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Critiques de Pierre Alechinsky (12)
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Le Bureau du titre

C'est un très bel objet que vous tenez en main, composé dans l'esprit du peintre avec des typographies et des mises en page hétéroclites. Vous y admirez surtout les très beaux dessins, les superbes estampes de Pierre Alechinsky.

Si vous entrez dans le Bureau du titre, vous ne savez pas si ou comment vous en sortirez, affublé de quel nom...

Est-ce ainsi que le maître choisit pour ses toiles leur titre en les tirant au hasard de ce fameux bureau ? Il y traine des centaines de titres utilisés et usés et d’autres qui attendent patiemment leur œuvre pour s'y accoler.

Pierre Alechinsky héritier des surréalistes utilise une technique d’apposition proche du cadavre exquis pour nommer ses tableaux. Les mots parfois s’apprivoisent, parfois se cognent entre eux. Bien souvent le lien avec le dessin, la représentation nous échappe ou nous étonne et qui sait amuse le peintre aussi. Nous l’imaginons sous sa barbichette sourire malicieusement.

Mais ces titres ont encore une autre vie, ils d’accolent entre eux dans ce qui n’est ni abécédaire ni répertoire mais bien poème, organisés ni par hasard ni logiquement mais par assommante ou association d’idées, ou tout ce que vous pouvez imaginer qui rassemble ou percute la lecture pour faire ce superbe ouvrage qui vous brûle de le lire.

Je vous le disais ces titres ont leur vie propre dans ce bureau dans lequel vous pénétrez ici!

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Indications de jeu

Vous emparant de cette édition rare et numérotée de Satie (illustrée par Pierre Alechinsky - excusez du peu) des indications de jeu sur des portées, rangées alphabétiquement, vous pourriez vous attendre à une liste quelque peu rébarbative sinon monotone. Non ! Bien au contraire, à cette lecture, vous ne pouvez qu'entendre une musique évocatrice vous souffler sur le visage et vous emporter vers cet improbable non-lieu entre tendre poésie et fou rire.

Tout Satie et Alechinsky quoi !

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L'empereur d'Occident

Dans ce court texte que j’hésite à qualifier de roman ou de poème en prose, Pierre Michon nous régale d’une très belle écriture, peut-être un peu exigeante au début, mais à laquelle on prend vite goût, à tel point qu’on pourrait presque avoir envie de lire certains passages à haute voix .



Le narrateur rencontre un vieux sage qui lui raconte ses souvenirs, il y est question de musique, mais aussi de pouvoir dans le sillage d’Alaric. Les deux hommes se retrouvent également dans la recherche d’un père.



À la fin du livre,on comprend que le narrateur est Aetius, et qu’il repense à ces échanges au moment d’affronter Attila, successeur d’Alaric, aux champs catalauniques, et on découvre aussi qui est le vieux musicien, personnage historique que je ne connaissais pas et qui donne son titre au roman.



Ce livre est une très belle découverte qui me donne envie de lire d’autres ouvrages de Pierre Michon.

Mon seul regret est de l’avoir lu dans l’édition de poche, car j’aurais aimé voir les illustrations de Pierre Alechinsky dans le grand format.
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Les Clepsydres de l'inconnu : Poèmes (Dioscur..

Elytis est le deuxième Grec à avoir obtenu le prix Nobel de littérature en 1979, prenant ainsi la suite d’un autre poète, Georges Séféris. Après avoir découvert ce dernier, j’ai voulu poursuivre avec Elytis. Ces œuvres ne sont pas faciles à trouver, et le seul livre qui était disponible dans la bibliothèque où j’ai tenté de le dénicher, était un très mince volume composé de 7 poèmes traduits par Jacques Lacarrière, appelé Les clepsydres de l’inconnu. C’est relativement peu pour se faire une idée de cette poésie, et mon impression s’appuiera sur un aperçu furtif.



