Philip Roth/5
35 notes
Résumé :
« D'une certaine façon, nous disons toujours pour ne pas dire, mais de l'historien de soi, on attend qu'il résiste de tout son être à la tentation commune de falsifier, de déformer et de nier. »
Sur le fil entre souvenirs des faits et souvenirs imaginés, l'auteur de "La tache" dévoile son rapport complexe à l'art et à l'existence à travers cinq moments fondateurs : son enfance à Newark dans les années 1930 ; son expérience de l'américanité à l'univers... >Voir plus
Sur le fil entre souvenirs des faits et souvenirs imaginés, l'auteur de "La tache" dévoile son rapport complexe à l'art et à l'existence à travers cinq moments fondateurs : son enfance à Newark dans les années 1930 ; son expérience de l'américanité à l'univers... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8)
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LES FAITS de PHILIP ROTH
Pour commencer, Roth écrit à son cher Zuckerman sur la raison d'écrire une autobiographie que personne ne lui a commandée. C'est à la suite d'une opération qui a dégénéré en dépression en 1987 que Roth lui envoie son manuscrit sollicitant son avis. Il ressent « le besoin de sortir du mythe pour sortir de la pathologie ». le lien avec son père constitue « le monde de l'américain, du juif, du citoyen, de l'homme et même de l'écrivain », quant à sa mère, le lien était « colossal avec sa chair ». Ceci posé, Roth va explorer sa jeunesse, son sentiment très fort d'être américain avant d'être juif, sa passion pour le baseball, il va constater l'évolution de son quartier, les tensions ethniques, il va souffrir de rester trop longtemps sous la coupe de son père et il lui faudra bien des années pour acquérir sa liberté en fréquentant l'université. Dès lors il s'intègrera, participera à un magazine, fréquentera une fraternité et commencera à avoir une vie amoureuse. Bien que se sentant totalement américain il ressent profondément combien les universités du nord-est sont dominées par les non juifs, (qu'ils sont juste tolérés), les wasp. Il publie ses premières nouvelles dont une »défenseur de la foi » qui lui vaudra jusqu'à la fin de sa vie une réputation d'anti sémitisme et lui coûtera ( peut-être) le Nobel. Roth s'attarde longuement sur cet épisode, il se sentira humilié et c'est curieusement un noir Ralph Ellison( homme invisible pour qui chantes tu) qui prendra publiquement sa défense. La publication de GOODBYE Colombus sera le début d'une ascension vers les sommets de la littérature, mais c'est aussi dans cette période qu'il rencontrera Josie, qu'il finira par épouser et avec laquelle il aura pendant des années des relations catastrophiques que je vous laisse découvrir. Il bouclera son livre en déchiffrant l'avis de Zuckerman sur son manuscrit.
C'est une nouvelle traduction de Josée Kamoun du livre paru en 1988, c'est donc la première partie de la vie de Roth dont il est question dans ce très beau livre qui intéressera en priorité les amoureux de cet écrivain.
Pour commencer, Roth écrit à son cher Zuckerman sur la raison d'écrire une autobiographie que personne ne lui a commandée. C'est à la suite d'une opération qui a dégénéré en dépression en 1987 que Roth lui envoie son manuscrit sollicitant son avis. Il ressent « le besoin de sortir du mythe pour sortir de la pathologie ». le lien avec son père constitue « le monde de l'américain, du juif, du citoyen, de l'homme et même de l'écrivain », quant à sa mère, le lien était « colossal avec sa chair ». Ceci posé, Roth va explorer sa jeunesse, son sentiment très fort d'être américain avant d'être juif, sa passion pour le baseball, il va constater l'évolution de son quartier, les tensions ethniques, il va souffrir de rester trop longtemps sous la coupe de son père et il lui faudra bien des années pour acquérir sa liberté en fréquentant l'université. Dès lors il s'intègrera, participera à un magazine, fréquentera une fraternité et commencera à avoir une vie amoureuse. Bien que se sentant totalement américain il ressent profondément combien les universités du nord-est sont dominées par les non juifs, (qu'ils sont juste tolérés), les wasp. Il publie ses premières nouvelles dont une »défenseur de la foi » qui lui vaudra jusqu'à la fin de sa vie une réputation d'anti sémitisme et lui coûtera ( peut-être) le Nobel. Roth s'attarde longuement sur cet épisode, il se sentira humilié et c'est curieusement un noir Ralph Ellison( homme invisible pour qui chantes tu) qui prendra publiquement sa défense. La publication de GOODBYE Colombus sera le début d'une ascension vers les sommets de la littérature, mais c'est aussi dans cette période qu'il rencontrera Josie, qu'il finira par épouser et avec laquelle il aura pendant des années des relations catastrophiques que je vous laisse découvrir. Il bouclera son livre en déchiffrant l'avis de Zuckerman sur son manuscrit.
