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Critiques de Paul Hervieu (4)
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Diogène le chien

De l'inutilité de rédiger un premier billet pour un ouvrage aussi court qu'inutile. N'étant l'enrichissement (vain) de la base Babelio.



Promu académicien en l'an de grâce 1900, Paul Hervieu, homme de salon littéraire, fréquentant le gratin fréquentable, avait commis cet opus ni philosophique, ni pédagogique sur un être qui, pour sa part, traversa allègrement les siècles tout grossier fût-il. Il s'agissait, pour l'ami des Proust et consorts, de faire un simple récit de la vie de Diogène dit Diogène le chien.

Triple andouille suis-je! Âne trois fois bâté! Inculte! Buse sans lettres!

Telle une bourgeoise voulant se faire plus grosse que le boeuf (ou que le cheval attelé à sa charrue dans un champ de lasagnes), je m'étais offert ce petit bouquin dans le sage objectif de réactiver les zones "Antiquité" et "Philosophie" qui somnolaient comme des marmottes au cours d'un hiver rigoureux dans un de mes hémisphères.



Las! Un Académicien n'écrit pas pour qui n'a pas fait ses Humanités Classiques.

Ami lecteur, si tu es âgé de moins de soixante-quinze printemps, passe ton chemin. A moins que tu ne fasses partie de ses étudiants admirables qui refusent de soumettre leurs études à un vil réalisme professionnel (Pensais-tu travailler chez Total avec un Master en grec classique?)

Sans compter que le délicat et vaniteux Hervieu s'adonne, comme un goret affamé, au discours épidictique (ce qui ne signifie pas que sa plume est atteinte d'une quelconque pathologie. Epidictique n'a rien à voir avec diabétique, hormis le suffixe très courant. En revanche, tique n'est pas un suffixe mais un horrible animal qui propage la maladie de Lyme et qui s'en prend aux chiens mais pas à Diogène).

Mais revenons-en à nos moutons.



A la page 17, par exemple, il est question de "la ville étonnante où les soldats de Marathon et de Salamine…" Mouais. J'ai bien suivi des cours de grec il y a fort longtemps mais je ne me souviens que du marathon des derniers jeux olympiques. Le salamine ne m'inspire guère. Le salami, oui. Du gras coloré en rose qui agrémente les assiettes de charcuterie dans les cantines et cafétérias. Je passe donc. Et trébuche sur la même ville étonnante "où l'on parlait encore de la queue du chien d'Alcibiade". Je stoppe, perplexe. Wikipédia connaît Alcibiade mais parle de la nécessité de le recycler. En revanche, la queue du chien d'Alcibiade a eu le temps de peler au fils du temps et pas un poil ne semble en subsister. Le reste est à l'envi.



Bref, sans accompagnement éditorial (genre notes de bas de page, renvois divers, …) le bouillon s'avère indigeste. L'écrit académique conjugue esprit brillant avec exposé inintéressant. Diogène et son tonneau méritait mieux.

Il me reste à noyer mon inculture dans un fût de chêne où murit doucement un vin de Sauternes puisque je ne puis noyer Paul Hervieu.



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La course du flambeau

"La course du flambeau" est une pièce en quatre actes de Paul Hervieu.

Elle a été représentée, pour la première fois, au théâtre du Vaudeville, le 17 avril 1901.

C'est un drame, un drame bourgeois comme, à cette époque, il pouvait s'en jouer de toutes sortes sur les grandes scènes parisiennes.

A la différence près que Paul Hervieu est une fine plume et un dialoguiste habile.

"La course du flambeau" est une pièce que l'on pourrait, si l'on n'y prenait garde, lire aujourd'hui sans, dans un premier temps, apercevoir sa véritable stature, sans lui reconnaître tout à fait son incontestable envergure.

Car ce drame, finalement, est moderne et touchant.

"La course du flambeau", c'est la "lampadophorie", sorte d'antique relais athénien où chaque citoyen transmettait, de main en main, à un autre une flamme qu'un premier avait allumée à l'hôtel sacré du temple.

