Le principe en jeu était assez clair. Montrer de la bonté envers la faiblesse, c'est subvertir la force. Eprouver de la compassion envers les inaptes, c'est trahir sa race. La victoire appartient à ceux qui seront sans pitié. (p.315)
Oster s'arrêta pour contempler les imposants bronzes d'Arno Brecker, intitulés Le Parti et l'Armée, puis désignant leurs organes génitaux, "Voilà qui résume parfaitement votre architecture, Herr Speer. Démesurée mais flasque". (p.73)
Je suis médecin, pas spécialiste de commentaires macabres sur les crimes d'autrui, aussi vous me pardonnerez, je n'en doute pas si je ne vous en fais aucun.
Il n'avait rien du type de médecin professionnel auquel Dunne s'attendait, à en juger par sa chienne de garde de secrétaire : yeux cerclés d'une monture métallique derrière des verres épais, comme si il vous examinait au microscope, même expression fadasse que l'on vous prodigue en fac de médecine pour vous annoncer la mort de votre mère ou vous diriger vers l'infirmière, pour la facture.
Il continua à observer les visages. Peu de monde prêtait attention à son regard fixe. Ceux qui le faisaient l'ignoraient. Ils formaient un échantillonnage typique : garçon, livreur, mécanicien rentrant chez lui, marin basané, une blonde grassouillette à son bras, Juif dans son kiosque à journaux, agent de la circulation à la figure rouge et bien récurée, femme aux jolies gambettes.Tous défilaient, poursuivant leurs ambitions anonymes et ordinaires : sexe, nourriture, sommeil, distractions, nécessités de gagner des billets verts.
La vie dans un tourbillon incessant d'une soirée new-yorkaise.
Affairée. Bruyante. Désirante. Inégale. Injuste. Inachevée.
La vie digne d'être vécue.
Jusqu'à present, a-t-il ajouté, nous avions admis que le concept scientifique de "vie indigne d'être vécue" nécessitait la sterilisation des inaptes. On ne devait en aucun cas les autoriser à se reproduire. Mais à present, nous faisons face à un problème plus profond, plus ardu : que faire des "bouches inutiles" qui remplissent nos asiles et nos hôpitaux à une époque où les individus sains auront besoin de la moindre portion de force pour defender notre race et assurer son avenir? (p.315)
Se penchant en arrière, elle scruta les étoiles.
- Elles ont l'air fatiguées.
- Peut-être qu'elles ne peuvent plus payer la note d'électricité. Bienvenue au club.
Elle lui désigna d'un geste un grand fauteuil en peluche. Le rembourrage en était si mou et si moelleux que Dunne cru un instant que son postérieur allait passer au travers. Plantant ses coudes sur les accoudoirs, il se rehissa à bonne hauteur. Elle s'installa sur le canapé en face de lui.
- J'ai appris que l'on est rarement déçu quand on s'attend au pire.
Sa beauté avait la dureté du marbre ou du jade polis. (p.56)