Dans l’Égypte ancienne, après que la crue du Nil eut recouvert d'alluvions les terres fertiles, on confiait à des aveugles le soin de retrouver les limites des champs, car les non-voyants gardent mieux en mémoire la mesure des lieux que ceux qui voient. Diderot soutenait que la géométrie est la "vraie science des aveugles".
Les héroïnes de Sade sont toutes "faites à peindre", mais on chercherait en vain une description précise de leurs appâts sexuels. A peine a-t'il ébauché leurs charmes, esquissé leur grâce, qu'il renonce aussitôt à les décrire.
Dans la lignée des représentations antiques grecques, le nu héroïque valorise la Vertu (courage, tempérance, justice). Il est incarné par le corps masculin: virtus désigne en latin la force virile. Rejetant l'insouciance hédoniste et la peinture aux sujets frivoles, le nu héroïque est chargé de thèmes moralisateurs. Il glorifie les actions nobles, ou fustige celles qui sont ignobles. (...) La représentation du Bien se confond avec la représentation du Beau. L'éthique sert de modèle à l'esthétique.
Au XIXème siècle, l'homme découvre qu'il est rattaché à une lignée animale en perpétuel changement. La notion de corps idéal - qui supposait l'immutabilité du corps - ne survit pas aux théories de l'évolution. Mais surtout, avec Darwin, la beauté devient la clé du mécanisme qui permet à l'espèce de se perpétuer.
Les choses sont représentées comme si l'observateur était infiniment éloigné de l'objet qu'il regarde. Rejeté à cette distance infinie, l'oeil de ce spectateur céleste ne verrait jamais converger des droites parallèles entre elles. Ce point de vue théorique offre pour le géomètre, l'architecte ou l'ingénieur, l'immense avantage de conserver dans l'image la mesure des choses selon des échelles déterminées pour chaque direction de l'espace. (sur la perspective parallèle)
Aucune image ne parvient à épuiser l'idée d'une chose, elle n'est qu'une partie de son scintillement, un fragment, un spectre, comme si le visage d'un homme avait autant de faces qu'il y a de regards différents pour le voir.
Agrandir ou réduire est une transformation géométrique qui conserve les proportions, c'est-à-dire l'équilibre interne des formes, mais elle change les mesures qui sont toutes augmentées ou diminuées dans un même rapport.
Une image est un monde en soi, et ses règles lui sont dictées par sa forme.