Ce petit livre presque sociologique m’a été offert par les Masses critiques Babelio et les Presses Universitaires de France, que j'en profite pour remercier. Je l’ai choisi parce que j’aime beaucoup cette ambiance authentique des vrais bistrots que j’ai connue étant petite : Mes grands-parents ont eux-mêmes suivi le parcours classique de ces Auvergnats montés à Paris, qui ont fait commerce du charbon et tenaient l’un de ces fameux bistrots parisiens.
« L’Auvergnat est un magicien qui, ayant peut-être habité un jour cette région imaginaire nommée Auvergne, a la faculté rare de transformer en or le Plomb du Cantal par les vertus du zinc parisien ».
Comme l’indique le titre de son livre, Pierre Boisard tente ici de définir, de décrire et de nous faire vivre avec lui la vie de bistrot dans tous les sens du terme - le mot « bistrot » désignant à la fois l’établissement et le tenancier - car les deux sont étroitement liés : On retrouve donc tout d’abord l’ambiance de ces établissements, très bien retranscrite à travers l’exemple principal du bistrot « Le Martignac » où l’auteur trouve refuge ; Puis nous tentons avec l’auteur de mieux comprendre l'origine de cette ambiance inimitable et ses particularités, en plongeant dans la vie du tenancier qui l’anime – au sens de donner son âme à.
Qu’est-ce que « la vie de bistrot » ? Loin du chic artificiel des brasseries qui se donnent de faux airs d’authenticité, le « vrai » bistrot possède une signature populaire et conviviale unique, que l’on distingue instinctivement des divers pubs, brasseries et autres bars et cafés à la mode. Lieu de vie, de rencontre, d’attente ou de restauration, il englobe et transcende ces définitions pour fournir ce petit plus inimitable et introuvable ailleurs : C’est pourquoi il résiste encore et toujours aux envahisseurs que sont les télévisions, le cinéma, l’internet, mais également l’interdiction d’y fumer ou encore les 35 heures, qui pourtant avaient annoncé sa fin.
« Lieu de passage où l’on papote en mangeant un morceau ou en buvant un verre, lieu d’échange où l’on discute de sport, de politique et de soi-même entre amis ou avec de parfaits inconnus, lieu de rencontre où s’ébauchent relations amoureuses et projets de tous ordres, havre de tranquillité, sas de décompression entre vie professionnelle et foyer : le bistrot est tout cela à la fois. Et parce qu’il y règne un état d’esprit entretenu au quotidien par le patron ou la patronne, il nous transforme en citoyen de comptoir accrochant au perroquet son statut social avec sa veste. »
Il permet à tous et à chacun de se rencontrer ou de rester seul mais dans un endroit plein de vie. Pour cela, il a attiré moult écrivains depuis toujours : Par exemple Hemingway les fréquentait beaucoup, comme on prend plaisir à le lire dans son « Paris est une fête », ou même dans la très belle biographie romancée intitulée « Madame Hemingway », de Paula McLain. Le bistrot est aussi utilisé dans les romans, parfois presque comme « personnage » à part entière et est parfois décrié, comme dans « L’Assommoir », d’Emile Zola. Mais, accusé d’être le poison du peuple, il est, en y regardant de plus près, celui qui le sauve de beaucoup de maux : Vous pourrez découvrir pourquoi et comment en lisant ce bel hommage à la profession. Vous y découvrirez aussi sa naissance, y retrouverez peut-être des sensations, et aurez certainement envie de vous y (re)plonger !
Huysmans écrivait avec beaucoup de justesse que « Certains breuvages présentent cette particularité qu’ils perdent leur saveur, leur goût, leur raison d’être, quand on les boit autre part que dans les cafés ». Il s’accorderait certainement à dire, avec Pierre Boisard, que « Ce n’est pas seulement pour un café ou un pastis qu’on s’arrête, c’est parce qu’on attend un supplément de vie. »
Passionnant, foisonnant, le bistrot est un formidable lieu de vie qui n’attend plus que vous !
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