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EAN : 978B004QD9BA2
Modern bibliothèque (30/11/-1)
5/5   2 notes
Résumé :
Le manuscrit d'un fou se disant comte russe est saisi par le directeur de l'asile. Après avoir été hypnotisé par Laura, un journaliste (le narrateur) s'introduit dans l'asile et lit le manuscrit.
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Si « l'inconnu », le personnage principal sans nom, a bien quelques accès de folies, son enfermement en asile d'aliénés est l'oeuvre d'un complot afin qu'il ne puisse révéler sa découverte.
La maîtresse de cet inconnu mandate un homme de lettres afin de le secourir. Sa mission consiste à s'infiltrer dans l'asile grâce à l'appui du directeur de l'établissement qu'il connait vaguement, puis à remettre une lettre à l'intéressé avec les moyens d'y répondre. '
Les mauvais présages s'accumulent, le cadre de l'asile regorge de passages étroits, de longs couloirs, de locaux déserts factices pour la présentation, les internés sont tous logés discrètement à l'abri des regards...

Bien qu'il connaisse le directeur, ce dernier est affreusement embarrassé, tente avec courtoisie de réfréner en vain la curiosité du visiteur, lequel, têtu et déterminé, parvient à se mêler à la foule des internés en remettant la lette à l'intéressé.
Mais la mystérieuse correspondance a été aperçue par le directeur qui devine qu'on veut lui arracher sa proie. Pour l'en dissuader, pour lui prouver que l'inconnu est réellement fou, il lui remet un manuscrit que l'infortuné a rédigé.

Les mémoires du prétendu fou sont complexes, elles relatent dans un premier temps la rencontre de quatre personnes déterminantes :

1°/ Un rustre viveur et tapageur, dénommé « Le Chinois », qui réveillait fréquemment l'inconnu dormant au dessus d'un bar malfamé. Traumatisé des bagarres, altercations et autres bruits roques, Il distinguait même les voix.
Un soir, en l'absence du « Chinois », un traquenard est orchestré dans le bar en attendant l'homme. L'inconnu ayant entendu, sort à temps et prévient « Le Chinois » mais l'en dissuade de façon si maladroite que la brute lui fonce droit dessus et le renverse, tête la première, sur un sol bitumé en plein hiver, à moitié évanoui. Ce traumatisme crânien est sans doute la cause d'une sorte de démence de l'inconnu, qui en outre, conservera une lourde rancoeur envers son agresseur.

2°/ Laura, une jeune séductrice au charme dominateur.
A l'âge adulte, la physionomie est la grande passion de l'inconnu. Il cherche à lire sur le visage les pensées intimes, les émotions et joue, en maniant habilement ses discours, son attitude d'une façon perverse, à modifier à son gré les émotions pour le pur plaisir de contempler la métamorphose de physionomie de ses interlocuteurs.
Un jour, il obtient un rendez-vous avec Laura. Après quelques niaiseries simulées par la séductrice, elle le fixe d'un regard impassible, lui coupe la parole et le commande : « Voulez-vous bien vous taire !… M'obéirez-vous à présent ? ». L'inconnu, frustré de la conduite humiliante, garde un temps son flegme puis reprend l'ascendant en lui promettant une place de comédienne dans un théâtre (il fabule). le revirement s'opère, elle est conquise, soumise, émerveillée, puis, se prétendant médecin, se permet de l'ausculter au prétexte qu'il a constaté quelques signes troublants.
Son diagnostic est irréversible : elle est « poitrinaire » et devrait mourir d'ici peu. Il feint de la consoler tout en lui disant qu'elle doit fatalement abandonner ses rêves d'actrices… Ce qui la terrorise et l'a fait fuir, au grand plaisir de l'inconnu qui admire son oeuvre.


3°/ Corail, un étudiant en médecine miséreux, est sauvé d'une noyade à but suicidaire par l'inconnu, lequel l'a totalement rehaussé par suite. Il acquitte ses dettes, paye son diplôme, le loge gratuitement chez lui et lui offre même des costumes… Malgré toute la courtoisie et la bonhomie du jeune homme, l'inconnu remarque fréquemment chez lui un léger rictus sardonique, comme s'il semblait lui vouloir secrètement du mal.
Une forte paranoïa envahit l'inconnu, la foule l'angoisse, Corail encore plus, il affirme être atteint d'un « écoeurement du réel » et quitte Paris pour errer au hasard sans destination, ne cherchant que les endroits les plus déserts.

4°/ Et Marie, évadée grâce à l'inconnu d'une secte. Rencontré durant son voyage en solitaire, l'inconnu a été accueilli en prophète par une secte qui l'a marié d'office avec la jeune fille. le jeune couple marié prend la fuite peu de temps après.
Marie est douce, calme, pleine de gaieté, découvre avec joie les futilités de la civilisation avec l'inconnu mais a quelques caprices angoissants et imprévisibles d'enfant puéril. Elle fond en larmes car l'inconnu ne lui apporte plus aussi régulièrement qu'avant des bonbons acidulés, et lui reproche de ne plus l'aimer.

