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4.43/5 (sur 21 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Saint-Paul-Trois-Châteaux , 1956
Biographie :

Philippe Borsoï est né en 1956 à Saint-Paul-Trois-Châteaux (26). Il est auteur de Soixante-quinze mètres aux éditions Le mot et le reste et co-auteur de plusieurs livres jeunesse chez Larousse et Milan. Concepteur-rédacteur de profession, il a travaillé en agence et en freelance et vit à Séné (56).

Source : https://www.editionsmanehuily.com/philippe-borso%C3%AF/
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Regarde, pour éviter qu'on soit reconnu et reconduit vers le pays où on a été identifié la première foi, on fait disparaître nos empreintes digitales. Moi, je les ponce, je les brûle, mais elles réapparaissent lorsque l'épiderme se reconstitue, sans arrêt, à l'identique. Pour nos destins c'est pareil, les commerçants seront toujours des commerçants, les riches toujours des riches, les pauvres toujours des pauvres. Générations après générations, nous restons ce que sommes. Nous pouvons bien tout effacer, tout réapparaît - inévitablement, éternellement.
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Que les choses soient claires, je n’ai aucune preuve formelle de ce que j’avance. Sachez cependant qu’à l’époque où Maman a dû faire l’amour au moins une fois, un homme hantait les coulisses de l’Opéra Garnier ; un monstre sacré envoûtait le public et dévorait les jeunes danseurs. L’Étoile était un homosexuel notoire, pourtant cela ne l’aurait pas empêché de cueillir (certes, à de très rares occasions) une ou deux jeunes danseuses prometteuses. Maman ne m’en a jamais rien dit. Certains matins, lorsque ses yeux étaient boursouflés de chagrin, j’ai bien tenté d’aborder le sujet. Elle se refermait alors comme la belle-de-nuit, vous savez cette fleur qui, parce qu’elle craint la lumière du jour, se recroqueville dans le noir de l’oubli. Je n’ai pas su lui parler, mais j’ai appris à lire dans le tourment de ses yeux — j’y ai reconnu mon père.
Un an plus tard, le 1er septembre 1983, Jack Lang, ministre de la Culture, nomma Rudolf Noureev à la direction du ballet national de l’Opéra de Paris ; le 15 septembre de la même année, le jour de mon premier anniversaire, Maman quitta définitivement le prestigieux corps de ballet.
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Nos petits-déjeuners (souvent des brunchs de onze heures trente), nous les prenions au rez-de-chaussée, dans la salle à manger qui, comme le reste de l’hôtel, sentait l’encens d’église. C’était notre cérémonie à nous, notre rituel quotidien. Nous nous regar-dions sans rien dire, nous laissions les doux questionnements éclore de nos cervelles endormies. Et lorsque le regard de Maman finissait par me faire frémir, je lui posais la question : « À quoi tu penses ? » À chaque fois elle me répondait : « À la même chose que toi, mon Petit Luc. » Puis sa bouche ondulait, gracieuse. Elle dessi-nait une frontière entre sa lèvre supérieure rieuse et sa lèvre infé-rieure boudeuse, entre l’infinie beauté et l’infinie tristesse, une ligne si fine, si fragile, que Maman resplendissait soudain d’un sourire qui me subjuguait. Je sais maintenant qu’elle savait que je voulais qu’elle soit immortelle.
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On se méfiait quand on me voyait rentrer dans le bar accompagné d'un noir balafré de grandes cicatrices, mais nous finissions toujours par être les bienvenus dans l'établissement. Faute de montrer patte blanche, je présentais carte bleue.
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Après le souper, nous montons dans nos chambres. Procession ascensionnelle. Possession sensationnelle de la perspective d’une nuit de repos bien méritée. Une nuit dans laquelle nos rêves prendront la place de nos questions. Songer, plutôt que ronger, tel est notre répit.

Après le souper, nous empruntons l’escalier en colimaçon. Les tomettes hexagonales cliquettent sous nos pas d’enfants. Elles se désolidarisent de la marche en pierre mais pas de celle des orphelins bien sages. Les balustres en fer forgé et la main courante de noyer poli sont nos garde-fous. Ils nous empêchent de tomber de haut, de sombrer dans le précipice. Nous gravissons la rampe en regardant en l’air pour éviter le vertige des sans-parents. Nous fixons le plafond – firmament de plâtre.

