Citations de Patricia Castex-Menier (57)
III
QUO
Aux lieux des monts,
où l'on va.
Avec
la pluie,
doucement,
une
forêt s'est mise en marche.
***
Alors
tout
le visible vient par intermittences,
et
tient lieu de pensée.
p.38
LE LIEU
Le
chemin est à refaire.
Dans un sens ou dans l'autre,
selon
l'indication de la lumière.
Déjà
nous cherchons un rituel,
entre
la pierre instable et la piqure de l'ortie.
p.51
L'APPROCHE
Pour
te rejoindre, en route avant le jour,
me
suis-je nourrie de peu
pourtant
de tout ce pain d'étoiles
quand
je levais les yeux ?
L'aurore
pour aujourd'hui ne m'aura rien laissé,
souveraine
impassible à son festin recommencé.
p.35
Havres
extrait 3
L’orage
soudain a tout deviné.
Il
fait un enclos
de
la chambre d’écriture,
et
la lampe ouvre l’œil.
Certains
mots, toujours les mêmes,
s’offrent
d’emblée.
On
les accueille sans lassitude,
puisqu’ils
abritent tous les autres.
Havres
extrait 1
S’en remettre
aux bourrasques, à l’averse, aux branches,
pour faire tourner
dans le tambour entre les tempes
la grande lessive.
Sans chercher à compter les pétales tombés.
IV
LA NUIT DU LIEU
La
reculée, la séculaire,
celle
dont le silence
nous
rapproche enfin
du
pleur des pierres.
p.59
IV
UBI
A toi, ces lieux d'amour,
où l'on demeure.
Viens,
accompagne la paume dans la caresse, et
la dent dans la morsure. Le désir est précis,
et ses travaux préparés de longue date. Nous
serons obstinés, mènerons nos patiences
d'aveugles vers les grisous enfouis de la
tendresse.
p.54
LE LIEU
Il
fait grand beau :
être immobile va de soi pour le ciel.
Le
vent, et sa charrue déjà passée,
sans
trace derrière elle.
p.49
Si
peu de passé,
et l'avenir trop indistinct :
tu as le droit d'être princesse de l'instant.
La mémoire et l'espoir
se limitent aux reflets du jour,
et tu danses, sans pareille.
Descends
cependant quelquefois au jardin :
la rose y est serrée avant la floraison,
sa puissance retenue
dans le poing du bourgeon.
Et qu'un jour tu te déploies ainsi
de la juste manière,
celle des pétales.
Si l’on regarde le bourgeon…
Si
l’on regarde le bourgeon,
puis
la fleur, puis le fruit,
puis
le bourgeon, puis la fleur,
puis
le fruit,
on
ne craint plus de mourir.
Mais
cela prend du temps.
Cueillir le son du ricochet …
Cueillir
le son du ricochet,
puis
rêver
avec
les ronds dans l’eau
à
l’expansion de l’univers.
Mais oui…
Mais
oui,
rien
ne fait plus de bruit
que la neige :
les
enfants,
les pauvres et les poètes
en
ont déjà tant parlé !
I
La nuit à soi
Sous
le manteau
elle
garde clandestins
nos
disparus :
dans
la chambre
une
chaise vient de tomber,
et
le chat n'y est pour rien.
p.15
I
La nuit à soi
On
lui confie
la
veille
de nos angoisses
elle
se tient
fidèle à leur chevet :
en
témoigne
son œil rond,
bien
ouvert au matin
dans
la tasse de café.
p.14
I
UNDE
Aux lieux des ruines,
d'où l'on vient.
Murs
décapités
et
cette foudre
dont
il reste l'image,
étrangement paisible.
*
Inversement,
c'est
maintenant le ciel
qui
troue le temple.
p.21
III
QUO
Aux lieux des monts,
où l'on va.
Chemin
en
verrous dans la montagne
l'intense
est plus haut,
avec
le vide.
p.40
Sans doute, si l'on me dévisage, ai-je
alors le regard blanc. Tout à l'heure je
serai à nouveau celle que le dehors pourra
reprendre, et disperser aux quatre coins de
l'ailleurs, du nombre, de la perte. Pour
l'instant je suis ténue, compacte. Un poing
serré sur ta présence rassemblée, convoquée,
étreinte. Je dis je t'aime.
p.11
III
QUO
Aux lieux des monts,
où l'on va.
A
mi-chemin
ce
paysage de mise au monde
que
surplombent encore
d'immobiles
figures d'accoucheuses.
p.42
I
UNDE
Aux lieux des ruines,
d'où l'on vient.
Ceinture
d'arbres autour du mausolée :
l'idée
de mort adoucie
par le cercle.
p.16