AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Paul Adam (22)


—Certainement je l'aime moins que je ne vous aime ; oui, moins. Mais lui n'essaiera pas de pénétrer mon âme intime, de posséder au-delà de ce que je lui donnerai de moi.

Chapitre II
Commenter  J’apprécie          180
On atteignait aux premiers jours du printemps ; et le printemps paraissait, de l'avis de tous les hommes de guerre, le moment le meilleur pour susciter le massacre mutuel des peuples.

Chapitre III
Commenter  J’apprécie          170
Comme la nuit se prépare à luire de tous ses astres, les fenêtres s'ouvrent.... Les deux sœurs viennent sur le balcon pour assister au ciel.

Chapitre II
Commenter  J’apprécie          150
La douleur s'endort dans l'abrutissement…

Chapitre I
Commenter  J’apprécie          150
Paul Adam
En ce temps les miracles et les saints semblaient vouloir disparaître. On croyait facilement que les âmes contemporaines manquaient de l’esprit de sacrifice. Les martyrs du siècle furent surtout d’obscurs citoyens hallucinés par le tintamarre des mots politiques, puis mitraillés impitoyablement en 1830, en 1848, en 1871 au bénéfice de certaines situations parlementaires que se préparaient ainsi des avocats violents et sournois ; et il y aurait même de l’imprudence à prétendre que nul vœu d’intérêt individuel n’engagea ces combattants malheureux à rechercher, eux-mêmes, les armes à la main, un profit électoral.
Les parades des Deux Chambres avec leurs scandales quotidiens, leurs syndicats de fabricants de sucre, de bouilleurs de cru, de vendeurs de bière, de faiseurs de vin, de courtiers en céréales et d’éleveurs de bestiaux nous révélèrent, à maintes reprises, les mobiles du suffrage universel. Il y eut Méline et Morelli, le sénateur Le Guay… Aussi toutes ces batailles de la chaussée parisienne, toutes les histoires de la rue Transnonain ou de Satory finiront-elles par nous paraître de simples querelles de marchands âpres à la concurrence.
Nos âmes sans complexité se fussent probablement déplues à suivre encore les jeux brusques de ces marionnettes ; et la politique eût été mise hors de notre préoccupation, si la légende du sacrifice, du don de la vie pour le bonheur humain n’eût subitement réapparu dans l’Époque avec le martyre de Ravachol.

(Entretiens Politiques et littéraires Juillet 1892 3e année vol. V N° 28 Repris dans Critique des Moeurs Ollendorff 1897).
Commenter  J’apprécie          140
—Tout ça, mes vieux bougres, ça ne vaut pas encore le coup du commandant de Chaclos—Ah! Dieu de Dieu! mes enfants, j'y étais: quelle marmelade! Moi-même ai posé la cartouche sous la pile du pont.... On les a laissés s'engager, et quand ils y furent en bon nombre... le commandant poussa le bouton de la batterie électrique.... Vlan! Le paquet a sauté!
«On retrouvait des doigts, des nez qui se promenaient tout seuls à plus de deux cents mètres, et des yeux collés contre les arbres, entre les morceaux de cervelle et des bouts de nerfs... et ces yeux-là vous regardaient.... C'était effrayant, mon cher, effrayant!... Du coup, ils battirent en retraite, les survivants. Nous eûmes sans peine leurs positions... et nous voilà ici, victorieux, le verre à la main.... On dresse des arcs de triomphe. Le commandant a eu sa croix.... Vive la guerre donc!... quand on en revient...»

Chapitre II
Commenter  J’apprécie          124
Il faut de la prudence, Philippe, avec ce peuple de pauvres ; car il lui arrive de s'exaspérer.

