Citations de Parmenide d`Elée (26)
Penser et être sont mêmes.
Eh bien, donc je vais parler, toi, écoute mes paroles et retiens-les, je vais te dire quelles sont les deux seules voies de recherche à concevoir : la première, comment il est et qu'il n'est pas possible qu'il ne soit pas, est le chemin auquel se fier, car il suit la Vérité. La seconde, à savoir qu'il n'est pas et que le non-être est nécessaire, cette voie, je te le dis, n'est qu'un sentier où ne se trouve absolument rien à quoi se fier. Car on ne peut ni connaître ce qui n'est pas, il n'y a pas là d'issue possible, ni l'énoncer en une parole.
| Elle a conçu l’Amour, le premier de tous les dieux. | .....
Il m'est indifférent d'où je commence, car je retournerai en ce point de nouveau.
Le soi c’est de percevoir, de même que d’être.
C’est une même chose, le penser et ce dont est la pensée ; |95| car, en dehors de l’être, en quoi il est énoncé, | tu ne trouveras pas le penser ; rien n’est ni ne sera | d’autre outre ce qui est ; la destinée l’a enchaîné | pour être universel et immobile ; son nom est Tout, | tout ce que les mortels croient être en vérité et qu’ils font |100| naître et périr, être et ne pas être, | changer de lieu, muer de couleur. | Mais, puisqu’il est parfait sous une limite extrême, | il ressemble à la masse d’une sphère arrondie de tous côtés, | également distante de son centre en tous points. Ni plus |105| ni moins ne peut être ici ou là ; | car il n’y a point de non-être qui empêche l’être d’arriver à l’égalité ; | il n’y a point non plus d’être qui lui donne | plus ou moins d’être ici ou là, puisqu’il est tout, sans exception. | Ainsi, égal de tous côtés, il est néanmoins dans des limites. |110| J’arrête ici le discours certain, ce qui se pense | selon la vérité ; apprends maintenant les opinions humaines ; | écoute le décevant arrangement de mes vers. |
Tirée de la conclusion :
" Comment se fait la jointure, en un point, du Temps et de l'Éternité ? "Maintenant", vùv (8.5) : ce petit mot, de tout le Poème, est sans doute la clef.
La Terre enracinée dans l'eau.
Ni il était une fois, ni il ne sera, puisqu'il est maintenant, tout entier ensemble, un, continu.
Un même est en effet à la fois penser et être.
p79
Il ne faut pas s’offusquer des tremblements de sens du verbe être, puisque c’est pour cela même qu’il est choisi. Par contre, il faut tenir compte le plus rigoureux de la différence des formes et de la présence de l’article.
-Barbara Cassin
p46
On ne peut ni dire ni penser que l'être n'est pas, car s'il venait de rien quelle nécessité eût provoqué son apparition ou plus tard ou plus tôt.
Peu importe par où je commence car je reviendrai ici.
Commun m’est, là d’où je pars ; car j’y reviendrai de nouveau.
p75
Le grec, langue, entre autres, de l’être.
- Barbara Cassin
p68
La sophistique présente […] un double intérêt […]. Intérêt de diagnostic d’abord. Avec rapidité et insolence, dès Gorgias […], elle diagnostique dans l’ontologie un fait de discours et dans l’être un effet de dire ; si bien qu’elle interprète le Poème [de Parménide], non pas comme un monument unique […] mais comme une preuve parmi d’autres du pouvoir du langage. C’est là son second intérêt : elle institue la comparaison. Le traité de Gorgias (dont le titre […] est l’exact contrepoint du poème : Sur le non-étant ou sur la nature, à coté de : Sur la nature ou sur l’étant) immerge les séquences du Poèmes dans d’autres séquences possibles, il tire et construit, en exploitant autrement la négation, d’autres fils de langue que le poème refuse alors qu’il y rend sensible.
- Barbara Cassin
p67
Le poème est d’abord un métadiscours sur la grammaire. Il y va de la collusion « naturelle » entre grammaire et ontologie : on assiste à la constitution progressive du substantif et du substantiel […], à son détachement, à son autonomisation.
-Barbara Cassin
p30
Je voudrais décrire comment ces deux manières s’articulent dans le Poème […] court-circuitant d’emblée l’opposition entre muthos et logis et l’évolution en forme de miracle grec censée faire passer de l’un à l’autre – manière de décloisonner pour nous modernes les genres du littéraire et du philosophique.
- Barbara Cassin
p22-23
Sur la vérité. — Allons, je vais te dire et tu vas entendre | quelles sont les seules voies de recherche ouvertes à l’intelligence ; |35| l’une, que l’être est, que le non-être n’est pas, | chemin de la certitude, qui accompagne la vérité ; | l’autre, que l’être n’est pas, et que le non-être est forcément, | route où je te le dis, tu ne dois aucunement te laisser séduire. | Tu ne peux avoir connaissance de ce qui n’est pas, tu ne peux le saisir |40| ni l’exprimer ; car le pensé et l’être sont une même chose. | .....
Il m’est indifférent | de commencer d’un côté ou de l’autre ; car en tout cas, je reviendrai sur mes pas. | .....
Il faut penser et dire que ce qui est ; car il y a être, | il n’y a pas de non-être ; voilà ce que je t’ordonne de proclamer. |45| Je te détourne de cette voie de recherche, | où les mortels qui ne savent rien | s’égarent incertains ; l’impuissance de leur pensée | y conduit leur esprit errant ; ils vont | sourds et aveugles, stupides et sans jugement ; |50| ils croient qu’être et ne pas être est la même chose | et n’est pas la même chose ; et toujours leur chemin les ramène au même point. | .....