Platon et Lucrèce y ont vu l'image de l'inaltérable défilé des générations de la vie ...

Mademoiselle Marie-Jeanne aime Didier Maravon.

Madame Revel, sa mère, aime Stangy

Madame Fontenais aime sa fille et sa petite fille.

Didier, jeune entrepreneur, n'a été ni imprudent, ni maladroit, mais la chance l'a trahi.

Il est ruiné, menacé de faillite et de saisie.

Pour sauver ce qu'il a mis quatre ans à construire 300.000 francs lui sont nécessaires.

Mme Fontenais jettera-t-elle sa fortune dans cette usine vorace dont elle redoute les deux cents ou trois cents bras.

La ruine de Didier va venir bouleverser les sentiments et les convenances.

Un drame est annoncé, un de ceux qui poussent aux pires des extrémités, qui inspirent les pensées les plus viles et les plus noirs des espoirs ...

Paul Hervieu procède par petites touches, en finesse.

Les personnages ont une véritable épaisseur.

Ils sont attachants et pathétiques.

Les dialogues, délicieusement ampoulés et désuets, sont un modèle du genre.

Ils font de cette pièce un joli petit bijou de notre littérature ...







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Bagatelle

Élu en 1900 à l'académie française, Paul Hervieu est déjà un auteur et un écrivain reconnu, lorsqu'il présente cette pièce en 1912. En pleine gloire, il ne craint pas de prendre à contre-pied l'écriture habituelle de son théâtre.

On lui doit surtout une œuvre tragique, concise et parfois moralisatrice.

Dans "Bagatelle" il multiplie les personnages et les péripéties, peignant des caractères plaisants et des situations faciles.

C'est pourtant une comédie que côtoie le drame.

"La bataille s'est livrée en dentelles, mais les morts jonchent le sol, et l'on peut y ramasser jusqu'à l'amitié et l'amour".

Cette comédie est d'une réelle profondeur. Son auteur y peint la société de son temps telle qu'il la voit. Il décrit l'élégante société dont il ne nous laisse aucune illusion sur sa complète dépravation mais qu'il éclaire par la figure de Mme Orlonia, éclatante de noblesse morale.

Paul Hervieu développe, ici, ses deux tempéraments, celui du philosophe et celui de l'humoriste. Il se montre comme un réformateur grave et un observateur souriant.

Donnée à la Comédie française, en 1912, ce morceau en trois actes est une des dernières pièces de Paul Hervieu.
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L'Inconnu

Si « l'inconnu », le personnage principal sans nom, a bien quelques accès de folies, son enfermement en asile d'aliénés est l'œuvre d'un complot afin qu'il ne puisse révéler sa découverte.

La maîtresse de cet inconnu mandate un homme de lettres afin de le secourir. Sa mission consiste à s'infiltrer dans l'asile grâce à l'appui du directeur de l'établissement qu'il connait vaguement, puis à remettre une lettre à l'intéressé avec les moyens d'y répondre. '

Les mauvais présages s'accumulent, le cadre de l'asile regorge de passages étroits, de longs couloirs, de locaux déserts factices pour la présentation, les internés sont tous logés discrètement à l'abri des regards...



Bien qu'il connaisse le directeur, ce dernier est affreusement embarrassé, tente avec courtoisie de réfréner en vain la curiosité du visiteur, lequel, têtu et déterminé, parvient à se mêler à la foule des internés en remettant la lette à l'intéressé.

Mais la mystérieuse correspondance a été aperçue par le directeur qui devine qu'on veut lui arracher sa proie. Pour l'en dissuader, pour lui prouver que l'inconnu est réellement fou, il lui remet un manuscrit que l'infortuné a rédigé.



Les mémoires du prétendu fou sont complexes, elles relatent dans un premier temps la rencontre de quatre personnes déterminantes :



1°/ Un rustre viveur et tapageur, dénommé « Le Chinois », qui réveillait fréquemment l'inconnu dormant au dessus d'un bar malfamé. Traumatisé des bagarres, altercations et autres bruits roques, Il distinguait même les voix.