C'est une nouvelle traduction de Josée Kamoun du livre paru en 1988, c'est donc la première partie de la vie de Roth dont il est question dans ce très beau livre qui intéressera en priorité les amoureux de cet écrivain.
Peut-on ou faut-il encore présenter Philip Roth, l'un des plus célèbres auteurs américain de la fin du XXeme siècle?
Vingt-six romans, un succès grandissant et une notoriété internationale, des adaptations cinématographiques (peu convaincantes, il faut bien le dire ) mais de vraies pépites littéraires et surtout Nathan Zuckerman un alter ego de papier qui accompagne presque toute son oeuvre.
Philip Roth, romancier parfait dont il faut obligatoirement avoir lu "Portnoy et son complexe ", la base fondatrice de son oeuvre qui date de 1960, " La tache " pour son twist à mi lecture et sa clairvoyance du mouvement canceled encore en embryon, " La contrevie", roman gigogne et mise en abîme d'un livre en train de s'écrire, un récit à la structure narrative qui force le respect et qui devrait être étudié par tous les romancier en herbe et puis le très court et très touchant " Nemesis ", son dernier roman qui vous tire les larmes dès les premières pages, oui, Roth le goguenard est capable de cela aussi. de sa vie, de sa judéité, de l'Amérique, Roth en a fait des romans et dans son autobiographie il nous offre un trousseau de clés pour déverrouiller toute son oeuvre.
"Les faits, Autobiographie d'un romancier" ou le bonheur du Philiprothophile.
Malin le bougre, il se permet, dans le chapitre final, d'inviter Nathan Zuckerman son moi littéraire à juger et parfois même à dauber sur ses mémoires.
Zuckerman juge Roth, l'écrivain s'indigne, la créature ricane et cela donne l'autobiographie sincère et d'une classe folle d'un écrivain vraiment très ,très doué.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Vingt-six romans, un succès grandissant et une notoriété internationale, des adaptations cinématographiques (peu convaincantes, il faut bien le dire ) mais de vraies pépites littéraires et surtout Nathan Zuckerman un alter ego de papier qui accompagne presque toute son oeuvre.
Philip Roth, romancier parfait dont il faut obligatoirement avoir lu "Portnoy et son complexe ", la base fondatrice de son oeuvre qui date de 1960, " La tache " pour son twist à mi lecture et sa clairvoyance du mouvement canceled encore en embryon, " La contrevie", roman gigogne et mise en abîme d'un livre en train de s'écrire, un récit à la structure narrative qui force le respect et qui devrait être étudié par tous les romancier en herbe et puis le très court et très touchant " Nemesis ", son dernier roman qui vous tire les larmes dès les premières pages, oui, Roth le goguenard est capable de cela aussi. de sa vie, de sa judéité, de l'Amérique, Roth en a fait des romans et dans son autobiographie il nous offre un trousseau de clés pour déverrouiller toute son oeuvre.
"Les faits, Autobiographie d'un romancier" ou le bonheur du Philiprothophile.
Malin le bougre, il se permet, dans le chapitre final, d'inviter Nathan Zuckerman son moi littéraire à juger et parfois même à dauber sur ses mémoires.
Zuckerman juge Roth, l'écrivain s'indigne, la créature ricane et cela donne l'autobiographie sincère et d'une classe folle d'un écrivain vraiment très ,très doué.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Philip Milton Roth (1933-2018) écrivain américain, auteur d'un recueil de nouvelles et de 26 romans est l'un des plus grands écrivains de son siècle.
Texte datant de 1988, Les Faits est une autobiographie de l'auteur, courant des années 1940 à 1968, mais qui va au-delà des faits justement. Roth a terminé d'écrire son autobiographie mais avant de la donner à son éditeur pour publication, il envoie son manuscrit à Zuckerman pour avoir son avis. D'emblée la mise en abime séduit puisque Zuckerman est l'un des fameux héros de fiction (alias de l'écrivain) auquel Philip Roth a consacré plusieurs de ses romans !
