfants en appliquant spontanément certaines conclusions de recherches scientifiques.
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Dès que je me penche plus précisément sur l'éducation à la française, je me rends compte que la différence ne s'arrête pas aux repas. Je me pose soudain une foule de questions : par exemple, comment se fait-il qu'au cours des centaines d'heures que j'ai passées dans les squares français, je n'ai que très rarement vu des enfants - si ce n'est ma fille - y faire une crise de nerfs ?
Pourquoi mes amies françaises n'ont-elles jamais à interrompre une discussion téléphonique parce que leurs petits leur réclament quelque chose ? Pourquoi leur salon n'est-il pas envahi par les tipis et les dînettes comme le nôtre ?

Et ça ne s'arrête pas là. Pourquoi la plupart des petits Américains que je croise semblent-ils tous suivre une monodiète à base de pâtes ou de riz (...) alors que les copines françaises de ma fille mangent du poisson, des légumes et presque de tout ?
Et comment se fait-il qu'à l'exception d'un moment bien précis dans l'après-midi, appelé le goûter, les enfants français ne grignotent pas ?

Jamais l'on ne m'avait dit que l'éducation était un des fleurons de la culture française, comme la mode ou le fromage. Personne ne visite Paris pour s'imprégner de la position française sur l'autorité parentale et la gestion de la culpabilité. Bien au contraire : les mères américaines que je connais à Paris sont horrifiées par ces Françaises qui allaitent si peu et qui laissent leurs petits de trois ans se promener avec une tétine à la bouche.

Alors comment se fait-il que personne ne parle de tous ces bébés français qui font leur nuit à deux ou trois mois ? Et pourquoi ne dit-on pas que les enfants français n'ont pas besoin d'être l'objet de l'attention constante des adultes et qu'ils sont apparemment capables d'entendre le mot "non" sans faire une crise de larmes ?

Cela ne fait la une d'aucun journal. Pourtant, il me semble de plus en plus évident que les parents français parviennent en douceur à des résultats qui créent une atmosphère familiale radicalement différente.
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I was intrigued, and wanted to know more about the rules of infidelity around the world. But as I started poking around, I saw that there was no easy way to discover them in America or anyplace else. Aside from some one-liners saying the French are blasé about cheating (there aren't) or reports from anthropologists studying remote tribesmen, there was very little research on the subject.
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Au bout d'un certain temps, je remarque que la crèche est un microcosme de l'éducation à la française. Tout y est, y compris les mauvais côtés ; les puéricultrices n'en reviennent pas que j'allaite encore Bean à neuf mois, surtout lorsque je lui donne le sein sur place. (...) Toutes les grandes idées positives de l'éducation à la française sont bien là. Et de toute façon, compte tenu du consensus général sur les fondamentaux de l'éducation, les parents français n'ont pas à craindre que les employées dérogent à leur philosophie personnelle de l'éducation. La plupart du temps, les personnes qui s'occupent des enfants renforcent les mêmes horaires et habitudes que les parents.

Les auxiliaires de la crèche parlent aux enfants, y compris les plus jeunes, et semblent être totalement convaincues d'être comprises. Evidemment, le cadre est souvent mentionné. Lors d'une réunion de parents, l'une des auxiliaires l'évoque presque avec poésie : "Tout est très encadré, les heures d'arrivée et de départ, par exemple. (...)"