Un soir, en l'absence du « Chinois », un traquenard est orchestré dans le bar en attendant l'homme. L'inconnu ayant entendu, sort à temps et prévient « Le Chinois » mais l'en dissuade de façon si maladroite que la brute lui fonce droit dessus et le renverse, tête la première, sur un sol bitumé en plein hiver, à moitié évanoui. Ce traumatisme crânien est sans doute la cause d'une sorte de démence de l'inconnu, qui en outre, conservera une lourde rancoeur envers son agresseur.



2°/ Laura, une jeune séductrice au charme dominateur.

A l'âge adulte, la physionomie est la grande passion de l'inconnu. Il cherche à lire sur le visage les pensées intimes, les émotions et joue, en maniant habilement ses discours, son attitude d'une façon perverse, à modifier à son gré les émotions pour le pur plaisir de contempler la métamorphose de physionomie de ses interlocuteurs.

Un jour, il obtient un rendez-vous avec Laura. Après quelques niaiseries simulées par la séductrice, elle le fixe d'un regard impassible, lui coupe la parole et le commande : « Voulez-vous bien vous taire !… M'obéirez-vous à présent ? ». L'inconnu, frustré de la conduite humiliante, garde un temps son flegme puis reprend l'ascendant en lui promettant une place de comédienne dans un théâtre (il fabule). le revirement s'opère, elle est conquise, soumise, émerveillée, puis, se prétendant médecin, se permet de l'ausculter au prétexte qu'il a constaté quelques signes troublants.

Son diagnostic est irréversible : elle est « poitrinaire » et devrait mourir d'ici peu. Il feint de la consoler tout en lui disant qu'elle doit fatalement abandonner ses rêves d'actrices… Ce qui la terrorise et l'a fait fuir, au grand plaisir de l'inconnu qui admire son oeuvre.




3°/ Corail, un étudiant en médecine miséreux, est sauvé d'une noyade à but suicidaire par l'inconnu, lequel l'a totalement rehaussé par suite. Il acquitte ses dettes, paye son diplôme, le loge gratuitement chez lui et lui offre même des costumes… Malgré toute la courtoisie et la bonhomie du jeune homme, l'inconnu remarque fréquemment chez lui un léger rictus sardonique, comme s'il semblait lui vouloir secrètement du mal.

Une forte paranoïa envahit l'inconnu, la foule l'angoisse, Corail encore plus, il affirme être atteint d'un « écoeurement du réel » et quitte Paris pour errer au hasard sans destination, ne cherchant que les endroits les plus déserts.



4°/ Et Marie, évadée grâce à l'inconnu d'une secte. Rencontré durant son voyage en solitaire, l'inconnu a été accueilli en prophète par une secte qui l'a marié d'office avec la jeune fille. le jeune couple marié prend la fuite peu de temps après.

Marie est douce, calme, pleine de gaieté, découvre avec joie les futilités de la civilisation avec l'inconnu mais a quelques caprices angoissants et imprévisibles d'enfant puéril. Elle fond en larmes car l'inconnu ne lui apporte plus aussi régulièrement qu'avant des bonbons acidulés, et lui reproche de ne plus l'aimer.



Dans un second temps, sa vie mondaine avec sa nouvelle épouse sera troublée par la réapparition des trois premiers personnages.



D'abord au théâtre, où l'inconnu angoisse, suffoque, se sent écrasé par « l'affluence innombrable » et auquel se joint les désordres de l'alcool, aggravant considérablement sa terreur.

Une personne masquée le fixe d'un regard déroutant… Il s'agit de Laura, qui le mystifie et se venge en faisant tout pour accroître son affolement ; elle s'approche de lui, ricane… L'inconnu subit de graves hallucinations et saute de l'avant-scène du théâtre. La foule, ébahie, le ridiculise tandis qu'il croise au même moment Corail, le jeune médecin, qui réconforte son épouse, et reconnaît sous le masque, Laura qui l'envoûte par sa beauté.