L'idée, proposer deux parties, l'autobiographie en elle-même : l'enfance de l'écrivain dans le New Jersey et sa passion pour le baseball, son père vieillissant, l'université puis professeur chargé de cours, ses petites amies ou ses femmes qui se succèdent voire qui se chevauchent (sic !) parfois, sa vocation et ses débuts d'écrivain, les polémiques crées par ses écrits (Portnoy qui le désignerait comme antisémite !), être Juif et la question d'identité. Tous ces faits sont connus car ils ont été le sujet de maints de ses romans dans des versions plus ou moins développées et Philip Roth explique comment des évènements de sa vie personnelle ont donné matière à des scènes de ses livres.
Puis vient la seconde partie, plus courte certes, mais tellement plus délectable. Zuckerman répond à Roth et ça devient grandiose. Il démonte les propos de l'auteur, comparant le dit dans l'autobiographie avec ce qu'il en était dans les romans où tel ou tel fait était reproduit. La mise en opposition entre la fiction et la réalité (du moins celle énoncée par Roth donc non garantie objective) est étourdissante. Et Zuckerman en déduit : « Ce qui montre bien l'enjeu du livre, savoir si tu es un chic type ou pas. »
Nous étions partis sur une autobiographie, nous sommes en présence d'un ouvrage sur le travail d'écriture, la part du réel (déformée ou non) utilisée pour écrire un roman, la responsabilité de l'auteur vis-à-vis de ses personnages etc. Passionnant.
Texte datant de 1988, Les Faits est une autobiographie de l'auteur, courant des années 1940 à 1968, mais qui va au-delà des faits justement. Roth a terminé d'écrire son autobiographie mais avant de la donner à son éditeur pour publication, il envoie son manuscrit à Zuckerman pour avoir son avis. D'emblée la mise en abime séduit puisque Zuckerman est l'un des fameux héros de fiction (alias de l'écrivain) auquel Philip Roth a consacré plusieurs de ses romans !
L'idée, proposer deux parties, l'autobiographie en elle-même : l'enfance de l'écrivain dans le New Jersey et sa passion pour le baseball, son père vieillissant, l'université puis professeur chargé de cours, ses petites amies ou ses femmes qui se succèdent voire qui se chevauchent (sic !) parfois, sa vocation et ses débuts d'écrivain, les polémiques crées par ses écrits (Portnoy qui le désignerait comme antisémite !), être Juif et la question d'identité. Tous ces faits sont connus car ils ont été le sujet de maints de ses romans dans des versions plus ou moins développées et Philip Roth explique comment des évènements de sa vie personnelle ont donné matière à des scènes de ses livres.
Puis vient la seconde partie, plus courte certes, mais tellement plus délectable. Zuckerman répond à Roth et ça devient grandiose. Il démonte les propos de l'auteur, comparant le dit dans l'autobiographie avec ce qu'il en était dans les romans où tel ou tel fait était reproduit. La mise en opposition entre la fiction et la réalité (du moins celle énoncée par Roth donc non garantie objective) est étourdissante. Et Zuckerman en déduit : « Ce qui montre bien l'enjeu du livre, savoir si tu es un chic type ou pas. »
Nous étions partis sur une autobiographie, nous sommes en présence d'un ouvrage sur le travail d'écriture, la part du réel (déformée ou non) utilisée pour écrire un roman, la responsabilité de l'auteur vis-à-vis de ses personnages etc. Passionnant.
"(...) déshabiller la fiction des atours de l'imagination pour atteindre au coeur des faits (...)"
Après avoir exposé ses sacrés textes, Philip Roth nous soumet les discussions exégétiques auxquelles ils donnent lieu...
Le romancier prévient sa créature, Nathan Zuckerman, qu'il va se livrer à un exercice salvateur : écrire sa propre autobiographie, rincée de la moindre fantaisie ! Il aborde donc en un pentateuque mémoriel son enfance à Newark, sa découverte du monde universitaire, sa funeste union avec une femme qui n'était pas son genre, les violentes controverses qu'ont provoquées ses premières nouvelles et enfin, le succès venant, une vie sentimentale apaisée.
Décalques continents du cycle Zuckerman, Les Faits semblent bien fades comparés à la verve frénétique de leurs extravagants prédécesseurs. Ces confessions, estampillées scrupuleuses, constituent cependant l'indispensable appendice à la trilogie farcesque.