Chapitre I
Commenter  J’apprécie          111
Paul Adam
Les parades des Deux Chambres avec leurs scandales quotidiens, leurs syndicats de fabricants de sucre, de bouilleurs de cru, de vendeurs de bière, de faiseurs de vin, de courtiers en céréales et d’éleveurs de bestiaux nous révélèrent, à maintes reprises, les mobiles du suffrage universel.
Commenter  J’apprécie          70
Paul Adam
Vers la fin du siècle dernier, pendant toute la première moitié de celui-ci, le monde pleura Werther recevant de Charlotte les pistolets, afin de mourir pour des amours insatisfaites. La descendance de nos aïeux saura-t elle s’émouvoir en faveur d'un adolescent qui prétendit mourir pour une science inassouvie?
Tel est le problème offert ici à la sensibilité des hommes.
Commenter  J’apprécie          70
Il faut être des voluptueux, puisque le sang latin nous y oblige ; il faut être des voluptueux et des silencieux, non des amoureux, ni des beaux parleurs. Habituons-nous au mutisme. N’étourdissons pas notre pensée avec les mots sonores. Laissons-la méditer. Et conversons surtout avec les livres. Il n’est pas un mauvais roman qui ne l’emporte sur les devis les plus alertes. Le salut est dans la lecture. Du conte licencieux à l’étude psychologique, de l’étude psychologique au roman social, du roman social aux mémoires historiques, de ceux-ci à l’histoire même et de l’histoire aux sciences, à la philosophie, toutes les suggestions s’enchaînent. De curiosité en curiosité, le lecteur atteint progressivement et vite au goût de la plus haute mentalité.

Rien n’engage à lire comme le silence, puisqu’il lui faut la solitude. S’exercer au silence, c’est donc se préparer directement à l’acquisition du savoir. Lire, c’est aussi multiplier sa vie en l’augmentant de toutes les vies relatées dans les volumes. C’est s’instruire sur l’homme, sur ses passions. C’est apprendre à les diriger. C’est conquérir l’influence et la puissance.
Commenter  J’apprécie          51
Si les capitaines retraités, sous la Restauration, se vantaient de traduire Horace en vers français et si les jouvenceaux du temps jouaient au rimeur poitrinaire, bien des hommes d’aujourd’hui se louent de savoir changer congrûment la bougie et remonter promptement le cône d’embrayage. L’amateur de lettres cède la place à l’amateur de mécanismes. Comme jadis d’être poète, on se glorifie maintenant d’être ajusteur. Ce qui légitime d’ailleurs les prophéties des socialistes. Ils assurent que, dans le futur état collectiviste, les riches d’aujourd’hui s’habitueront vite à se divertir des labeurs manuels dans les ateliers publics, pendant les quatre heures de travail allouées égalitairement aux trente-huit millions de Français.
Commenter  J’apprécie          31
C’est la principale vertu des sports que d’accroître l’énergie, l’initiative, la promptitude de la réflexion, l’audace adroite et perspicace. À tourner savamment les obstacles, à deviner le péril, à s’en préserver, à maintenir l’équilibre du cycle et à diriger délicatement la vitesse de l’automobile, notre esprit se persuade sans cesse de ses mille petites victoires. Ainsi, l’homme prend confiance en soi. Il reconnaît à son individu certaines qualités efficaces. Cela lui vaut de se fier mieux à sa volonté. L’éducation sportive anglaise a pourvu de cet avantage presque toute cette race d’outre-Manche. Les fils de John Bull et mieux encore les fils de l’oncle Jonathan, le Yankee, s’en remettent volontiers à leur caractère pour aller de l’avant. Leur orgueil les pousse à tout oser de ce qui semble lointain, difficile, inaccessible. Au contraire, notre orgueil nous porte à éviter toute aventure où la victoire ne nous semble point sûre d’avance, tant nous avons peur d’être moqués en cas d’échec.
Commenter  J’apprécie          30
Lucie sanglotait. Mais une femme ayant insinué qu’elle avait eu tort de recevoir deux hommes à la fois, elle se fâcha, oubliant aussitôt son chagrin.
— Tiens, si vous croyez qu’on fait ce qu’on veut dans cette saloperie de métier-là.
— Fallait pas le prendre, ma fille !
— J’aurais bien voulu vous y voir.
— C’est égal, si t’étais restée honnête, ça ne te serait pas arrivée.
— Honnête ! Et toi tu l’es, honnête ?
— Un peu plus que toi au moins.
— Hé va donc, grand chameau, c’est parce que t’as pas de physique. Bien sûr que tu ne trouverais pas deux hommes pour vouloir monter chez toi.
— Du calme, hein ! Mamzelle du trottoir !
— Attends un peu, toi !
Commenter  J’apprécie          30
À la gare de Douai, Lucie Thirache était descendue.

