La BD historique a actuellement le vent en poupe. Longtemps développée uniquement dans le registre de la BD de fiction, elle prend de plus en plus la forme de BD pédagogiques. Cette table-ronde confrontera ces deux manières de produire un récit historique en BD.
MODÉRATION : Tristan MARTINE, ATER en histoire médiévale à l?Université Jean-Moulin-Lyon III, Paul CHOPELIN, Maître de conférences à l?Université Lyon III. INTERVENANTS : le Lauréat du Prix Château de Cheverny de la bande dessinée historique 2019, Florian MAZEL, Professeur à l?Université Rennes 2, Pascal RABATÉ, Scénariste et dessinateur de bandes dessinées, lauréat du Prix 2018, Vincent SOREL, auteur de bandes dessinées et illustrateur.
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Cet imaginaire a créé des lieux de mémoire lyonnais capables de structurer l’identité de la ville. Ses habitants y sont attachés, ses visiteurs aussi, promouvant de la sorte un lien au passé que les décideurs locaux et nationaux ont su transformer en politique.
Cher au roman populaire et récemment remis au goût du jour par Dan Brown, le thème du "complot au Vatican" [...] a trouvé son adaptation dix-huitiémiste avec la série Le Scorpion de Stephen Desberg et Enrico Marini (2000-2012). Inspirés par le cinéma, les auteurs jouent très efficacement avec les clichés du genre pour proposer une série d'aventures de cape et d'épées haletantes, avec son lot de moines soldats, d'inquisiteurs sadiques et de prélats manipulateurs, sans oublier de belles filles souvent peu vêtues, sur fond d'affrontement entre les partisans des Lumières et obscurantistes rétrogrades.
Bien sombre également apparaît le XVIIIe siècle dans les histoires scénarisées par Patrick Cothias. Si ce dernier est surtout connu pour ses différents cycles des Sept vies de l'épervier, se déroulant aux XVIe-XVIIe siècles, il s'est aussi beaucoup intéressé au siècle des Lumières [...] ses scénarios entendent expliquer les évènements de 1789 par les tensions provoquées par de trop grandes inégalités sociales, génératrices de violences, dans une France d'Ancien Régime où l'extrême misère côtoie journellement l’opulence la plus ostentatoire.
Pour "faire XVIIIe siècle", les dessinateurs puisent en effet dans le magasin à accessoires de la gravure d'histoire, du théâtre et du cinéma : perruques, tricornes, robes à panier, guêtres montantes, chaussures à boucle et jabots en dentelles suffisent bien souvent à planter le décor, sans que l'on s'embarrasse outre mesure des autres détails matériels ou même du contexte historique dont on ne cherche pas à encombrer l'esprit du lecteur.
La bande dessinée n'a jamais oublié que le XVIIIe siècle est généralement considéré comme le siècle de la légèreté de ton, du badinage amoureux généralisé, du goût du bon mot et de l'exercice d'un esprit critique teinté de frivolité : le moment, en somme, où il faisait bon vivre et bon rire avant la tourmente révolutionnaire et les guerres de masse de la période contemporaine.
Si les femmes du XVIIIe siècle sont rarement mises au premier plan dans la bande dessinée franco-belge [...] tel n'est pas le cas des mangas japonais. Elles y tiennent au contraire souvent le rôle principal, dans des histoires s'adressant principalement à un public féminin, à travers le genre spécifique du Shôjo, du Josei ou celui, mixte, du Seinen.
Il est bien difficile, même pour les meilleurs spécialistes, de le [François Bourgeron] prendre en défaut d'inexactitude. Les passagers du vent sont devenus une bande dessinée historique de référence, aujourd'hui recommandée dans les manuels scolaires comme un très efficace support pédagogique pour évoquer la traite négrière au XVIIIe siècle.
Si François Bourgeon et Patrick Pellerin sont considérés comme des maîtres, scénaristes et dessinateurs ne cessent d'explorer, chacun selon ses propres préoccupations littéraires et artistiques, les différentes facettes d'une période riche en archétypes romanesques, en renouvelant au besoin les grands classiques antérieurs.