Après le souper, nous nous lavons les dents. Puis, nous passons en file indienne devant Madeleine pour recevoir un bonbon. Normalement, nous aurions dû nous laver les dents après, Madeleine le sait bien. Elle sait aussi, qu’ainsi, la nuit sera plus douce. Madeleine a un nom de gâteau et elle distribue des bonbons. Ils ont le goût des grands eucalyptus qui frémissent dans le haut du parc. Madeleine fait de son mieux pour nous faire du bien. Puisqu’elle n’a pas pu être la mère de chacun, elle sera notre marraine à tous.
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Louis ne se baigne pas. Il arpente méthodiquement la lisière des vagues et scrute le sol avec des yeux excités. Il a mis au point un repérage systématique, un balayage saccadé. Ses pupilles sautent rapidement d’un gros galet à l’autre, analysant instantanément l’espace intermédiaire ; un agrégat de graviers, à première vue grisâtres, qui révèle, si notre regard est exercé, une infinité de nuances allant du brun caramel foncé au bleu cérulé clair en passant par toutes les nuances de coquilles d’œufs. Parmi ces pierres plus petites se cachent des fragments de verre plus ou moins translucides, arrondis, polis par les ans et le fracas des vagues. Les pièces les plus belles étant ces dragées opalescentes parfaitement oblongues. J’ai expliqué à Louis qu’il fallait beaucoup de temps avant que ces éclats de verre acérés ne s’adoucissent ainsi. Louis m’a écoutée, émerveillé. Maintenant, chaque fois que nous descendons à la plage, il se met à la recherche des pépites. Lorsqu’il en trouve une, il la contemple comme une pierre précieuse. Il lui paraît alors moins dur de compter les jours. Il referme le poing, serre le temps au creux de sa main. Il mesure la patience.
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Ne sommes- nous pas dimanche, premier jour de juillet ?
Je crois me rappeler...Oui, c’est cela ! Ça y est !
Pas très loin, rue d’Antrain, des braves font la fête
Ils invitent le gueux, ne jugent pas sa tête,
Lui donnent à boire, à manger, quelques vêtements,
Et qui sait, pour l’hygiène, deux ou trois agréments.
L’initiateur étant, je crois, saint Benoît Labre,
L’asso règlera bien ton inconfort cinabre.
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Altitude 75
Ça y est, je l’ai fait. J’ai fait le pas. J’ai mis un pied
devant l’autre et me voici dans les airs. J’avoue
qu’avant de me laisser tomber, lorsque j’étais encore
debout au bord de la falaise, les talons sur la terre
ferme, les orteils dans le vide, j’ai regardé en bas
et j’ai eu le vertige. J’ai failli renoncer. Mais ça va
mieux. Beaucoup mieux, même. J’ai eu le trac,
c’est tout.
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"J'ai quarante-quatre ans !", avait-elle annoncé, alors qu'elle n'en avait que huit et après que ses jeunes amies attablées à la cantine de l'école avaient, elles aussi, déclamé, joyeuses, le nombre fabuleux de leurs années gravé dans le verre incassable. Déjà à l'époque, la petite Lucile s'attristait de devoir patienter si longtemps avant d'acquérir la force de cet åge suffisamment mûr.
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Nous nous installons à une table vide. Je me glisse sur la banquette lisse. Mon père ne va pas avec ses amis bleus, il reste avec moi. l ne veut pas me quitter. II ne veut pas me laisser seule. II me fixe sans rien dire. Juste un sourire. Je le regarde aussi mais je ne vois plus son visage. Comme si je I'avais oublié. Je ne vois que l'amour qu'il a pour moi. Puis ses lèvres se mettent à bouger. Elles s'entrouvrent brièvement et s'étirent de chaque côté sur ses joues jusqu à dessiner un nouveau sourire. Il articule mon nom. Il prononce Marie. Au cœur du brouhaha des ouvriers joyeux, mon nom commence par une respiration et se termine par un sourire.

Mon père a mis tout I'amour qu'il a pour moi dans mon nom. Je le sais déjà.
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