Elle se faufila parmi les commissionnaires chargés de malles et parvint sous la marquise extérieure : les portières d’omnibus béaient au bord du trottoir. De l’une à l’autre elle allait, indifférente aux boniments des conducteurs, s’attardant à déchiffrer les enseignes. L’inscription « Hôtel de Versailles » l’arrêta ; dans sa dernière lettre, la patronne avait désigné cette voiture. Elle monta. Pour lui faire place, un monsieur ramassa sur ses genoux les pans de sa redingote ; une jeune fille amoncela un châle, des paquets, plusieurs cartons. Lucie remercia, recueillit un coup de chapeau et un sourire. Flattée de ces politesses, elle examinait ses compagnons avec sympathie ; par les regards, rapidement, une intimité s’établissait :

— Où va Mademoiselle ? interrogea le cocher.

Elle rougit, par embarras : indiquer l’adresse, sans doute bien connue, de la maison Donard, c’était, devant tous, dénoncer son métier de fille. Muette, elle espéra d’inopinées recommandations qui, données par les autres voyageurs, étoufferaient peut-être sa réponse. Personne ne parla. Elle dut se décider.

— 7, rue Pépin.

Un rire montra les dents gâtées du cocher. Il reclaqua la portière, proclamant à un collègue :

— Hé ! Flachaut, nous nous mettons bien : nous conduisons une nouvelle pour le 7.
Commenter  J’apprécie          30
Le 10 août 1470 le chapelain Jean Fabri lègue à la fabrique de l'église Saint-Georges une certain nombre de livres, à savoir douze volumes d'une valeur de trente florins et plus ; ces livres ont été placés dans la librairie de cette église.
Commenter  J’apprécie          30
La vaste cuisine de ferme tiède après le dîner ; où s’étirent les ombres sur le carreau rose, où la vieille servante droite et plate essuie la vaisselle tintante ; là Cyrille vient s’asseoir cette veillée d’hiver.
Il pense à Trouville, aux mois des dernières vacances, à Denise. Son cousin, ce noceur, les avait unis solennellement, un matin, devant la mer plumetée, tandis que ruisselait l’harmonieuse voix des eaux, tandis que riait cette fille aux cheveux teints.
Et suivit une folle excursion en barque où elle le serrait à la taille en lui disant des bêtises : « Potache, potache. Oh ! que t’es farce, petit potache. » Ce lui sonne encore. Elle épela « Institut Saint-Vincent » sur les boutons de son uniforme ; car, sorti depuis cinq jours de chez les Pères, un tailleur n’avait pu le pourvoir de vêtements civils.
Et dans cette chair duveteuse, dans ces cheveux teints gros et drus, il vécut des semaines. Les heures passées hors des étreintes, il ne les sait plus.

L’aima-t-elle cette femme de Paris, échouée là pour faire la plage ? Si bête qu’elle ne parlait même pas, si robuste qu’elle le faisait geindre en le lacis de ses bras doux, lui le rude fils de paysans et de chasseurs. Elle l’ahurit de ses parfums brusques, de ses dentelles infinies, de ses soieries et de ses mousselines.
Commenter  J’apprécie          20
Ce devint sa vengeance, voir Lucienne au soir quand il rentrait ivre.

La raison vaincue par le vin, sa colère éclatait pour une chaise mise hors la place habituelle, pour une poterie ébréchée, pour une servante punie. À propos de rien il épandait des injures, des menaces. Et cela lui paraissait juste comme un devoir. Il croyait la sévérité propre à maintenir sa femme dans la soumission, le repentir, la crainte du mal, la vertu. Par des paroles ambiguës, que seule la coupable pouvait comprendre, il décela les motifs de sa haine. Mais elle feignit toujours de n'en pas saisir le sens caché.

