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Critiques de Patrice Carrer (6)
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Le Livre des Felures - 31 Histoires Cousues..

Un livre qui vaut la lecture ne serait-ce que pour les curieux. 31 auteurs divisés en 4 grandes thématiques : les new beats (héritiers de la beat generation et d'un mode de vie en marge), les méta-réalistes, surnommés ici les péquenauds magnifiques (soit le renouveau de la littérature rurale, entre désertification territoriale et violence para-urbaine), les off-noirs (le polar/roman noir sauce 13e note) et un thème autour de la liberté (en parrallèle, deux écrivains emprisonnés et plusieurs écrivains "routards"). C'est donc au-delà de la découverte de vrais talents d'écrivains, la découverte de courants littéraires dont il est ici question. En témoigne l'introduction ultra détaillée, véritable cours magistral de la littérature américaine au 21e siècle, qui ravira les lecteurs les plus pointus, et comme moi, les lecteurs curieux des tendances (contre)- culturelles.
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Le Livre des Felures - 31 Histoires Cousues..

Le livre des fêlures est un collectif de 31 auteurs réunis par les éditions 13E Note. Plus qu’un recueil de nouvelles, ce livre se veut un manuel de référence pour les auteurs undergrounds regroupés ici en quatre catégories : néo-beats, méta-réalistes, off-noir et inside out. Un essai de Patrick Carrer d’une quarantaine de pages au début nous donne les spécificités de chacune. Son texte nous éclaire quant aux origines de la littérature underground américaine —notamment l’influence beat— mais sa démonstration est laborieuse par endroit.



« Nous proposons d’appeler «néo-beats» ceux qui […] tentent de reprendre le flambeau d’une écriture libérée de certaines contraintes formelles —notamment du «bon goût», à la frontière de la morale et de l’esthétique—, écriture liée à un mode de vie marginal et potentiellement autodestructeur dont elle rend compte avec un souci d’«authenticité» aussi respectable que problématique » [p.28]. Dans cette catégorie, j’ai aimé Ton péché te retrouvera de Dan Fante, l’histoire rigolote d’un poète qui se retrouve à NY en pleine culture hippy et Pat et Corky de J.R. Helton, l’histoire humoristique de deux couples d’accros à la coke.



« Les méta-réalistes américains ont tendance à se montrer didactiques, à écrire sur les indigents, les moroses, les opprimés et les méchants… », nous dit Eric Miles Williamson [p. 49]. De cette catégorie, je retiens d’abord le superbe texte de John Paul Carillo : Mauvais exemple dans lequel un garçon fait le ménage chez sa tante alcoolo et en profite pour s’envoyer des comprimés de codéine. J’ai aussi aimé Rénovations urbaines d’Eric Miles Williamson, l’histoire d’un type qui vit dans sa bagnole près d’une décharge publique. Et, finalement, Le resquilleur de Scott Phillips qui raconte l’histoire d’un type qui veut devenir projectionniste de cinéma mais qui, pour des raisons syndicales, doit d’abord exercer son métier dans des salles pornos.



La troisième catégorie, le off-noir, est la rencontre entre les méta-réalistes ou les néo-beats avec le polar. N’étant pas amateur de polar, ce n’est pas la partie du livre que j’ai préférée. Je retiens tout de même Le rôle de sa vie de Mark SaFranko, l’histoire de deux types qui invitent à la maison une danseuse toxicomane qui s’avère aussi être une redoutable kleptomane. La nouvelle la plus jouissive est L’icône immaculée, de Patrick deWitt, dans laquelle un type s’introduit dans des maisons bourgeoises et les saccage tout en ruminant des pensées existentielles.



La dernière catégorie, inside-out, regroupe des récits de prisonniers ou de voyageurs. Plusieurs de ces récits m’ont paru valables même si certains se ressemblent. Quand on parle de prison ou de drogue, ça finit souvent par se ressembler. La nouvelle que j’ai préférée est Le journal de Sharon du Colombien Alfredo Molano. Un homme raconte l’étonnante odyssée de Nacha, une jolie sud-américaine experte en contrebande de stupéfiants.



Le livre des fêlures en vaut la peine vu sa grande diversité de nouvelles. Bien que laborieux par endroits, l’essai du début nous incite à réfléchir à ce qu’est la littérature underground, à ses influences et aux liens qui existent entre les genres. De nombreuses références intéresseront ceux qui voudraient approfondir le sujet ou accéder à une des publications web citées. Enfin si vous aimez le format de la nouvelle ou si vous êtes —comme moi— un écrivain un peu fêlé et voulez en apprendre sur le style que vous pratiquez, ce livre est pour vous.
Lien : https://alaincliche.wordpres..
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Ladyland : Anthologie de littérature féminine a..

Cette anthologie regroupe 25 nouvelles. Comme l’explique Patrice Carrer dans la postface, il y a eu plusieurs critères de sélection, qui donnent à ce recueil une véritable cohérence. Tout d’abord, le sexe. Après avoir réuni 31 plumes dans une précédente anthologie intitulée Le livre des fêlures en 2010, dans laquelle une seule femme était présente, 13e Note décide de proposer des textes dans la même veine réaliste/autobiographique mais écrits cette fois par des femmes uniquement. Un autre critère, celui de la nationalité : toutes sont Américaines. Ensuite, le fait que ces auteurs soient underground. Aucune n’a encore été publiée en France, certaines ne l’ont même pas été aux États-Unis. Underground par opposition à main stream, ces auteures font partie d’une avant-garde indépendante. Dernier critère, elles sont nos contemporaines.



