Lulli, ce démon de treize ans, méchant et vif, et noir quoique fils de meunier, n’était pas autre chose que page de musique, lorsque le chevalier de Guise le rencontra s’escrimant du violon à travers les rues de Florence — « Apportez-moi un petit Italien, si vous en trouvez un de joli, » avait dit mademoiselle de Montpensier au chevalier de Guise. Et le chevalier rapporta Lulli, comme il eût rapporté un perroquet d’Amérique. Lulli fit fortune à la cour.
J’ai fait mon Noël, je l’avoue, un Noël qui aurait pu s’appeler Christmas. On avait, Dieu me damne, mangé le pudding en famille ; sur toutes les tables luisaient, flambants neufs, des volumes petits et grands d’un bariolage correctement britannique ; à l’angle de toutes les cheminées, égratignant l’émail des potiches, se hérissaient des bouquets de houx ; à toutes les portes, à tous les lustres, pendaient des branchettes de gui au dur feuillage parasite piqué de fruits transparents et blancs pareils à des perles de glace, et chaque fois qu’un couple passait sous le gui, le cavalier avait le droit d’embrasser sa danseuse... Encore une coutume d’outre-Manche, à ce que m’a expliqué un savant.
La coutume est certes galante, je ne saurais y contredire. Cependant un arrière-fond de patriotisme proteste en moi contre cette invasion des mœurs étrangères.
(Noël rétrospectif)