(...) Je m'inquiète : où sont les cercles de musique et les activités organisées ? Je comprends vite que cette liberté n'est pas le fruit du hasard. Encore un coup du cadre français. On donne des limites fermes aux enfants, mais beaucoup de liberté dans le cadre de ces limites. Ils sont supposés apprendre à jouer tout seuls et à composer avec l'ennui. "Lorsque l'enfant joue, il se construit" (...) Un rapport officiel de la mairie sur les crèches parisiennes fait appel à l'esprit de "vitalité découvreuse" dans lequel les enfants doivent "exercer leur appétit d'expérimentation des cinq sens, du tonus musculaire, des sensations et des espaces (découvrir la verticalité, exercer sa force et son habileté)".
On propose aussi des activités organisées aux enfants plus âgés, mais personne n'est obligé d'y participer. (...) De la musique apaisante accompagne les enfants dans leur sieste et une pile de livres est à leur disposition s'ils veulent en feuilleter dans leur lit. Ils se réveillent peu à peu pour l'heure du goûter (...) Il y a peu de règles dans la cour et c'est tout aussi délibéré. L'idée est de donner autant de liberté que possible aux enfants.
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Le fait que les bébés soient pratiquement tous nourris aux mêmes heures me laisse toujours aussi perplexe. Comment se règlent-ils sur des horaires identiques, si leurs mères ne le leur imposent pas ? (...)
Mais au fil du temps, je me rends compte qu'elles (note : les mamans françaises) s'appuient également sur quelques principes de base, même si elles ne les mentionnent pas tout le temps.

Le premier est que, au bout des trois premiers mois, un bébé est supposé manger tous les jours à peu près aux mêmes horaires. Le deuxième est qu'il vaut mieux que les repas des bébés soient copieux et moins fréquents plutôt que légers et trop nombreux. Et le troisième est que le bébé doit se régler sur le rythme familial. (...)

Selon l'ouvrage Votre enfant, l'idéal est d'allaiter à la demande pendant les premiers mois, puis d'aller "progressivement et en souplesse, vers des horaires réguliers plus compatibles avec la vie quotidienne".
Si les parents suivent ces principes, si leur bébé se réveille à sept ou huit heures du matin et doit attendre environ quatre heures entre les repas, le respect des horaires nationaux n'aura bientôt plus de secret pour lui. (...)

Le postulat de base est que si le bébé a son propre rythme, la famille et les parents ont eux aussi des rythmes. En France, l'idéal est donc de trouver un équilibre entre ces différents rythmes.
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A peu près à mi-chemin de ma grossesse, je découvre l'existence d'un groupe de soutien parisien pour les mères anglo-saxonnes. Je comprends immédiatement que nous faisons partie de la même famille.
Les membres de l'association, qui s'appelle Message, savent où trouver des thérapeutes qui parlent anglais, où acheter une voiture automatique, et où se cachent les bouchers capables de faire rôtir une dine entière pour Thanksgiving. (La volaille américaine ne rentre pas dans la plupart des fours français). Sans parler des astuces qui égaient notre vie d'expatriées (...)

Le plus gros dilemme pour les membres de Message et les autres anglophones que je côtoie est "comment accoucher". A Rome, je rencontre une Américaine qui a accouché dans une cuve à vin italienne (remplie d'eau, pas de Pinot Grigio). A Miami, une amie qui a lu que les douleurs de l'accouchement étaient une construction culturelle s'est préparée à la naissance de ses jumeaux en n'apprenant que des respirations de yoga. Dans le groupe (...) une femme a prévu de rentrer chez elle à Sydney, en Australie, afin d'y vivre un authentique accouchement australien.

Comme pour tout le reste, nous essayons d'adapter la naissance à nos goûts.

Un jour, mon gynécologue a reçu de la part d'une patiente américaine un projet de naissance long de quatre pages (...)

Au cours de toutes ces discussions sur la naissance, je n'entends personne mentionner que le système de santé français est en première place dans le dernier classement de l'OMS, alors que les Etats-Unis n'arrivent qu'au trente-septième rang. Nous préférons nous focaliser sur la surmédicalisation du système français et son hostilité à tout ce qui est "naturel". (...) Celles qui ont accouché sans péridurale se pavanent comme des héros de guerre. (...)

Effectivement, les péridurales sont aujourd'hui extrêmement répandues en France. (...) En France, très peu de femmes y trouvent à redire. Si les mères françaises me demandent souvent où je vais accoucher, elles ne me demandent en revanche jamais "comment". Elles ne semblent pas s'en soucier.
Ici, la manière dont vous accouchez ne vous situe pas dans un système de valeurs et ne définit pas le type de parents que vous deviendrez.