Je suis moins entrée dans ces textes que dans ceux de Georges Séféris. Nous sommes bien en Grèce, sous un soleil éclatant, la mer est presque toujours présente aussi, c’est un univers sensoriel, sensuel. C’est un peu moins limpide pour moi que Séféris, il y a des associations des mots un peu étranges, auxquels j’ai parfois eu du mal à trouver du sens : Elytis est présenté dans ses biographie comme ayant été influencé par le surréalisme, et c’est ce type de choses qui me gêne un peu dans ce dernier, des formules qui cherchent à surprendre, à étonner, au détriment d’une forme d’évidence.



Mais il faudrait que j’en lise un peu plus pour vraiment me faire une idée, là ce n’était qu’une petite mise en bouche.
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L'empereur d'Occident

L'Empereur d'Occident est un court texte d'une grande puissance narrative.

La prose de Pierre Michon est très poétique. On se laisse bercer par le texte tout le long des 80 pages.



Au Vè siècle, Aetius, un soldat romain rencontre un vieux sage. Une discussion s'engage entre les deux hommes mêlant histoire, philosophie et mythologie. Leur échange porte principalement sur Alaric roi des Wisigoth, le premier à faire plier Rome la Conquérante, dont l'homme a longtemps accompagné les pas.

Plus tard, à l'aube de la bataille qu'il s'apprête à mener contre Attila, cet autre Alaric, le narrateur devenu Capitaine Général des armées romaines se souviendra de ces échanges au moment de lancer son cheval au galop.



Le style très recherché peut dérouter ou rebuter certains lecteurs.

Le texte se fait le chantre des arts, de la musique et des plaisirs épicuriens.

L'auteur se moque lui-même des discours alambiqués et ampoulés d'une façon que j'ai trouvée assez ironique.

Pour ma part, j'ai apprécié l'écriture de Pierre Michon, un auteur dont je vais tenter de découvrir d'autres oeuvres.
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James Ensor 1860-1949.

James Ensor (1860-1949), né à Ostende, mort à Ostende ..



James Ensor pas trop mal avec ses sarcasmes et ses masques, sa carte de visite indéniablement. Quand il fait son autoportrait qui est présent ici en converture du livre d'expo, il se voit assez nettement au milieu d'une débauche de masques, univers de sous-sols à la Dostoïevski, du rire sardonique aux larmes facétieuses.



Mais pourquoi donc s'enfermer ainsi dans ce monde effrayant où tout n'est que malice, dérision ? A ne pas s'y tromper ses factures sont des masques humains sur des morts qui ont déjà du vécu si je puis dire, des squelettes, des revenants, et lui Ensor quand il pose au milieu de ceux-là on le reconnait, il est parfaitement identifiable, avec son visage humain qui contraste ! Lui pourtant plutôt bien né dans cette riche ville d' Ostende du 19 e siècle ? Pourquoi cette obsession funeste, lui qui a vécu en chevauchant deux siècles. arrivant dans le second de sa toute puissance créatrice pour y voir les horreurs à grande échelle ? Non même pas, à vrai dire son cheminement est plus personnel, l'enfance est bien présente, la mort, l'illusion .. Une forme sous jacente de mal dans sa peau, le souvenir d'être moqué par ses condisciples sans doute jaloux de son comportement atypique, à lui l'artiste déjà !.. Il déclinera de cet état un anarchisme bien teinté qui sera remarqué dans la société bien pensante d'Ostende où il aura vécu pendant pratiquement toute sa vie. Le rapport du jeune homme James Ensor envers son siècle était dans le même ordre d'esprit que le jeune poète regretté Keats entretenait avec les conservateurs : c'était forcément pas bon, même si c'était génial, mais autant si c'est la postérité qui va plébiciter le poète, c'est le peintre lui-même qui va arriver à s'imposer à ses pairs moyennant une belle opiniâtreté. Je tente la comparaison parce qu'ils étaient tous les deux issus de père anglais. Je dis ça, mais combien d'artistes précurseurs ont souffert de préjugés de la classe dominante conservatrice !..



