Après l'avoir un peu dépoussiéré, j'ai ressorti l'un des ouvrages de Paul Arène (qu'à ma grande honte, je n'avais jamais lu jusque là) qui m'avait été offert par l'ancienne BDP, - devenue aujourd'hui MD (Médiathèque départementale) mais là ne sont que détails - pour ma petite médiathèque. J'ai donc eu envie de remettre cet auteur à l'honneur, étant trop peu connu à mon goût du grand public et pour de nombreux experts contrairement à son contemporain Alphonse Daudet, avec lequel il collabora (une de leurs pièces se trouve dans ce présent volume).
En réalité, le titre ici est trompeur car ce serait que pure rigolade que de résumer toute l'oeuvre de Paul Arène dans un seul volume d'à peine deux-cents et quelques pages. Non, en réalité, j'ai découvert en le lisant qu'il s'agissait du dix-septième volume de ce que l'ion qualifie d'oeuvres complètes (j'ignore combien il en existe en tout, du moins dans cette collection).
Ici se trouvent réunies deux contes que sont "Le Secret de Polichinelle" et "Les deux étoiles" et trois pièces de théâtre, à savoir "Le Pain du péché", "Le Char" (pièce co-écrite avec Alphonse Daudet) et Les Comédiens errants (pièce co-écrite avec Valéry Vernier). ces quelques écrits (parmi tant d'autres comme je le disais) donnent, à mon humble avis, une assez bonne idée et point de vue du talent et de la diversité des textes de Paul Arène. Dans ses deux contes, l'on retrouve une sacrée leçon de morale et même si il se penche (sans méchanceté mais avec un certain détachement et une bonne dose d'humour) à la religion chrétienne en mettant en parallèle la venue au monde du messie et celle d'une femme extrêmement gracieuse et envoutante qui n'est autre que Marie-Madeleine et que de nombreux adeptes vénèrent, il n'y a là pas de méchanceté, simplement le fait que Jésus n'était qu'un homme après tout !mais là n'est pas le moment de débattre de religion, simplement de rendre fait de ce qui se trouve écrit ici et qui ne peut prêter qu'à sourire, que l'on soit croyants ou non.
C'est en cela que la littérature est extraordinaire, c'est que, pour peu que l'on soit ouverts d'esprit et capables d'accepter, toutes les opinions, elle nous réunit tous - à nous après de nous faire notre propre point de vue et opinion et point de vue sur les récits en question. Quoi qu'il en soit, et justement dans ce même but, c'est la raison pour laquelle je ne peux que vous inviter à vous plonger à votre tour dans les écrits de cet immense auteur provençal ! A découvrir et à faire découvrir !
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Petits contes
Un recueil de petits contes et nouvelles qui se lisent très vites, sans intérêts pour les adultes mais qui peuvent êtres bien pour les parents qui veulent lire une petite histoire a leurs enfants avant de s'endormir
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Bon, faisons un petit sondage : qui a étudié les 'Lettres de mon moulin', en entier ou au moins un extrait, au collège ou au lycée ? Beaucoup sans doute, si ce n'est tout le monde. Mais, en dehors des enquêtrices aussi minutieuse que Nastasia, qui sait qu'Alphonse Daudet avait un ami du nom de Paul Arène, officiant dans un style très proche ? Si proche qu'une partie de ces charmantes petites nouvelles seraient en fait de sa plume, soupçonne-t-on. Parmi les exégètes et les puristes dont les PAL s'alignent en tours de Babel, on va jusqu'à insinuer qu'Arène était meilleur que Daudet ! Faisons-nous une idée par nous-mêmes.
Le narrateur, voyageant par sa chère Provence, fait escale chez l'un de ses amis, pécheur de son état, vivant dans un petit bout de Camargue ayant descendu le Rhône jusqu'à la mer. Lors d'un tour en barque, il aperçoit au loin un petit village planté sur un piton d'allure inaccessible. Il se renseigne : le lieu s'appelle le Puget-Maure. Le pic des Maures ! Mais les traces laissées par les Arabes dans le Midi, c'est sa grande passion ! Mais on le décourage. Les gens là-bas seraient spéciaux. Particulièrement fiers et butés. Ils tireraient orgueil d'un trésor légendaire caché dans les montagnes, et gardé par une chèvre d'or...
Aux senteurs de pins et de lavande vient se mêler le doux parfum du mystère, dans ce petit village isolé aux coutumes étranges et ces montagnes de pierrailles desséchées par le soleil où veillent des bergers solitaires. Les descriptions nous font voyager, l'histoire est particulièrement plaisante et menée avec élégance. Pêle-mêle, on retrouve un peu des ambiances de 'La mule du Pape', 'Le secret de maître Cornille, 'Les trois messes basses'...
Verdict ? Comme prévu les ressemblances sont fortes, mais si on remet en perspective avec 'Tartarin de Tarascon', on distingue plus nettement les deux influences différentes dans les 'Lettres de mon moulin'. A certains des égards, 'La chèvre d'or' m'a paru peut-être plus originale, mieux aboutie. A chacun de se faire son idée. Mais une chose est sûre : les deux savent aussi bien nous faire voyager.