(...) On m'explique que les 1 à 2% de femmes qui accouchent sans péridurale à Paris sont soit des Américaines originales comme moi, soit des Françaises qui n'ont pas eu le temps d'arriver à l'hôpital.
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Ma voisine de palier, une architecte prénommée Anne, doit accoucher quelques mois avant moi. Evidemment, notre condition nous rapproche.
Même prise dans mon tourbillon anxiogène typiquement anglo-saxon, où je ne fais que manger et m'inquiéter de mon état, je remarque qu'Anne et les autres Françaises enceintes que je croise vivent très différemment leur grossesse.

Contrairement à la majorité des Américaines, elles ne traitent pas la grossesse comme un projet de recherche scientifique.
Il y a des tonnes de livres français, de magazines et de sites sur la grossesse et sur l'éducation. Mais les femmes ne se sentent pas obligées de tous les lire.
De la même façon, aucune femme ne compare les différents modèles d'éducation pour en choisir un, et aucune ne fait non plus référence aux techniques d'éducation par leur nom. Il n'y a pas de dernier livre "à lire absolument" et les experts n'exercent pas du tout le même pouvoir sur les parents.

"Ces livres sont peut-être utiles pour les personnes qui manquent de confiance en elles, mais je ne pense pas que l'on puisse élever un enfant en lisant un livre. Il faut suivre son intuition", me dit une mère parisienne.
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Jamais l'on ne m'avait dit que l'éducation était un des fleurons de la culture française, comme la mode ou le fromage. Personne ne visite Paris pour s'imprégner de la position française sur l'autorité parentale et la gestion de la culpabilité. Bien au contraire : les mères américaines que je connais à Paris sont horrifiées par ces Françaises qui allaitent si peu et qui laissent leurs petits de trois ans se promener avec une tétine à la bouche.

Alors comment se fait-il que personne ne parle de tous ces bébés français qui font leur nuit à deux ou trois mois ? Et pourquoi ne dit-on pas que les enfants français n'ont pas besoin d'être l'objet de l'attention constante des adultes et qu'ils sont apparemment capables d'entendre le mot "non" sans faire une crise de larmes ?

Cela ne fait la une d'aucun journal. Pourtant, il me semble de plus en plus évident que les parents français parviennent en douceur à des résultats qui créent une atmosphère familiale radicalement différente."
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Les mères françaises ne sont peut-être pas stressées par l'allaitement, mais elles le sont en revanche quand il s'agit de retrouver leur ligne après l'accouchement. Je suis sidérée d'apprendre que la serveuse toute fine du café où je me rends presque tous les jours pour écrire a un enfant de six ans. Je la prenais pour une minette branchée de vingt-trois ans.
Lorsque je lui parle de l'expression "MILF" (acronyme pour Mom I'd Like to Fuck, ce que l'on peut traduire par : "une maman que j'aimerais baiser"), elle trouve cela hilarant. L'équivalent n'existe pas en français. Peut-être parce qu'il n'y a pas de raison a priori pour qu'une femme ne soit pas sexy lorsqu'elle a des enfants. Il n'est d'ailleurs pas rare d'entendre un Français dire que devenir mère donne à une femme un air de plénitude très attirant. (...)

Aux yeux de certaines mères américaines, s'engager totalement dans la maternité aux dépens de son corps relève en quelque sorte de la vertu morale.
Un peu comme s'abandonner à une cause supérieure. Une consultante en marketing de six mois, me raconte qu'une Française a récemment rejoint son playgroup et a immédiatement demandé, avec j'imagine un charmant accent français : "Bon, alors comment est-ce qu'on perd ses kilos ici ?" Selon la consultante, toutes les mères américaines - elle y compris - se sont tues sur-le-champ. Ce n'est pas exactement l'un de leurs sujets de conversation favoris.
(...) La même question ne laissera aucune mère muette à Paris.
Tout comme les femmes subissent une énorme pression sociale pour ne pas trop grossir au cours de la grossesse, une pression similaire les pousse à perdre rapidement leurs kilos en trop après la naissance.
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En France, travailler dans le domaine de la petite enfance est un vrai métier.

D'autres écoles respectant rigoureusement les mêmes critères d'entrée sont disséminées dans tout le pays et forment une armée de personnes qualifiées prêtes à travailler dans les crèches.