L'authenticité promise -refus de l'outrance, recherche de l'exactitude- dissone avec le foisonnement fallacieux des premiers romans. En aplatissant ses souvenirs, Roth nous permet de visiter sa petite fabrique : il nous expose le patron, la trame, le carton de ses créations de fiction et c'est tout à la fois fascinant et jubilatoire. Démêler le vrai faux du faux vrai, et vice versa, c'est le jeu équivoque dans lequel nous entraîne un écrivain décidément goguenard.
En romancier gigogne, Roth n'en finit pas de se démultiplier ; la lettre ouverte de la créature (Zuckerman) à son démiurge qui clôt de façon remarquable l'ouvrage brouille définitivement les pistes.
La gémara du Talmud rothien.
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
Après avoir exposé ses sacrés textes, Philip Roth nous soumet les discussions exégétiques auxquelles ils donnent lieu...
Le romancier prévient sa créature, Nathan Zuckerman, qu'il va se livrer à un exercice salvateur : écrire sa propre autobiographie, rincée de la moindre fantaisie ! Il aborde donc en un pentateuque mémoriel son enfance à Newark, sa découverte du monde universitaire, sa funeste union avec une femme qui n'était pas son genre, les violentes controverses qu'ont provoquées ses premières nouvelles et enfin, le succès venant, une vie sentimentale apaisée.
Décalques continents du cycle Zuckerman, Les Faits semblent bien fades comparés à la verve frénétique de leurs extravagants prédécesseurs. Ces confessions, estampillées scrupuleuses, constituent cependant l'indispensable appendice à la trilogie farcesque.
L'authenticité promise -refus de l'outrance, recherche de l'exactitude- dissone avec le foisonnement fallacieux des premiers romans. En aplatissant ses souvenirs, Roth nous permet de visiter sa petite fabrique : il nous expose le patron, la trame, le carton de ses créations de fiction et c'est tout à la fois fascinant et jubilatoire. Démêler le vrai faux du faux vrai, et vice versa, c'est le jeu équivoque dans lequel nous entraîne un écrivain décidément goguenard.
En romancier gigogne, Roth n'en finit pas de se démultiplier ; la lettre ouverte de la créature (Zuckerman) à son démiurge qui clôt de façon remarquable l'ouvrage brouille définitivement les pistes.
La gémara du Talmud rothien.
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Philip Roth. Il a 80 ans et a décidé qu'à partir de cette date il n'écrirait plus de romans pour se consacrer en particulier au problème de ses archives.
A cette occasion, Ys a proposé de lire un de ses livres et j'ai choisi Les Faits, son autobiographie écrite en 1988.
Curieuse entreprise d'aiIleurs que celle de commencer le récit de sa vie en s'adressant tout d'abord à Zuckerman, son héros principal que l'on retrouve dans une dizaine de ses romans .
Après lui avoir exposé ses raisons d'écrire ce livre, suite à une longue dépression due à la prise d'un médicament (l'Halcion), il lui demande son avis sincère sur l'utilité d'un tel travail. Parce que Les faits ont compté pour moi plus qu'il ne peut apparaître et parce que je n'ai jamais écrit auparavant sans que mon imagination ait été enflammée par quelqu'un comme toi, Portnoy, Tarnopol ou Kepesh, je ne suis pas vraiment habilité à le dire.
La réponse du héros arrivera très naturellement à la fin, longue, circonstanciée, définitive et malicieuse: Cher Roth, J'ai lu deux fois le manuscrit. Voici la sincérité que tu exiges: Ne le publie pas; tu vaux beaucoup mieux lorsque tu écris sur moi que lorsque tu rapportes ta propre vie avec «exactitude»… Dans la fiction, tu peux être tellement plus véridique sans te soucier tout le temps de ne blesser personne directement. Tu crées un monde imaginaire infiniment plus excitant que le monde dont il procède … Aujourd'hui, tu n'es rien d'autre qu'un texte en marche.»
En somme ce que lui reproche son personnage, c'est d'avoir embelli la réalité, de l'avoir adoucie, d'avoir adopté un ton de réconciliation, de gentillesse et d'amour qui ne lui convient pas, parce que , sans bataille, on ne reconnaît plus Philip Roth, ce pourrait être n'importe qui.
Autrement dit, selon lui, l'autobiographie affirmée est plus fictionnelle que la fiction revendiquée. Son principal défaut serait de ne rien apprendre aux lecteurs de ce qui, dans la vie de l'auteur, a fait surgir les personnages eux-mêmes.