Dans un second temps, sa vie mondaine avec sa nouvelle épouse sera troublée par la réapparition des trois premiers personnages.

D'abord au théâtre, où l'inconnu angoisse, suffoque, se sent écrasé par « l'affluence innombrable » et auquel se joint les désordres de l'alcool, aggravant considérablement sa terreur.
Une personne masquée le fixe d'un regard déroutant… Il s'agit de Laura, qui le mystifie et se venge en faisant tout pour accroître son affolement ; elle s'approche de lui, ricane… L'inconnu subit de graves hallucinations et saute de l'avant-scène du théâtre. La foule, ébahie, le ridiculise tandis qu'il croise au même moment Corail, le jeune médecin, qui réconforte son épouse, et reconnaît sous le masque, Laura qui l'envoûte par sa beauté.

Une annonce au journal pour une drôle de chambre à louer attire ensuite son attention. Il s'agit d'une chambre pour relation adultérine ou officieuse, habilement dissimulée derrière une boutique factice que l'on doit traverser. le propriétaire est le « Chinois » que l'inconnu reconnait.
Ayant le pressentiment que cette chambre est le lieu d'un trafic étrange, l'inconnu espionne les va-et-vient autour de la boutique et reconnaît Corail, son épouse et tout un tas d'autres personnes qui sont, pour la plupart, d'un haut rang social.

Il révèle, en un long récit humiliant, ce qu'il a vu à Corail et Marie, lesquels sont abasourdis, puis se venge également du « Chinois ». En représailles de son traumatisme d'adolescence, il feint de visiter une de ses caves pour en louer une, et l'enferme à double tour durant la visite. L'inconnu condamne et cloisonne la boutique, récupère la clé de la chambre et prend possession de l'agenda du propriétaire, contenant tous les noms, adresses et heures de visites de ladite chambre : « de quoi déshonorer deux cents familles et jeter dans la société parisienne une semence féconde de duels, de meurtres et de suicides… »

Toutes ses liaisons clandestines et immorales auraient certainement été révélées par l'inconnu si ce dernier n'avait pas été ligoté puis séquestré dans un asile d'aliénés, le tout ordonné par Corail, Marie, suivi par toutes les autres personnes ayant intérêt à le réduire au silence. Ici s'arrêtent ses confidences. ; là se termine le manuscrit.
Pour exiger l'enfermement en asile, la demande d'admission doit être formée par une personne proche (son épouse) et un certificat du médecin (Corail), ce n'était donc qu'une simple formalité à remplir.

C'est ainsi que Laura, la maîtresse de l'inconnu, est venue demander de l'aide à l'homme de lettres…
Cependant, depuis que sa correspondance a été interceptée par le directeur de l'établissement, complice aussi, Laura s'est empressée de revoir le héros, le sauveur et l'exhorte d'arrêter son enquête… Elle a depuis, on le suppose, subi de lourdes menaces par l'élite parisienne.

Profondément déconcerté, l'homme de lettres est dérouté, s'interroge, car au fond, malgré quelques crises de folies de l'inconnu, il aurait pu signer et approuver les fines observations du fou, compatissait et comprenait ses crises d'angoisse.
Cet homme est-il fou ? S'il passe pour tel, n'est-ce pas tout simplement que certaines facultés sont chez lui plus développées que chez le vulgaire ? Ce don qu'il possède de lire sur les physionomies d'autrui, le goût qui le porte vers ces études obscures, ne sont-ils pas, au contraire, l'indice d'une intelligence particulièrement lucide, d'un esprit supérieur ? Où commence la folie ? Où finit la raison ?
Il souscrit à ses pensées, ses mémoires et pourtant il doute, encore assommé par l'invraisemblable récit :
« Maintenant qu'à l'issue de cette intrigue mystérieuse tous les personnages s'en étaient dispersés, mon existence était la seule dont je sentisse la réalité. 
Obsédé sans répit par la curiosité de savoir ce qu'était cet inconnu, j'en arrivais à me redemander éperdument si le vrai fou de cette histoire n'était pas moi-même ? Etais-je éveillé ou perdu dans un songe ? »

La thèse officielle de la folie l'arrange en quelque sorte, car de toute évidence, il est trop tard pour agir, le directeur de l'asile a récemment empoisonné l'inconnu, ah quoi bon… : « Qu'avais-je à tenter désormais ? … Assumer le souci stérile de tirer ce dénouement au clair, contre tant d'intérêts communs, habiles et puissamment ligués ?… Merci bien ! »

Bien que la fin n'apparaisse pas comme morale car rien n'a pu sauver le malheureux inconnu, le roman est un véritable plaidoyer contre la fausse folie, qui, bien souvent est instrumentalisée pour faire taire.
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