Seule la moitié du personnel d'une crèche doit avoir le diplôme d'auxiliaire ou un équivalent. Un quart doit détenir un diplôme relatif à la santé, les loisirs ou le travail social. Un autre quart est dispensé de toutes qualifications, mais doit être formé dans la crèche.

Dans la crèche de Bean (note : Bean est la fille de l'auteur), treize des seize personnes qui y travaillent ont le diplôme d'auxiliaire ou un équivalent.
Je commence à regarder Anne-Marie et ses collègues comme de brillantes spécialistes de la petite enfance. Je comprends mieux leur assurance. Elles maîtrisent leur domaine et ont gagné le respect des parents. Je leur dois beaucoup : durant les presque trois années que Bean a passées à la crèche, elles lui ont appris à être propre et à manger correctement, et lui ont offert un cours d'immersion à la culture et à la langue françaises.
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Lorsque je parle du sommeil avec des parents américains, il est rarement question de science. Confrontés à de si nombreuses philosophies sur le sujet, qui semblent toutes valides, ils finissent par choisir ce qui leur plaît le plus.
Mais une fois que je lance les parents français sur ce point, ils mentionnent les cycles de sommeil, les rythmes circadiens et le sommeil paradoxal. Ils savent que si les bébés pleurent la nuit c'est peut-être, entre autres raisons, parce qu'ils sont entre deux phases de sommeil ou parce qu'ils traversent la phase de sommeil agité. Ces parents qui m'expliquaient "avoir observé" leurs bébés voulaient en fait dire qu'ils s'entraînaient à reconnaître ces étapes distinctes.
Lorsque les parents français marquent la Pause, ils le font avec constance et confiance. Ils prennent des décisions conscientes basées sur leur compréhension du sommeil de leur enfant.

Ceci cache une grande différence philosophique. Les parents français estiment qu'il relève de leur responsabilité d'apprendre en douceur à leurs bébés comment bien dormir, comme ils leur apprendront plus tard à se laver, à manger équilibré et à faire du vélo. Pour eux, passer la moitié de la nuit avec un bébé de huit mois n'est pas une preuve de leur implication parentale.
Ils y voient plutôt le signe que l'enfant a un problème de sommeil et que la famille manque cruellement d'équilibre. Lorsque je décris le cas d'Alison (note : une Américaine, éduquée et diplômée, carrière brillante, etc. qui a passé des mois à allaiter son enfant toutes les 2h jour et nuit) à des Françaises, elles affirment que c'est inimaginable - tant pour l'enfant que pour sa mère.

Les Français reconnaissent, comme nous, la beauté et la singularité de chaque enfant. Mais ils ont également conscience que certaines choses sont simplement biologiques. Avant de croire que notre enfant a un sommeil unique au monde, nous devrions jeter un coup d'œil du côté des données scientifiques.
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Les Françaises que je rencontre ne sont pas du tout des blasées de la maternité ou du bien-être de leur bébé. Elles sont préoccupées et conscientes de l'immense changement de vie qu'elles s'apprêtent à vivre. Mais elles l'expriment de façon différente :
nous, les femmes américaines, faisons généralement la preuve de notre implication en nous inquiétant et en montrant que nous sommes prêtes à nous sacrifier, même enceintes.
Les Françaises, elles, font la preuve de leur implication en rayonnant de calme et en revendiquant le fait de ne pas renoncer au plaisir.

Sur une photo du magazine Neuf Mois, une brunette au gros ventre légèrement vêtue de de dessous de dentelles croque à pleines dents dans des pâtisseries et lèche la confiture sur ses doigts.
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Je comprends que j'ai mis le doigt sur un point sensible lorsque je découvre une étude menée par un économiste de l'université de Princeton qui montre que l'éducation des tout-petits est jugée deux fois plus pénible par des mères de la ville de Columbus (dans l'Etat de l'Ohio) que par un échantillon comparable de mères vivant à Rennes. (...)