Je lis dans sa bio qu'il laisse une oeuvre expressionniste originale. Oui je crois que les fondateurs du courant Die Brücke vont percer grâce à des peintres comme Ensor, Munch et Van Gogh. il aura donc été pour quelque chose dans la naissance de l'expressionnisme, ainsi que du surréalisme, et fauvisme avec bien entendu ! C'est fort pour le garçon ! On ne dira jamais assez de la valeur ajoutée de ces peintres géniaux ! On lui doit bien une messe !



Le père de James, anglais ingénieur de formation sombrera dans l'alcoolisme et l'héroïne ! Sa mère, flamande, vend notamment des masques de carnaval dans sa boutique. La vocation de James explosera dans les années 80, la période est sombre mais créatrice. Il se verra refuser des accès aux expos, aux salons, alors que le talent qu'il proposait aux bourgeois de la profession résonnait là comme une expertise ; il nourrira ainsi sa rancoeur par des tableaux rutilants ..



Vraiment il faut voir James Ensor, et plus encore sa palette bien à lui qui crachait le feu entre ses congénères qui n'étaient pas moins, je le rappelle, que les monstres sacrés de Munch et de van Gogh.



J'avais écrit ici un jour qu'un peintre m'avait réconcilié par sa façon avec les masques africains que je déteste, et encore plus mon chien de l'époque, c'est Basquiat. Mais je me dois de corriger mon antienne en disant qu' Ensor n'est pas mal non plus avec ses masques qui sont ici un symbole, une surréalité !..

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L'empereur d'Occident

J'ai découvert Pierre Michon il y a peu et ai lu 3 de ses oeuvres à la suite: "corps du roi", "les Onze" et donc "l'empereur d'Occident".

Pour commencer, je n'ai eu aucune lassitude à les enchaîner tant le style de Michon approche d'une perfection dont je n'avais pas idée et qui épouse à merveille le fond du roman.

Nous ne sommes pas là dans la démonstration ou la recherche technique pompeuse et m'as-tu-vu.

J'ai parfois l'impression que si l'on demandait à Michon pourquoi il écrit, il répondrait simplement "pour écrire".

Cet homme ne cherche pas à plaire, il semble juste vouloir être intelligent de façon intelligible.

"l'Empereur d'Occident" est une sorte de long poème en prose qui évoque le déclin de l'Empire Romain d'Occident, la puissance, l'eau, le rapport filial que Michon aborde toujours dans ses livres, ici par la transposition habile et érudite de la Trinité, etc...

Dit comme ça, comment trouver cela excitant et justifier les 5 étoiles ?

Et bien, parce que les images convoquées sont celles de l'héroïsme et de la nostalgie, de la grandeur déchue, de la fin de la légèreté olympienne au profit du sérieux chrétien, de l'irruption de la mort dans la mythologie: les dieux ont été tués par un dieu qui est lui-même mort.

Il n'y aura donc plus jamais de pères, il y aura la recherche d'un père qui ne sera plus jamais là.

Il faudra donc perdre de soi pour rester soi.

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Roue libre

Les éditions Gallimard rééditent un livre mythique, publié en 1971 chez Skira : Roue libre de P. Alechinsky. Si le format est identique à celui de l’original, les illustrations sont aujourd’hui en noir et blanc, ce qui est dommage. Mais l’ouvrage reste passionnant et permettra à de nouveaux lecteurs de découvrir un monde trop peu exploré : celui des ouvrages d’art littéraires ou plutôt des livres « objets ». Imaginés à la suite des expériences surréalistes, ces livres furent très en vogue dans les années 1950 et 1960 et notamment auprès des membres du groupe CoBrA, dont fit partie Alechinsky. Roue libre paye précisément son tribut au surréalisme : dans ce vagabondage circulaire, le narrateur-peintre chemine dans Paris à la recherche de son père spirituel, André Breton. Des poèmes, des dessins, des masques, des photographies, des sculptures, des montages, des gribouillages, des extraits de lettres de nombreux artistes et écrivains (Dotremont, Giacometti, Appel, Jorn, Arman, Atlan, Michaux, Walasse Ting, Man Ray...) composent un ensemble hétéroclite et concentrique. Il s’agit de se rapprocher au plus près du mystère de l’inspiration et de la création. Ce voyage initiatique s’épanouit dans une sorte de monde onirique d’images et de textes fragmentés, qui engendrent eux-mêmes dessins et bribes d’écriture spontanée. L’ensemble est un hommage à Nadja d’André Breton, mais un hommage dynamique et réflexif, qui n’est pas sans rappeler les anti-livres de Michel Butor. Toutes ces œuvres collaboratives et artistiques sont aussi des remises en cause de la forme classique du livre occidental. À l’heure d’Internet, rien de plus moderne !



