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EAN : 9791096468607
180 pages
Mane Huily (17/06/2021)
4.5/5   3 notes
Résumé :
D’une chambre l’autre, Marie grandit. Chacune d’elles est une étape de sa vie, de la petite fille orpheline à l’illusoire mère. Personnage tendre, sensible et cabossé, elle nous embarque dans une existence à la mémoire parcellaire, avec la poésie de ses mots aux lettres en vrac, anagrammes instinctives, échos de sa psyché dédaléenne, ou tentatives désespérées de donner du sens à une destinée qui finit, à chaque fois, par lui ôter ce qu’elle avait offert.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cinq chambres comme autant d'étape dans la vie de Marie. Cinq chapitres magnifiquement écrits.

Je me suis beaucoup attachée à cette petite Marie dès les premières pages de ce roman. Marie grandit comme elle peut dans cette vie qui ne l'épargne pas beaucoup.

L'écriture de Philippe Borsoï une fois de plus m'a touché. Il y a beaucoup de sensibilité dans chaque phrase, dans le choix des mots.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Après le souper, nous montons dans nos chambres. Procession ascensionnelle. Possession sensationnelle de la perspective d’une nuit de repos bien méritée. Une nuit dans laquelle nos rêves prendront la place de nos questions. Songer, plutôt que ronger, tel est notre répit.

Après le souper, nous empruntons l’escalier en colimaçon. Les tomettes hexagonales cliquettent sous nos pas d’enfants. Elles se désolidarisent de la marche en pierre mais pas de celle des orphelins bien sages. Les balustres en fer forgé et la main courante de noyer poli sont nos garde-fous. Ils nous empêchent de tomber de haut, de sombrer dans le précipice. Nous gravissons la rampe en regardant en l’air pour éviter le vertige des sans-parents. Nous fixons le plafond – firmament de plâtre.

Après le souper, nous nous lavons les dents. Puis, nous passons en file indienne devant Madeleine pour recevoir un bonbon. Normalement, nous aurions dû nous laver les dents après, Madeleine le sait bien. Elle sait aussi, qu’ainsi, la nuit sera plus douce. Madeleine a un nom de gâteau et elle distribue des bonbons. Ils ont le goût des grands eucalyptus qui frémissent dans le haut du parc. Madeleine fait de son mieux pour nous faire du bien. Puisqu’elle n’a pas pu être la mère de chacun, elle sera notre marraine à tous.
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Louis ne se baigne pas. Il arpente méthodiquement la lisière des vagues et scrute le sol avec des yeux excités. Il a mis au point un repérage systématique, un balayage saccadé. Ses pupilles sautent rapidement d’un gros galet à l’autre, analysant instantanément l’espace intermédiaire ; un agrégat de graviers, à première vue grisâtres, qui révèle, si notre regard est exercé, une infinité de nuances allant du brun caramel foncé au bleu cérulé clair en passant par toutes les nuances de coquilles d’œufs. Parmi ces pierres plus petites se cachent des fragments de verre plus ou moins translucides, arrondis, polis par les ans et le fracas des vagues. Les pièces les plus belles étant ces dragées opalescentes parfaitement oblongues. J’ai expliqué à Louis qu’il fallait beaucoup de temps avant que ces éclats de verre acérés ne s’adoucissent ainsi. Louis m’a écoutée, émerveillé. Maintenant, chaque fois que nous descendons à la plage, il se met à la recherche des pépites. Lorsqu’il en trouve une, il la contemple comme une pierre précieuse. Il lui paraît alors moins dur de compter les jours. Il referme le poing, serre le temps au creux de sa main. Il mesure la patience.
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Nous nous installons à une table vide. Je me glisse sur la banquette lisse. Mon père ne va pas avec ses amis bleus, il reste avec moi. l ne veut pas me quitter. II ne veut pas me laisser seule. II me fixe sans rien dire. Juste un sourire. Je le regarde aussi mais je ne vois plus son visage. Comme si je I'avais oublié. Je ne vois que l'amour qu'il a pour moi. Puis ses lèvres se mettent à bouger. Elles s'entrouvrent brièvement et s'étirent de chaque côté sur ses joues jusqu à dessiner un nouveau sourire. Il articule mon nom. Il prononce Marie. Au cœur du brouhaha des ouvriers joyeux, mon nom commence par une respiration et se termine par un sourire.

Mon père a mis tout I'amour qu'il a pour moi dans mon nom. Je le sais déjà.
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Ma tête vide de passé, je la comble comme que je peux. En classe, j’ai toujours des difficultés. À la lecture comme à l’écriture. Je confonds les p avec les b, les v avec les f, les d avec les t, les j avec les ch. Je peux lire une chose et son contraire. Je peux dire chaud à la place de froid, hier pour demain, juillet au lieu de janvier. Je n’ai jamais pu obtenir un seul point à la dictée et les livres me font peur tant il me fatigue de les parcourir.
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Ce soir, je ne parle pas. En tout cas, je ne ressens ni la force ni l’envie d’exprimer verbalement mes sensations. Mes sensations sont olfactives. Elles me réchauffent aussi. Elles remplissent la partie creuse de la petite fille que je suis. À moins qu’elles ne se suspendent dans l’air uniquement pour combler un autre vide – une absence.
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