Elle pleura, elle pleura sans cesse, assise dans leur chambre, sa figure futile collée aux fleurages pompadour des fauteuils.
Commenter  J’apprécie          10
On a soutenu que la Compagnie métropolitaine des Produits pharmaceutiques m’avait indiqué la découverte du docteur Goulven. Ce n’est pas exact. Ayant rencontré mes anciens condisciples de la Faculté des Sciences au congrès biologique de 1904, j’appris, moi-même, de leur bouche, la nouvelle : l’Académie de Médecine décidait qu’en séance publique serait lue la notice de notre ancien camarade. Là-dessus, chacun clabauda, niant l‘importance de ses recherches, comme il sied à des collègues et des émules. « Nos amis nous pardonnent moins un succès net qu’un échec avilissant ! » a dit tel sage du New-Jersey. Pour fielleuses et injustes qu’elles me semblèrent d’abord, la plupart des critiques devinrent tellement acharnées que je sortis du Congrès en doutant que mon ami breton eût créé rien qui valût. C’était de la théorie pure, de la quintessence et de la transcendance : – ce qui ne se vend pas.

J’avais connu notre lauréat pendant un stage qu’il fit a Paris, avant de présenter sa thèse. Il avait alors, deux ou trois mois, fréquenté le laboratoire de chimie organique où je remplissais les fonctions de préparateur. Taciturne et doux, joli garçon, presque imberbe et les cheveux longs, il était souvent en butte à nos quolibets d’étudiants paillards pour la sévérité de ses mœurs « province », comme nous disions. Plusieurs fois il vint dans ma chambre, rue des Écoles, au cinquième, me demander le sens de certaines phrases grecques. ll étudiait la peste antique chez les auteurs hellènes et latins. Reçu docteur, il nous quitta. Je sus dans la suite qu’on l’avait embarqué sur un croiseur, comme médecin en second. Puis je me mariai, j’allai vivre en Flandre, dans la quincaillerie de mes beaux parents. J’engraissai. J’oubliai mon Goulven. Beau coup plus tard, environ dix-huit mois avant qu’on parlât de sa notice à l’Académie de Médecine, pendant un voyage d'affaires pour les iodes, je le retrouvai dans un café de Nantes. Il ne parut guère désireux de se lier davantage, et m’annonça seulement sa prochaine campagne dans le golfe du Mexique. ll espérait y recueillir des observations sur la fièvre jaune et le typhus. Je voulus l’emmener en aimable compagnie, dans un bon endroit. Il allégua qu`il était marié, ce qui fit éclater de rire mes gracieuses Nantaises. L'usure et la coupe démodée de ses vêtements me suggérèrent plutôt qu’il ne pouvait subvenir aux dépenses accessoires de la petite fête. Et je me sou vins qu'à Paris il repoussait, par scrupule excessif de pauvre, les avances de celles qui voulaient chérir gratuitement sa belle figure de chevalier moyen âge, et sa jeune sveltesse. Je le laissai donc partir.
Commenter  J’apprécie          10
D'ailleurs, la légende de la petite prophétesse avait bientôt visité les imaginations des soldats ; et ils en causaient tout bas dans les chambrées, avant le couvre-feu. Leurs courages allaient mollir. Dans les rangs, à deux reprises, des recrues se révoltèrent contre les commandements ; et on murmurait que l'heure viendrait bientôt où les hommes cesseraient d'apprendre l'art de tuer. On fondrait les canons pour fabriquer des charrues. La fraternité universelle ne tarderait plus à s'épanouir.
Commenter  J’apprécie          00
Philippe pressentit dans les lettres de son
oncle le dessein d’unir Philomène au
commandant de Chaclos. L’angoisse extrême qui
le prit alors au cœur l’étonna d’abord. Sa cousine
comptait cinq ans de plus que lui. En outre, elle
avait un caractère grave, et elle agréerait certes
mal les turbulences du cornette aux Guides qu’il
était.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Paul Adam (25)Voir plus

Quiz Voir plus

Verres

Dans le conte de Charles Perrault, il est parfois écrit que Cendrillon porte une pantoufle de vair. Qu'est-ce que le vair?

Un synonyme de verre
De la fourrure

10 questions
13 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..