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Paul Arène (1843-1896) est un écrivain provençal du 19ème siècle. A cette époque, les écrivains provençaux sont partagés entre le désir de sauvegarder et de promouvoir le provençal (= la langue d'oc), et celui de prendre un peu de distance par rapport à leurs attaches ancestrales. Paul Arène est confronté à ce dilemme, et, comme d'autres, il quittera pour un temps sa Provence natale pour "monter sur Paris" : là, il fréquentera les cafés littéraires, rencontrera Alphonse Daudet et écrira des articles et des chroniques pour Le Figaro littéraire. A Paris, il sera en relation constante avec Joseph Roumanille, un poète et son ancien professeur de collège, mais aussi avec Frédéric Mistral et Théodore Aubanel. Avec eux, Paul Arène aura à cœur de défendre ardemment la langue et la culture provençale : regroupant ses amis occitans de Paris, il organisera en 1879 le Félibrige parisien, dont il sera le président. A ce titre, le buste de Paul Arène est encore visible aujourd'hui au jardin des Félibres à Sceaux.
Paul Arène a écrit une quinzaine d'ouvrages. Sa collaboration active avec Alphonse Daudet à l'écriture des chroniques provençales (rassemblées sous le titre Les Lettres de mon moulin) lui a valu le sobriquet de "nègre de Daudet". Toutes les pièces provençales de Paul Arène sont fondées sur des particularités de mœurs ou de paysages de la contrée de Sisteron. Jean-des-Figues, considéré comme le chef-d'œuvre de Paul Arène, a été rédigé à Sisteron, en 1868 : l'ouvrage est dédié à Alphonse Daudet. Qualifié par Paul Arène lui-même (page 51) de "mémoires destinées à des lectrices", Jean-des-Figues est l'histoire d'un provençal qui quitte sa Provence natale (le village de Canteperdrix, son rocher, ses remparts, ses rues en escalier et sa rivière) pour "monter à Paris". Dans la capitale, il mène pendant deux ans une vie de bohème, assez misérable. Souhaitant faire une carrière littéraire, il fréquente les cafés littéraires, découvre les mœurs parisiennes, perd un peu de sa jeunesse en compagnie de poètes qui (page 83) "fument du cannabis, font usage de l'opium et du vin d'Espagne", devient (page 91) "secrétaire de la Revue Barbare", rencontre Roset une amourette d'enfance qui s'essaye à "la grande vie" avant de redescendre et de s'installer avec Jean-des-Figues à Canteperdrix.
Ouvrage de petite taille (161 pages), Jean-des-Figues est un roman assez banal qui nous conte à sa façon une partie de la vie d'Alphonse Daudet sans présenter toutefois l'intérêt des "Lettres de mon Moulin". Jean-des-Figues est en effet caractérisé par une écriture moins réaliste, moins riche, moins empreinte de témoignages sur les milieux ouvriers, parisiens et provençaux de l'époque. Et l'ouvrage pêche par son côté mièvre, son excès de naïveté, ses répétitions, ses longueurs, la faiblesse de son scénario, la quasi-absence de suspense (on feint de ne pas savoir si Jean-des-Figues va finir par épouser Roset ou Reine), ses références désuètes aux auteurs classiques grecs et son auto-dérision permanente. De temps en temps, Paul Arène nous assène des pseudo-vérités d'une affligeante banalité : (page 78) "ce siècle est maudit où les âmes sont captives, où rien de grand ne peut être fait". Et certaines lignes frisent le ridicule : (page 40) Reine lui jeta des regards "à vous brûler les paupières". Enfin, pour couronner le tout (page 68), vous découvrez Jean-des-Figues, personnage principal, en pourpoint rouge et culotte jaune, déambulant dans Paris, sous les yeux ébahis des passants qui se retournent sur son passage : quel ridicule !
Jean-des-Figues, doit son surnom au fait qu'il se promène sur son âne avec des figues sèches en poche, la belle affaire ! Comme le jeune Frédéric, que connut Mistral (de son vrai nom Joseph Étienne Mistral mais qui avait pris le prénom de Frédéric par référence à ce garçon mort d'insolation), Jean-des-Figues attrapera une insolation et manquera en mourir, belle originalité ! Roset est présentée comme une bohémienne sans grand luxe de détails; il en est de même de Reine, jeune fille paisible dont Jean-des-Figues aimerait s'amouracher. Les autres personnages ne retiennent pas beaucoup l'attention.
Alors, faut-il jeter l'ouvrage aux orties ou le laisser à quelques lectrices désœuvrées? Évidemment, non. Jean-des-Figues pourra intéresser les passionnés d'histoire provençale : ils y découvriront (page 10) qu'en 1850 "être notaire ou conservateur des hypothèques constituait les deux grandes dignités de la Provence", que les enfants (page 13) "aimaient regarder les lézards courir sur les murs de pierre et voler les sauterelles couleur de coquelicot", que "les remparts (page20) et les tours républicaines ne défendaient plus les villages que de la tramontane et de l'air marin alors que les villages avaient pendant mille ans vécu libres et fiers", que dans les salles de classes (page 22) il régnait un "froid mortel", qu'on faisait de la musique (piano et violon) dans le salon de certaines célébrités locales ... Les passionnés d'histoire parisienne resteront sur leur faim. Au final, une histoire faible et beaucoup d'ennui pour une Provence qui méritait mieux !
