Robespierre, Portraits croisés - Bourdin Philippe et Michel Biard
Dans une ville encore traumatisée par le terrible spectacle des nombreuses exécutions entre prairial et thermidor an II, la fermentation des esprits n'était guère difficile à provoquer, pour peu que la Convention nationale et ses principaux comités n'y mettent pas le holà. Or, cette Assemblée était alors soucieuse de "sortir de la terreur" en s'autoamnistiant et le sacrifice de quelques boucs-émissaires était l'une des conditions de cette sortie.
Est-il besoin de préciser que la sortie de La Queue de Robespierre, brochure tirée à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires (70 000 ?) répandus en une semaine dans toute la France, apporte des arguments à tous ceux qui cherchent à orienter cette opinion publique contre les Jacobins en les assimilant à Robespierre et à la "terreur" ?
Le colporteur, qui crie à pleine voix, le sommaire des pamphlets, comme des journaux, fait office d'arme majeure pour la conquête des esprits, notamment car il utilise sa connaissance des rues de Paris en fonction d'une géographie politique
Là où le journal et son ou ses rédacteurs sont plus facilement identifiables, donc soumis à un éventuel risque de censure, les libelles peuvent, eux, se multiplier quasiment en toute impunité.
Oui, j'ai préféré aller savonner au bateau*, plutôt que de demander des secours aux assassins de nos pauvres amis. Je ne craignais pas la mort ni la persécution.
* Travailler à laver du linge dans un des bateaux-lavoirs amarrés sur la Seine.
Pour évoquer les années qui précèdent la Révolution, doit-on parler d’« origines », de « causes », d’une « pré-révolution » ? La question est tout sauf innocente. Les historiens se sont déchirés, deux siècles durant, pour faire triompher leur conception des racines de la Révolution. Une école historiographique, souvent qualifiée de « jacobine », voire de « marxiste », a imposé durablement sa vision des « causes » de la Révolution. Le maître ouvrage en la matière est celui de Georges Lefebvre, publié en 1939, qui décrit la montée en puissance d’une bourgeoisie désireuse de renverser, en partie, l’ordre social pour prendre le pouvoir à l’aristocratie terrienne. C’est en 1954 que le premier coup fut porté par Alfred Cobban, pionnier de ce qui allait devenir l’école dite « révisionniste » : un « mythe de la Révolution française », forgé par les historiens, aurait dissimulé des raisons politiques essentielles pour comprendre 1789, bien plus importantes que les origines économiques et sociales traditionnellement mises en avant. D’autres historiens ont aussi suggéré de minimiser l’originalité française en réinsérant la Révolution dans une chaîne de « révolutions atlantiques » (cf. chap. 1). L’intérêt de ces débats fut de contribuer à relancer la recherche et à faire admettre que la Révolution n’avait point une cause unique ou majeure.
Mais sans doute les femmes possèdent-elles au plus profond de leur être cette sorte d'instinct presque animal qui fait haïr la guerre, fût-ce celle menée pour défendre sa patrie. Je ne le savais pas encore en cette année 1792, mais enfanter c'est aussi avoir un rapport particulier à la vie. C'est rejoindre le groupe de celles qui, épouses ou mères, mais aussi filles et sœurs, forment depuis la nuit des temps le chœur éternel des femmes en pleurs.
Il (Cambon) rappelle non seulement le caractère extraordinaire du gouvernement, mais le fait que nombre des institutions d'exception sont issues des décrets votés par une Assemblée quasi unanime.
Toutefois, sans imposer un modèle, les révolutions anglaises du XVIIe siècle allaient, par leurs réussites et leurs échecs, influencer les mouvements réformistes et révolutionnaires du XVIIIe siècle et léguer un double héritage : une révolution donnant au peuple un pouvoir élargi, après avoir détruit des restes de féodalisme, pour la première et consolidant le pouvoir de l'élite sociale pour la seconde.
Le mouvement de la Révolution a entraîné de tels hommes en avant, sans qu'il puisse y avoir l'idée d'un éventuel retour en arrière, d'une réaction (au sens propre du terme).
Collot d'Herbois, comme Robespierre, comme Saint-Just, comme Billaud-Varenne et tant d'autres, n'a pas fait du célèbre axiome "La Liberté ou la mort" un simple exercice de rhétorique.