"La course du flambeau" est une pièce en quatre actes de Paul Hervieu.
Elle a été représentée, pour la première fois, au théâtre du Vaudeville, le 17 avril 1901.
C'est un drame, un drame bourgeois comme, à cette époque, il pouvait s'en jouer de toutes sortes sur les grandes scènes parisiennes.
A la différence près que Paul Hervieu est une fine plume et un dialoguiste habile.
"La course du flambeau" est une pièce que l'on pourrait, si l'on n'y prenait garde, lire aujourd'hui sans, dans un premier temps, apercevoir sa véritable stature, sans lui reconnaître tout à fait son incontestable envergure.
Car ce drame, finalement, est moderne et touchant.
"La course du flambeau", c'est la "lampadophorie", sorte d'antique relais athénien où chaque citoyen transmettait, de main en main, à un autre une flamme qu'un premier avait allumée à l'hôtel sacré du temple.
Platon et Lucrèce y ont vu l'image de l'inaltérable défilé des générations de la vie ...
Mademoiselle Marie-Jeanne aime Didier Maravon.
Madame Revel, sa mère, aime Stangy
Madame Fontenais aime sa fille et sa petite fille.
Didier, jeune entrepreneur, n'a été ni imprudent, ni maladroit, mais la chance l'a trahi.
Il est ruiné, menacé de faillite et de saisie.
Pour sauver ce qu'il a mis quatre ans à construire 300.000 francs lui sont nécessaires.
Mme Fontenais jettera-t-elle sa fortune dans cette usine vorace dont elle redoute les deux cents ou trois cents bras.
La ruine de Didier va venir bouleverser les sentiments et les convenances.
Un drame est annoncé, un de ceux qui poussent aux pires des extrémités, qui inspirent les pensées les plus viles et les plus noirs des espoirs ...
Paul Hervieu procède par petites touches, en finesse.
Les personnages ont une véritable épaisseur.
Ils sont attachants et pathétiques.
Les dialogues, délicieusement ampoulés et désuets, sont un modèle du genre.
Ils font de cette pièce un joli petit bijou de notre littérature ...
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Dans "La course du flambeau", si l'on en croit la dédicace à Réjane qui créa le rôle de Sabine Revel au Théâtre de Vaudeville en 1901, Paul Hervieu s'est proposé une "incarnation tendre et farouche de la passion maternelle".
Il nous présente, dans une intrigue solide mais assez compliquée, où interviennent aussi les questions d'argent et de mariage, différents types de mères et d'enfants et diverses manifestations et conséquences de la passion maternelle.
C'est la mùise en oeuvre dramatique d'une discussion d'idée sur les différentes manières de concevoir le sentiment maternel, en particulier dans son conflit souvent tragique avec l'autonomie des enfants.
Ainsi Maravon aborde ce problème avec Sabine, à propos de Mme Gribert et de sa fille Béatrice, dans une scène typique de Paul Hervieu.
(extrait "Lagarde et Michard" - XX° siècle - Le Théâtre avant 1914)
Moi, j'en suis toujours au vieux principe français de revêtir en chemin de fer ce que l'on a de plus râpé, de plus crasseux ...
Et puis, j'ai par-dessus tout la conviction que le succès appartient à ceux qui savent le mériter par le travail, l'aptitude, la probité ... Vous souriez ? ...
Et il y a longtemps que j'ai l'hiver dans l'âme ...