Je suis persuadée que les secrets de l'éducation à la française sont des évidences, mais que personne ne les a encore dévoilés. Je prends dès lors le réflexe de glisser un carnet de notes dans le sac à langer de ma fille.
Chaque consultation chez le médecin, chaque dîner, chaque après-midi de jeux (...) est l'occasion d'observer les parents français en action (...)

Rien ne me saute aux yeux de prime abord. (...) Les interroger ne me fait guère avancer. La plupart des parents avec qui je discute m'assurent qu'ils ne font rien de particulier. Au contraire, ils sont convaincus que la France est minée par le syndrome de l' "enfant roi" et que les parents ont perdu leur autorité. (Ce à quoi je réponds : "Vous ne savez pas ce que sont vraiment les "enfants rois". Venez faire un tour à New York.")

Au fil des années passées à Paris - qui voient la naissance de deux autres enfants -, j'ai continué à découvrir de nouveaux indices. J'apprends ainsi l'existence de Françoise Dolto, une pédiatre connue de tous les Français (...) Je lis ses livres en français - curieusement, un seul de ses ouvrages a été traduit en anglais - et beaucoup d'autres. (...)

Lorsque je parle de "parents français", je généralise évidemment. Nous sommes tous différents. La plupart des parents que je rencontre vivent à Paris ou en banlieue. Dans leur majorité, ils ont fait des études universitaires, sont des cadres, et ont un revenu plus élevé que la moyenne française.
Ils ne font pas partie des très riches, ni de l'élite médiatique. Ils appartiennent à la classe moyenne et moyenne supérieure. Tout comme les parents américains auxquels je les compare.
Pourtant, lorsque je voyage en France, je constate que les points de vue de cette classe moyenne parisienne au sujet de l'éducation ne sont pas éloignés de ceux d'une mère de la classe ouvrière vivant dans une autre région française.
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Je suis loin d'être la première à souligner que la parentalité pose un problème aux classes moyennes américaines. Des centaines de livres et d'articles ont méticuleusement diagnostiqué, critiqué le sujet (...) l'overparenting, l'hyperéducation, l'éducation hélicoptère, et enfin mon favori, la kindergarchy ou le règne de l'enfant roi. Un auteur américain définit la question de la parentalité contemporaine en ces termes : "On porte simplement plus attention à l'éducation des enfants qu'il n'est bon pour eux." Judith Warner, une autre auteure à s'être penchée sur le propos, parle de "culture de la maternité absolue". (Il est intéressant de noter qu'elle s'est rendu compte du problème à son retour de France.)

Visiblement, personne, les parents en premier, n'apprécie le rythme effréné et insatisfaisant de la parentalité à l'américaine. Alors, pourquoi continuer ainsi ? (...) même quand, comme dans mon cas, nous avons quitté le pays ?

Dès les années 1980, quantité de données et de discours affirmaient au grand public que les difficultés scolaires des enfants issus des milieux les plus défavorisés s'expliquaient par un manque de stimulation intellectuelle (...) Les parents de la classe moyenne en ont alors déduit que plus de stimulation ne pouvait être que bénéfique à leurs enfants.

A peu près à la même période, l'écart entre les Américains riches et pauvres s'est profondément creusé. Soudain, les parents se sont mis à investir sur l'éducation de leurs enfants afin qu'ils puissent appartenir à cette nouvelle élite. (...) Parallèlement à ce modèle d'éducation compétitif s'est développée la croyance que les enfants étaient psychologiquement fragiles. Les jeunes parents d'aujourd'hui font partie de la génération la plus psychanalysée de l'histoire et nous avons intégré l'idée que chacun de nos choix était potentiellement traumatisant pour nos enfants. Nous avons aussi grandi dans les années 1980, à l'époque de l'explosion du nombre de divorces, et sommes déterminés à ne pas reproduire le comportement, jugé égoïste, de nos parents.
Le taux de criminalité violente a beau avoir chuté aux Etats-Unis depuis les records du début des années 1990 (...) Nous avons le sentiment que nous les élevons dans un monde extrêmement dangereux et que nous devons rester toujours vigilants.

Il en résulte un mode d'éducation stressant et épuisant.
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En quelle année a été publié " Claude Gueux " ?

1859
1903
1834

14 questions
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