Mais dans cet échange qui doit l'emporter du créateur ou de la créature? Zuckerman s'incline, sans illusion. le livre sera publié.
Je l'ai trouvé aussi passionnant qu'une histoire imaginaire sauf que l'auteur en est le personnage qui dit avoir vraiment vécu ce qu'il raconte. Boucle sans fin. Où est la vraie vérité? Dans la vie ou dans l'oeuvre accomplie?
Lien : http://liratouva2.blogspot.f..
A cette occasion, Ys a proposé de lire un de ses livres et j'ai choisi Les Faits, son autobiographie écrite en 1988.
Curieuse entreprise d'aiIleurs que celle de commencer le récit de sa vie en s'adressant tout d'abord à Zuckerman, son héros principal que l'on retrouve dans une dizaine de ses romans .
Après lui avoir exposé ses raisons d'écrire ce livre, suite à une longue dépression due à la prise d'un médicament (l'Halcion), il lui demande son avis sincère sur l'utilité d'un tel travail. Parce que Les faits ont compté pour moi plus qu'il ne peut apparaître et parce que je n'ai jamais écrit auparavant sans que mon imagination ait été enflammée par quelqu'un comme toi, Portnoy, Tarnopol ou Kepesh, je ne suis pas vraiment habilité à le dire.
La réponse du héros arrivera très naturellement à la fin, longue, circonstanciée, définitive et malicieuse: Cher Roth, J'ai lu deux fois le manuscrit. Voici la sincérité que tu exiges: Ne le publie pas; tu vaux beaucoup mieux lorsque tu écris sur moi que lorsque tu rapportes ta propre vie avec «exactitude»… Dans la fiction, tu peux être tellement plus véridique sans te soucier tout le temps de ne blesser personne directement. Tu crées un monde imaginaire infiniment plus excitant que le monde dont il procède … Aujourd'hui, tu n'es rien d'autre qu'un texte en marche.»
En somme ce que lui reproche son personnage, c'est d'avoir embelli la réalité, de l'avoir adoucie, d'avoir adopté un ton de réconciliation, de gentillesse et d'amour qui ne lui convient pas, parce que , sans bataille, on ne reconnaît plus Philip Roth, ce pourrait être n'importe qui.
Autrement dit, selon lui, l'autobiographie affirmée est plus fictionnelle que la fiction revendiquée. Son principal défaut serait de ne rien apprendre aux lecteurs de ce qui, dans la vie de l'auteur, a fait surgir les personnages eux-mêmes.
Mais dans cet échange qui doit l'emporter du créateur ou de la créature? Zuckerman s'incline, sans illusion. le livre sera publié.
Je l'ai trouvé aussi passionnant qu'une histoire imaginaire sauf que l'auteur en est le personnage qui dit avoir vraiment vécu ce qu'il raconte. Boucle sans fin. Où est la vraie vérité? Dans la vie ou dans l'oeuvre accomplie?
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critiques presse (2)
Retraduit par la fidèle Josée Kamoun, sa traductrice de longue date, ce florilège de souvenirs permet de saisir tout ce qui s’est transformé en matière première pour son œuvre, depuis son enfance dans le New Jersey des années 1940 jusqu’au succès phénoménal de Portnoy et son complexe.
Lire la critique sur le site : LeMonde
L’imagination préside encore dans le choix des épisodes qui l’ont façonné, lui et ses personnages.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (26)
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Je me demande si le manque poignant des parents qui fait irruption dans la vie d’un homme de cinquante-cinq ans n’est pas, en fait, la pierre de Rosette de ce manuscrit. Je me demande s’il n’y a pas eu une forme de consolation, surtout le temps que je retrouve mon équilibre, à me souvenir que lors des événements racontés ici nous étions encore tous présents, personne n’était parti, ni sur le point de partir et de disparaître pour des millions de milliards d’années. Je me demande si je n’ai pas tiré une consolation immense à me remettre dans ma propre peau au moment de ma vie où le chagrin que peut causer la mort des parents n’était pas à l’ordre du jour, où il était hors de mon champ visuel, insoupçonné, et mon propre départ inconcevable puisqu’ils constituaient une digue contre cette éventualité.
