la conscience de l’homme est à l’étroit dans son corps. Plus rien n’est adapté. Dès sa naissance, c’est la catastrophe : il est incapable de survivre seul, car il est né prématuré en raison de son évolution vers la position debout. Son cerveau a déjà un potentiel phénoménal et le met en perpétuel défi face à son environnement. Quel animal se réveille et se dit « zut alors, ce matin il va falloir que j’aille chasser, je n’ai vraiment pas envie » ou bien « quelle vie horrible que celle-ci, j’aimerais tant celle d’un autre » ? Aucun, mis à part l’homme !
Clarisse alla consulter son positionnement et ne tarda pas à le comparer avec celui de ses copines de classe. Première surprise : elle était mieux placée que sa meilleure amie dont les parents étaient richissimes. Elle pensa à toutes les phrases de ses parents sur le bonheur et l’argent. Elle se dit que, finalement, tout ne devait pas être si rose dans la vie de sa copine. Les problèmes d’hyperactivité de son petit frère, la copine elle-même perturbée et légèrement dépressive. La famille soumise à rude épreuve. Elle constata que, selon la manière dont on réagissait à un événement ou une contrariété, le classement dans l’application « Feel » pouvait varier très rapidement.
Un complément librement développé par un indépendant s’appelait « l’aile de papillon ». Il était d’utilisation très simple : il suffisait de définir une action de départ pour en suivre les effets au niveau mondial sur plusieurs jours, avec possibilité de modéliser sur les années à venir. Un battement d’aile de papillon pouvait provoquer un ouragan à l’autre bout de la planète, disait-on. Il était désormais possible d’observer les effets d’un réveil plus tardif, d’un sourire ou d’un mauvais regard envers autrui.