Philippe Godet

Je suis Pascale Girod, depuis cinquante et un ans je suis la fille d'un homme qui s'est dissout dans l'espace.

Il faut savoir profiter des petits bonheurs que nous offre la vie. Toute la vie, toutes les vies. Même les vies cabossées.

Il n'avait pas envisagé la possible et même probable chute des cheveux de Natalie. Suis-je capable d'aimer Natalie sans cheveux? Saurai-je encore la désirer? Merde. Encore cette question qui me taraude. Suis-je un salaud de penser cela? Je voudrais savoir répondre à cette question : est-ce que j'aime Natalie pour elle-même, quoiqu'il arrive, ou bien pour la satisfaction qu'elle me donne? En d'autres termes, l'amour est-il un sentiment égoïste?

La main de Natalie est lovée au creux de ma paume. Elle s'est endormie. Je reste là, assis, transi, me nourrissant d'elle. Je n'ai plus le temps de m'ennuyer. Sa paume dans la mienne est ma perfusion.
Natalie.