Comme je le disais, le choix des auteures et de leur texte est très cohérent en particulier car toutes se réclament d’une même veine post-beat generation, qui correspond totalement à la ligne éditoriale de 13e Note qui publie des « auteurs extrêmes sous haute tension ». Leur écriture est crue, les mots sont forts, les histoires explosives. Dans ces nouvelles, elles sont stripteaseuses, gogo danseuses, prostituées,… Elles parlent de sexe, d’amour, d’addiction, de déception, de mort. L’esprit de rébellion qu’elles insufflent fait du bien à lire même si j’ai trouvé qu’il y avait des nouvelles plus faiblardes que d’autres, mais c’est sûrement purement subjectif ! J’ai beaucoup aimé les textes de Antonia Crane (dans lequel une prostituée met fin aux souffrances de sa mère malade), de Rene Dietrich (récit d’une fille en colère contre un père qu’elle surnomme à juste titre « L’Enculé »), de Gina Frangello (où l’on ressent tout l’amour d’une fille pour sa mère), de Linda King (amante et confidente de Bukowski), de Cookie Mueller (histoire d’amour et de « cochonneries »), de Sigrid Nunez (sur Susan Sontag), de Sin Soracco (récit de deux ex-prisonnières), de Michelle Tea (histoire d’amour ou plutôt d’addiction amoureuse et de déception), et de Sabine Walser (où quand manger un hamburger devient un acte pornographique !).



Je conseille cette lecture, ne serait-ce que pour découvrir toutes ces auteurs atypiques, dignes héritières de Bukowski, John Fante, et William Burroughs. Mais aussi pour entrer dans des univers transgressifs décrits avec réalisme et cynisme. Enfin pour la postface richement documenté et renseigné de Patrice Carrer, directeur d’ouvrage chez 13e note, qui dresse notamment un panorama très riche sur le féminisme et ses évolutions ainsi que sur la place des femmes dans la littérature.

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Don Giovanni : Suivi de Les initiés

Reprenant dans les deux pièces des situations classiques chez Fante (le père/la famille et les relations compliquées qu'il en découle et sur la seconde pièce l'imposture du travail et de l'hypocrisie de la rédemption), le tout se lit très bien, sans toutefois égaler les romans de l'auteur. Cependant, comme énoncé dans l'avant-propos, ce théâtre contemporain underground est créé pour la scène. Reste à voir quels acteurs seront assez timbrés pour incarner les Fante au complet !
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Ladyland : Anthologie de littérature féminine a..

Pas de fioriture, nada. Pas de blabla non plus.



Ici la putain de plume est plus forte que la bite-épée de cette vague d'auteurs couillus arpentant les routes de l'Amérique tout en se mettant cher au whisky.



Bien sûr, j'crache pas sur le talent d'certains messieurs, mais bordel, les coups de poings dans le bide ici, c'est pas à eux que je les dois. Aux putes, aux stripteaseuses, aux ados punks rebelles, aux professeurs de littérature, aux groupies, aux muses, aux compagnes d'artistes.



Difficile de choisir ne serait-ce qu'une nouvelle ou un témoignage pour dessiner ce que ça provoque comme sentiment. La rage aux tempes, le clope roulé qu'on ose à peine remettre sur le cendrier pour pas louper un seul morceau de ce qu'on a devant les yeux.



Ladyland est un recueil de nouvelles, de poésies, de blessures, de beautés, d'anecdotes et en bonus un petit historique sur le féminisme américain et français. Histoire d'en savoir un peu plus sur les différents courants, sur les héros qui fascinent les ligues, les LGBTI, les Riot grrrl, ou tout simplement les hétéros qui décident que la femme est un homme comme vous et moi.



On pourra y lire (entre autres) les débuts de passes sordides, glauques, voulues, l'excitation que l'on ressent à danser nue devant des hommes, l'absurdité de la chose précédente, les déviances sexuelles, les joies dégueulantes de la maternité, (un peu) d'intimité de Susan Sontag, une relation ambigüe avec Bukowski,...



(fais chier il vous faut quoi d'autre pour que ça vous donne envie après tout ce que je viens d'énumérer ?)



C'est ce qui m'a fait prendre mon pied. Peu importe qu'on soit militant, rageux, qu'on se fasse chier ou que la curiosité nous pousse à faire défiler chaque page jusqu'à la fin. Ce recueil n'est qu'une petite pierre de plus, balancée dans un combat perpétuel.



J'sais pas s'il est destiné à faire évoluer certaines mentalités, mais je lui souhaite. Bon le truc c'est que vu qu'il est épuisé y'a plus que 4 librairies qui l'ont encore en stock en France et si vous voulez vous le procurer par un particulier comptez quand même 60 boules (eh ouais ma gueule, un livre épuisé ça rapporte pépète, si t'as pas encore lu "l'investissement pour les Teubés" c'est le moment)



13e Note à cette particularité de plonger là où tu sais que c'est déjà la merde, mais où les habitudes font que tu fais plus gaffe à certaine choses,, c'est encore une putain d'réussite, j'te tire mon string, mon slim et mes camel-ocb, toi et ta ligne éditoriale de grand malade.



Sinon faites le vous prêter (mais pas par moi t'es ouf toi ?), t'en sortiras pas moins bête, et si t'es cap d'aller pisser sur une Boutin au passage alors on redeviendra sûrement copains.
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Ladyland : Anthologie de littérature féminine a..

J'ai lu la première nouvelle (que j'ai beaucoup aimé). Le reste viendra au fil des envies... Les recueils sont rarement lus d'un coup avec moi.
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