Par Christine Gouzi, critique parue dans L'Objet d'Art 538, octobre 2017
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L'empereur d'Occident

L'empereur d'occident est comme un long poème nimbé d'une sensualité débordante. Il évoque l'empire romain, son déclin, Alaric et les Goths, la prise de Rome, la vie des guerriers romains et barbares, la nature puissante.

L'écriture de Pierre Michon est magnifique mais pas toujours facile, ce livre n'a que 75 pages mais elles se dégustent comme un très viel alcool qu'on ne boit pas d'une seule gorgée.

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L'empereur d'Occident

Pierre Michon est un auteur du vocabulaire. Il aime donner vie à des mots peu usités, donnant à ces récits l’envie de les prononcer, de les parler à haute voix, donnant envie de les entendre, à la manière des recueils de poème. La musicalité de sa prose donne aussi de la matière aux paysages et aux situations décrites.

"L’Empereur d’Occident" en est un bon exemple, où l’on assiste à la rencontre d’un militaire des armées de Rome envoyé sur les côtes siciliennes pour des opérations de police avec un vieil homme vivant dans une villa isolée sur le bord de mer, face au Stromboli. Les récits du vieux sage nous font revivre l’épopée d’Alaric, celui qui fit plier la ville de Rome, celui qui alluma pour la première fois la lumière du déclin.

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L'empereur d'Occident

Je poursuis ma découverte émerveillée de Pierre Michon par ce long poème qui célèbre la musique, la poésie, les femmes, la Méditerranée, le vin et toutes formes de plaisir. C'est le récit d'un fils qui cherche son père, ses pères, ou son Père. Et cette quête passe par le Verbe - ou plutôt la poésie, car religion et mythe se mêlent, Homère étant le Père des poètes comme Dieu est le Père du Christ, l’Iliade et l'Odyssée étant le verbe de la poésie. Si ce rapprochement mythologie et religion - avec les controverses théologiques sur la nature du Christ - semble tout d'abord étrange, il est progressivement justifié et éclairé dans l'ensemble du texte, toujours écrit avec la langue magnifique de Pierre Michon.
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L'empereur d'Occident

Texte assez petit qui narre la rencontre et le dialogue entre un décurion et un vieil homme ancien allié de l'empereur Alaric. Le style est toujours génial, parfois ampoulé mais il demeure une référence de la langue française parmi nos auteurs vivants. De la poésie en prose est l'expression qui décrirait le mieux la joliesse du style de Pierre Michon. Et l'on est transporté par la musique des mots, par l'harmonie des phrases, par la fluidité du récit. Quand on lit un livre de Pierre Michon on sait d'avance que l'expérience stylistique sera extraordinaire. Mais comme dans [b]Rimbaud le fils[/b] je ne fus pas intéressé par le sujet. je n'en ai ressenti aucune déception ni aucune amertume car si un jour le sujet d'un livre de Pierre Michon s'associe à son style et que j'en fais l'expérience je toucherais alors la perfection et ce serait peut être la fin de ma vie de lecteur. heureusement Je n'en suis pas là et je peux continuer à lire et me satisfaire que tout ne soit pas parfait chez Pierre Michon. La beauté de son texte est déjà un plaisir immodéré.
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