Peut-être parce qu’elle fait l’économie de la fascination, comme de la férocité, la démarche biographique m’a davantage rapproché de l’effet réel de l’expérience que lorsque je chauffais à blanc le creuset de ma vie pour y fondre des histoires à partir d’éléments connus. Je ne suis pas en train de dire qu’il y aurait dans la fiction une forme d’existence qui serait absente de la vie ou vice versa ; je dis seulement qu’un livre qui suit fidèlement les faits, qui les diffuse en s’abstrayant de toute fureur créative, a le pouvoir de déverrouiller des significations que la mise en roman a obscurcies, relâchées ou même inversées, et celui de mettre des points efficaces sur le i de l’émotion.
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