Extrait de "Hasard moral" de Jesse Sublett.
Le garde-chasse, premier arrivé sur les lieux, a gerbé en voyant ça. Le jeune shérif adjoint s'est presque marré, croyant à une sale blague de voyous du coin ou de pillards qui avaient ratissé le quartier après la tempête. Ce qui les a frappés en entrant, c'étaient les restes carbonisés d'un grand fauteuil avec tout un bazar dessus. Juste devant, deux pieds de zombie en latex, le genre d'accessoires qu'on trouve dans les magasins de farces et attrapes. Par miracle, le seul objet vraiment abîmé à part le fauteuil était la TV, noircie et à moitié fondue comme les montres molles de Salvator Dali. Autre truc bizarre, la vilaine couche de poussière rosâtre qui recouvrait tout. Plus cette odeur immonde. Une putain de sale blague.
En entrant dans le bureau, le jeune adjoint a passé les doigts sur l'encadrement de la porte. La pellicule rose avait une texture huileuse. Il a compris d'un coup que les débris calcinés étaient les restes d'un homme, et que les pieds de zombie ne sortaient pas du tout d'un magasin de farces et attrapes.
'L'underground, c'est l'avant garde indépendante et plus ou moins subversive, non pas tant délibérément que par son existence même. Vu la permissivité contemporaine, sa capacité presque infinie à tout ingérer et digérer, un rebelle peut-il encore y trouver l'ombre d'une cause à défendre?
Je commençais à me dire que le Wiggles n'était pas un établissement des plus selects. Mon pote Victor m'a raconté longtemps après qu'il avait vu là-bas une fille attraper un billet de un dollar en contractant les muscles de son vagin. Pas sélect peut-être, mais faisant appel à un personnel hautement qualifié.