Si ce livre est extrêmement difficile à décrire, il n’est pas plus simple à chroniquer. Malgré tous les éloges qui figurent sur le livre – on compte pas moins de neuf avis dithyrambiques, sur les rabats de la deuxième, de la troisième et sur la quatrième de couverture, dont cinq sont ceux de philosophes -, il est difficile de dire que j’ai aimé ce livre.
Mais il est également difficile de dire que je n’ai pas pris, en même temps, un certain plaisir à le lire, à la fois parce que la langue est belle, avec des fulgurances – Pascal Bacqué parle d’un « art suraigu du silence », ou évoque, pour les religieux ayant abondamment pratiqué les génuflexions, « la vieille gêne des agenouillements cisaillés par la matière ».
En réalité, ce livre est compliqué à lire, parce qu’il est tellement ambitieux. Trop, peut être, pour le lecteur moyen. En tout cas, moi, il me renvoie à mon ignorance, à mes lacunes culturelles. Mon niveau d’érudition n’est pas suffisant pour que je puisse tirer les fils de ce récit et le décrypter. Du coup, je me sens bête, ce qui n’est pas forcément le plus agréable dans une expérience de lecture…
Du coup, je ne parviens pas à prendre de la hauteur sur le texte et à en percevoir les implications profondes, et je reste au pied de la lettre, face à des formules profondément poétiques mais qui résonnent, du coup, au premier degré, comme un exercice de style qui me laisse de marbre.
« Le tapis des mots qu’il avait envoyés sur les foules en panache de flammes (car les mots de Winston avaient commandé aux bombes) et leurs répercussions infinies de bouche à bouche et dans les pensées des hommes furent aspirées d’un seul coup par un courant d’air froid ».
Pour évacuer la frustration de se retrouver sur le bord du chemin, reste alors la forme. L’objet est plutôt réussi, mais, à l’usage, déception. J’ai relevé une bonne trentaine de problèmes de mise en page, des mots coupés en plein milieu d’une ligne, des problèmes de passage à la ligne non effectués dans des dialogues, des sauts de paragraphes en pleine phrase. J’ai conscience que je n’aurais probablement pas fait attention à cela si j’avais adhéré au texte. Mais là, j’ai surtout ressenti un contraste entre l’ambition du projet et la réalisation de l’objet…
Alors, ce livre ? Je ne peux pas le conseiller sans prévenir qu’il est ardu ! Ainsi, je dirais qu’il s’adresse en priorité à des personnes ayant une excellente connaissance de l’histoire des idées, des religions – et, notamment, du talmud – et qui ne craignent pas de confronter leur érudition à celle du poète, écrivain et philosophe qu’est Pascal Bacqué…
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