« Homo biologicus : Comment la biologie explique la nature humaine », voilà un titre qui annonce un contenu extraordinaire. Quelle déception !
Ce livre regorge d'affirmations péremptoires pourtant hautement discutables. Mais comment discuter et apporter la contradiction à un livre… il en ressort un sentiment de frustration.
La première partie de l'ouvrage est plus philosophique que scientifique (même si je ne considère pas que les deux soient opposables) et est une attaque double contre les spiritualistes (ceux qui croient à un esprit immatériel) et aux spécialistes des sciences humaines, contre lesquels Piazza s'acharnera de manière injustifiée tout au long de l'ouvrage en leur faisant sans cesse des procès d'intention (visiblement, nous ne fréquentons pas les mêmes spécialistes en sciences humaines). On finit par se demander s'il ne s'agit pas d'attaques personnelles contre certaines de ses connaissances. C'est un aspect très dérangeant de ce livre.
En matière philosophique, les arguments sont douteux : chercher à utiliser des arguments matérialistes pour montrer l'inexistence d'un esprit matériel manque singulièrement d'adresse.
La seconde partie aborde la génétique au sens large et la neurologie moléculaire. On ne comprend pas à qui s'adresse ce livre : est-ce aux biologistes initiés qui connaissent déjà tout son contenu (une bonne partie du livre aborde des notions connues des lycéens scientifiques) ou est-ce un livre pour le grand public qui sera assez rapidement perdu par des explications complexes. Malheureusement Piazza semble avoir tous les défauts des enseignants universitaires : une forme d'arrogance dans ses formulations et un manque de pédagogie dans les propos malgré des tentatives maladroites (les métaphores musicales pour expliquer l'épigénétique ne sont pas réussies).
Piazza a tendance à caricaturer, généraliser, voire déformer le point de vue adverse pour mieux pouvoir le discréditer. Il s'agit soit d'un manque de recul, soit de malhonnêteté intellectuelle. Halte aux stéréotypes !
Le livre suinte d'une vision manichéenne entre les conservateurs, croyants d'un côté et les progressistes, athées, matérialistes voire obèses… pour finalement déclarer que la majorité silencieuse est entre les deux.
Cet auteur résume le sens de la vie à la production d'entropie (créer du désordre extérieur en créant de l'ordre à l'intérieur de nous). Il pense que cette vision énergétique de la vie est de nature à rivaliser avec la vision spirituelle du monde. le but de la vie ? Créer du bordel… que c'est enthousiasmant !
L'ouvrage se termine en catastrophe sur une troisième partie concernant la toxicomanie, un partie totalement hors-sujet à mon avis. C'est un sujet qui ne m'intéresse pas (dans tous les sens du terme) et sur lequel je me suis longuement ennuyé.
Pourquoi avoir mis la moyenne (2,5 étoiles) à ce livre malgré cette critique assassine ? Parce que je me suis parfois dit à la lecture « je n'avais jamais vu les choses sous cet angle » ou encore « là-dessus, je suis complètement d'accord ». J'ai aussi une certaine solidarité avec ce genre d'auteur de par la culture biologique commune que nous avons et cette conviction que nos comportements peuvent s'expliquer par notre biologie et par le contexte évolutionniste de l'apparition de notre espèce. Cette conviction que l'explication biologique de nos comportements et de nos différences nous rendra plus tolérant.
Toutefois, bien que je sois d'accord avec sa conclusion, ce livre m'est apparu très inégal et je reste déçu de la façon dont il a traité (et peu traité d'ailleurs) le sujet.
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