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Je m'en vais l'âme ravie, d'avoir rêvé ma vie .
Telle est l'épitaphe de Paul Arène sur sa tombe, à Sisteron.
Il a mieux valu pour lui vivre sa vie en songe, tant les désillusions furent nombreuses pour ce romantique sensible.
J'ai de nombreuses fois parcouru la piste qui mène à son petit Bastidon, celui où il écrivit son Jean-des-figues, son chef d’œuvre, celui dot il était le plus fier et celui dans lequel il s'est raconté.
Évidemment on lira cette œuvre pour les pages de haute Provence et pas pour l'ambiance des cercles littéraires parisiens. D'aucun s'en étonne... Que peuvent bien voir les yeux d'un enfant de la campagne sisteronnaise dans un Paris gris et pluvieux ? Que peut-il raconter de mieux que ce qu'il vécut dans son pays, dans sa ville, même s'il la quitte pour chercher à vivre de sa plume ?
Arène n'est pas un écrivaillon de salon, c'est une plume libre, romantique, rêveuse, en dehors de son temps et profondément attaché à ses racines. Conscient de cela, il sait ne pas faire de la grande littérature. Ses mots sont simples mais beau, il raconte son temps, ses ambitions, sa vie, ses déboires et ses joies, puisées dans le territoire qu'il a tant aimé et qu'il décrit si bien.
On a beau jeu de se moquer de cette simplicité, peut être vaudrait il mieux alors se laver les yeux à la fraîche eau de la Durance ou du Jabron avant de relire ce que décrit Arène, sans prétention, de sa pauvre Provence.
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A lire
Super livre
Livre de 32 petits contes amusant idéal pour ce changer les idées, ainsi que pour passer le temps dans les transports en commun.
A découvrir ou a relire.
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Des petits contes sympa sur la provence il se lis vite et ne prend pas la tète comme la plupart des classiques
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A retenir pour le délicieux accent du midi et la douceur de vivre dans une bourgade provençale à la fin du dix-neuvième siècle. L'épisode parisien m'a semblé du "déjà lu".
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C'est un chef-d'œuvre, " son chef-d'œuvre " , dans lequel il s'est raconté.
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La chèvre d'or, à l'inverse de Jean-des-Figues, n'est pas une œuvre autobiographique. Si l'auteur y parle à la première personne, ce n'est que pour mieux plonger son lecteur dans l'histoire, dans la légende de ce capridé.
Il dû néanmoins se plonger dans l'arrière pays d'Antibes où il passa la fin de sa vie pour décrire les paysages présents et décrits dans ce conte fabuleux.
Ici tout est prétexte a exagération, à magnificence, à mystification. La légende de la chèvre d'or est trouble, comme l'absinthe qu'Arène consommait en large quantités, et il faut qu'elle le reste. En parlant de fée verte, on sent dans ce conte tous les parfums de la Provence, largement décrit, tout comme l'histoire de cette région depuis l'invasion des Maures en 730. On y découvre de vastes demeures, des passages dans la garrigue, des hommes et des femmes intrigants, bref tout un ensemble d'ingrédients propres à exciter l'imagination et à rendre cette chèvre vraisemblable, palpable, du moins pour l'histoire.
La narration est vive, puissante et rythmée, le livre très réussi et d'un ton enlevé. Bien sûr il faut savoir retrouver son âme d'enfant et y croire un peu, se laisser envoûter pour gouter tout le plaisir que peu offrir cette chèvre d'or !
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La poésie d'Arène est variée dans ses thèmes et ses registres, entre influence gréco-latine et modernité du romantisme, variant peu les mètres (l'alexandrin domine) mais passant de sujets tristes (mélancolie, requiem) à la légèreté des salons (dédicaces diverses, ironie et satire).
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3 contes brefs lus par Fernandel. Sympa, mais ce doit être un enregistrement ancien, et la qualité du son est médiocre.
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Sympathique je ne connaissais pas de contes de Provence...............
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Paul Arène est un Provençal de Durance qui écrivit le français comme les plus grands_harmonisant sa période et appointant son trait,_simple,malicieux et indulgent sans recherche,_ému derrière un voile, imaginatif délicat,_peintre réaliste,ou,mieux,d'une réalité que l'imagination ne diminuait pas............
Hubert Dhumez
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Paul Arène naquit à Sisteron en 1843 et mourut a Antibes en 1896.
C'est à Sisteron qu'il repose,"parmi les mauves",Sisteron qu'il a désigné sous les noms charmants de Canteperdrix dans son Jean des Figues et de Rochegude dans le joli roman de Dommine.
Nourri et imprégné de sa chère Provence montagnarde, celle "des buis amers,des oeillets sauvages et des lavandes," il en a enchanté la France.
Hubert Dhumez
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Edité par le centre régional d'études occitanes de Toulouse
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