Une annonce au journal pour une drôle de chambre à louer attire ensuite son attention. Il s'agit d'une chambre pour relation adultérine ou officieuse, habilement dissimulée derrière une boutique factice que l'on doit traverser. le propriétaire est le « Chinois » que l'inconnu reconnait.

Ayant le pressentiment que cette chambre est le lieu d'un trafic étrange, l'inconnu espionne les va-et-vient autour de la boutique et reconnaît Corail, son épouse et tout un tas d'autres personnes qui sont, pour la plupart, d'un haut rang social.



Il révèle, en un long récit humiliant, ce qu'il a vu à Corail et Marie, lesquels sont abasourdis, puis se venge également du « Chinois ». En représailles de son traumatisme d'adolescence, il feint de visiter une de ses caves pour en louer une, et l'enferme à double tour durant la visite. L'inconnu condamne et cloisonne la boutique, récupère la clé de la chambre et prend possession de l'agenda du propriétaire, contenant tous les noms, adresses et heures de visites de ladite chambre : « de quoi déshonorer deux cents familles et jeter dans la société parisienne une semence féconde de duels, de meurtres et de suicides… »



Toutes ses liaisons clandestines et immorales auraient certainement été révélées par l'inconnu si ce dernier n'avait pas été ligoté puis séquestré dans un asile d'aliénés, le tout ordonné par Corail, Marie, suivi par toutes les autres personnes ayant intérêt à le réduire au silence. Ici s'arrêtent ses confidences. ; là se termine le manuscrit.

Pour exiger l'enfermement en asile, la demande d'admission doit être formée par une personne proche (son épouse) et un certificat du médecin (Corail), ce n'était donc qu'une simple formalité à remplir.



C'est ainsi que Laura, la maîtresse de l'inconnu, est venue demander de l'aide à l'homme de lettres…

Cependant, depuis que sa correspondance a été interceptée par le directeur de l'établissement, complice aussi, Laura s'est empressée de revoir le héros, le sauveur et l'exhorte d'arrêter son enquête… Elle a depuis, on le suppose, subi de lourdes menaces par l'élite parisienne.



Profondément déconcerté, l'homme de lettres est dérouté, s'interroge, car au fond, malgré quelques crises de folies de l'inconnu, il aurait pu signer et approuver les fines observations du fou, compatissait et comprenait ses crises d'angoisse.

Cet homme est-il fou ? S'il passe pour tel, n'est-ce pas tout simplement que certaines facultés sont chez lui plus développées que chez le vulgaire ? Ce don qu'il possède de lire sur les physionomies d'autrui, le goût qui le porte vers ces études obscures, ne sont-ils pas, au contraire, l'indice d'une intelligence particulièrement lucide, d'un esprit supérieur ? Où commence la folie ? Où finit la raison ?

Il souscrit à ses pensées, ses mémoires et pourtant il doute, encore assommé par l'invraisemblable récit :

« Maintenant qu'à l'issue de cette intrigue mystérieuse tous les personnages s'en étaient dispersés, mon existence était la seule dont je sentisse la réalité. 
Obsédé sans répit par la curiosité de savoir ce qu'était cet inconnu, j'en arrivais à me redemander éperdument si le vrai fou de cette histoire n'était pas moi-même ? Etais-je éveillé ou perdu dans un songe ? »



La thèse officielle de la folie l'arrange en quelque sorte, car de toute évidence, il est trop tard pour agir, le directeur de l'asile a récemment empoisonné l'inconnu, ah quoi bon… : « Qu'avais-je à tenter désormais ? … Assumer le souci stérile de tirer ce dénouement au clair, contre tant d'intérêts communs, habiles et puissamment ligués ?… Merci bien ! »



Bien que la fin n'apparaisse pas comme morale car rien n'a pu sauver le malheureux inconnu, le roman est un véritable plaidoyer contre la fausse folie, qui, bien souvent est instrumentalisée pour faire taire.

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