(p. 21)
(p. 21)
Il est clair que les faits ne nous sautent jamais au visage, mais que nous les incorporons par une imagination elle-même formée par notre expérience. Les souvenirs ne sont pas des souvenirs de faits mais des souvenirs de faits tels qu’on les imagine. Il y a quelque chose de naïf chez le romancier que je suis à vouloir se présenter « sans fard », et décrire une vie « sans la chair de la fiction ». J’invite aussi le type de simplification excessive, qui m’insupporte, en annonçant que passer les faits au crible a pu être une forme de thérapie pour moi. On fouille son passé avec certaines questions en tête, je dirais même qu’on fouille son passé pour découvrir quels événements ont conduit à se poser ces questions précises.
(p. 19-20)
(p. 19-20)
Cher Zuckerman,
Dans le passé, tu le sais, les faits ont toujours été des notes jetées dans un carnet, qui m’assuraient un tremplin vers la fiction. Pour moi comme pour la plupart des romanciers, tout événement authentiquement stimulant pour l’imagination commence par là, par les faits, par ce qui relève du spécifique, et non pas du philosophique, de l’idéologique ou de l’abstrait. Et voilà que je me surprends à écrire un livre radicalement à rebours, à partir de l’imaginé, que je me propose de dessécher, en quelque sorte, à dessein de restituer mon expérience de la factualité originelle, avant passage dans la fiction. Pourquoi? Pour prouver qu’il y a un décalage significatif entre l’écrivain autobiographe qu’on voit en moi et celui que je suis vraiment? Pour prouver que l’information extraite de ma vie n’était rendue que partiellement dans ma fiction? Si ce n’était que ça, je ne crois pas que j’aurais pris cette peine, dans la mesure où les lecteurs réfléchis, à supposer que la question les intéresse suffisamment, s’en seraient doutés tout seuls.
Dans le passé, tu le sais, les faits ont toujours été des notes jetées dans un carnet, qui m’assuraient un tremplin vers la fiction. Pour moi comme pour la plupart des romanciers, tout événement authentiquement stimulant pour l’imagination commence par là, par les faits, par ce qui relève du spécifique, et non pas du philosophique, de l’idéologique ou de l’abstrait. Et voilà que je me surprends à écrire un livre radicalement à rebours, à partir de l’imaginé, que je me propose de dessécher, en quelque sorte, à dessein de restituer mon expérience de la factualité originelle, avant passage dans la fiction. Pourquoi? Pour prouver qu’il y a un décalage significatif entre l’écrivain autobiographe qu’on voit en moi et celui que je suis vraiment? Pour prouver que l’information extraite de ma vie n’était rendue que partiellement dans ma fiction? Si ce n’était que ça, je ne crois pas que j’aurais pris cette peine, dans la mesure où les lecteurs réfléchis, à supposer que la question les intéresse suffisamment, s’en seraient doutés tout seuls.
Après quarante ans passés à vivre loin de chez moi, je suis enfin en possession des atouts nécessaires pour être le plus aimant des fils, sauf qu’à ce moment précis, lui a d’autres objectifs. Il essaie de mourir. Il ne le dit pas, et sans doute ne le pense-t-il même pas en ces termes, mais c’est ce qu’il a à faire aujourd’hui et, alors même qu’il se battra bec et ongles pour survivre, il comprend, comme il l’a toujours compris, que c’est ce qui lui reste à faire.
Essayer de mourir, ce n’est pas comme de tenter de se suicider. C’est peut-être plus difficile, parce qu’on essaie de réaliser la chose même qu’on ne veut pas voir s’accomplir ; on redoute cette fin, mais elle est là, il faut que ça se fasse, et on est le seul à pouvoir le faire.
(p. 31)
Essayer de mourir, ce n’est pas comme de tenter de se suicider. C’est peut-être plus difficile, parce qu’on essaie de réaliser la chose même qu’on ne veut pas voir s’accomplir ; on redoute cette fin, mais elle est là, il faut que ça se fasse, et on est le seul à pouvoir le faire.
(p. 31)
Peut-être parce qu’elle fait l’économie de la fascination, comme de la férocité, la démarche biographique m’a davantage rapproché de l’effet réel de l’expérience que lorsque je chauffais à blanc le creuset de ma vie pour y fondre des histoires à partir d’éléments connus. Je ne suis pas en train de dire qu’il y aurait dans la fiction une forme d’existence qui serait absente de la vie ou vice versa ; je dis seulement qu’un livre qui suit fidèlement les faits, qui les diffuse en s’abstrayant de toute fureur créative, a le pouvoir de déverrouiller des significations que la mise en roman a obscurcies, relâchées ou même inversées, et celui de mettre des points efficaces sur le i de l’émotion.
(p. 19)
(p. 19)
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